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La STM répond à plus de cas de surdose dans les stations de métro

Une seringue usagée et un flacon débouché sur lequel est apposée une ordonnance de naloxone gisent sur le pavé.

La naloxone sert à contrecarrer les effets d'une surdose d'opioïdes.

Photo : Radio-Canada / Christian Molgat

Radio-Canada

Cette année, les agents de la Société de transport de Montréal (STM) ont déjà administré de la naloxone pour contrer des surdoses à 15 reprises, un rythme cinq fois plus élevé qu'en 2022.

En comparaison, ce médicament qui aide à contrecarrer les effets d'une surdose d'opioïdes a été administré 10 fois du 1er mars au 31 décembre 2022, année où les agents de la STM ont commencé à transporter de la naloxone sur eux.

Ce n'est pas une surprise : c'est terriblement flagrant à l'intérieur de notre réseau, a déclaré William Barrow, constable spécial de la STM, à propos de la consommation de drogue dans le métro.

Les ambulanciers paramédicaux d'Urgences-santé ont également administré de la naloxone dans et à proximité des stations de métro à 12 reprises en 2020, 54 fois en 2021 et 31 fois l'an dernier.

Devant la station de métro Lionel-Groulx, dans l'arrondissement du Sud-Ouest, Osyris Jackson débite avec un sentiment de résignation la liste de personnes qu'il connaît dans la ville et qui sont mortes de surdose.

« J'ai vu des gens mourir tellement de fois! Cela ne m'affecte plus. »

— Une citation de  Osyris Jackson

Mais quand tu dors, ça te revient dans la tête, ajoute-t-il.

Alors qu'il essaie de faire attention à ce qu'il achète, M. Jackson confirme ce que de nombreuses organisations de réduction des méfaits soulignent depuis plusieurs mois : la montée en puissance du fentanyl dans le marché des drogues, un stupéfiant aussi puissant qu’imprévisible.

Maintenant, c'est ingérable

L’autre changement qu’a constaté Osyris Jackson, c'est qu'il y a davantage de personnes qui consomment de la drogue dans certaines stations de métro. Cela n'arrivait jamais quand j’étais jeune, a-t-il dit. Maintenant, c'est ingérable.

La STM a reçu 983 plaintes en matière de sécurité en 2022, contre 662 en 2020, y compris des plaintes pour tabagisme, pour consommation d'alcool ou pour consommation de drogue dans le métro. L'agence de transport n'a toutefois pas été en mesure de fournir une ventilation pour chaque type de plainte.

Des agents du Service de police de la Ville de Montréal interviennent auprès d'un itinérant à la station de métro Berri-UQAM.

Des policiers et des agents de la STM sont appelés à intervenir régulièrement autour et à proximité des stations de métro.

Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Taliana

La société de transport affirme que cette augmentation s'explique en grande partie par le fait que l'achalandage du métro a rebondi à 69 % des niveaux d'avant la pandémie par rapport à la forte baisse du début de la pandémie.

Cependant, dans un courriel daté de février, le porte-parole de la STM, Philippe Déry, avait déclaré à CBC que le métro, en tant que ville dans la ville, est aux prises avec de nombreux problèmes sociaux qui ont été exacerbés par la pandémie, notamment l'itinérance, la toxicomanie et la santé mentale.

Jean-François Mary, directeur général de Cactus Montréal, un organisme de réduction des méfaits qui gère un site d'injection supervisée sur la rue Du Berger, ne s'étonne pas que la STM constate plus de surdoses dans le métro.

« Même moi, en tant que DG, au cours des trois dernières années, j'ai réanimé environ 20 personnes… dans la rue. »

— Une citation de  Jean-François Mary, directeur général de Cactus Montréal

Si plus de gens utilisent les stations de métro, dit-il, c'est parce qu'ils se sentent plus en sécurité en utilisant un endroit où quelqu'un pourrait les trouver.

Ils nous disent qu'ils ont peur de consommer seuls dans une ruelle sombre parce qu'ils savent que s'ils perdent conscience, ils mourront, a-t-il déclaré.

Toutefois, cette présence accrue n’est pas du goût de tous les usagers. Alors que certains évitent de prendre le métro tard le soir et demandent une présence plus visible des agents de la STM, d'autres ont un point de vue différent. La surveillance accrue dans le métro pourrait finir par marginaliser davantage une population vulnérable, selon Annie Savage, directrice du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal.

Mme Savage affirme que c'est une bonne chose si la STM veut orienter les personnes toxicomanes vers des ressources, mais ces ressources doivent être disponibles en nombre suffisant. C'est ce qui manque cruellement en ce moment, souligne-t-elle.

Plaidoyer pour un site d'injection à l'ouest

Bien qu'il y ait quatre sites d'injection supervisée à Montréal, il n'y a aucun site permanent à l'ouest du centre-ville. Les usagers de drogues doivent consommer rapidement pour se sentir bien. Ils ne se déplaceront pas dans la moitié de la ville pour utiliser un site de consommation sûr, ajoute le DG de Cactus.

De son côté, Osyris Jackson, qui se retrouve souvent à dormir sous un viaduc dans l'arrondissement du Sud-Ouest, pointe la rue qui rejoint la station de métro Lionel-Groulx.

Si vous vous souciez vraiment des toxicomanes et des toxicomanes sans-abri, ouvrez un petit site d’injection supervisée ici. Ouvrez même les bâtiments abandonnés là-bas, installez une infirmière là-dedans… et laissez les gens se défoncer, a-t-il dit.

Au moins, ils ne tomberont pas raide morts devant les passants.

D'après un texte d'Ainslie MacLellan, CBC News

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