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50 ans après sa mort, Picasso se conjugue à toutes les sauces

Portrait de l'homme alors âgé de 89 ans.

Pablo Picasso dans une photo de 1971

Photo : AFP/Getty Images / Ralph Gatti

Agence France-Presse

Génie ou monstre? Dans tous les cas, inépuisable sujet de fascination. À l'occasion des 50 ans de sa mort, Pablo Picasso (1881-1973) est célébré partout dans le monde à travers une quarantaine d'expositions promettant d'explorer toutes ses facettes.

Picasso mange tout et apparemment on a encore faim, s'amuse Olivier Widmaier-Picasso, son petit-fils, interrogé par l'AFP. Il se dit fasciné par le nombre de conservateurs de musée, d'historiens et de chercheurs qui continuent de trouver des angles d'étude.

Les céramiques de Picasso, Picasso et le féminisme, le blanc chez Picasso, Picasso sous l'œil de célèbres photographes, le jeune Picasso à Paris, Picasso sculpteur... Le monument est conjugué à toutes les sauces dans le cadre de son année, fêtée en France et en Espagne.

Il reste au-dessus de tous, estime Bernard Blistène, président honoraire du Centre Pompidou à Paris, louant, à l'instar d'autres spécialistes unanimes, le génie du père de Guernica et des Demoiselles d'Avignon.

La puissance dévastatrice de l'œuvre de Picasso au regard de celle des autres, l'invention permanente, la traversée de tous les grands courants de la modernité, l'expérimentation pendant plus de 80 ans (Picasso a peint jusqu'à sa mort à 91 ans, ndlr), la volonté de plaire et de déplaire... Tout cela est inégalé, ajoute-t-il à l'intention de l'AFP.

Et après des centaines d'expositions lui étant consacrées, il reste une ressource muséale inépuisable, renchérit Emmanuel Guigon, directeur du musée Picasso de Barcelone.

Un héritage entaché par un passé violent et misogyne

Avec le mouvement #MeToo, l'image de ce monument de la peinture a toutefois été écornée par des accusations de misogynie et de violences envers ses anciennes compagnes.

Ancienne conservatrice du musée Picasso, Émilie Bouvard espère que cet anniversaire marquera le début d'un processus salutaire sur la manière dont on aborde cet artiste populaire, qui a incarné un engagement dont on continue de parler et s'est présenté comme un homme proche de tout le monde et qui l'était.

#MeToo est un coup de pied dans la fourmilière qui a du bon, estime-t-elle.

Il faut cesser de parler des femmes qui ont traversé sa vie comme de muses. Certaines se sont suicidées, d'autres ont sombré dans la folie. La seule qui s'en est sortie, c'est Françoise Gilot, seule aussi à l'avoir quitté, ajoute-t-elle.

Peintre aujourd'hui installée aux États-Unis, elle a décrit Picasso comme un être tyrannique, superstitieux et égoïste, dans un livre à succès, Vivre avec Picasso, publié en 1964.

Au-delà de son machisme, Picasso est quelqu'un qui s'appropriait les choses, les êtres, les possédait avec des sentiments paroxystiques de souffrance, de douleur. Il s'est intéressé aux questions archaïques du moi et à la violence afférente avec un certain courage, mais il en faisait baver à son entourage. Aborder cette question, c'est parler autrement mais avec justesse de Picasso, poursuit Mme Bouvard.

Des expositions aux lectures féministes

Violence et sexualité dans l'art sont des thèmes abordés lors d'un cycle de conférences à Paris, tandis qu'une exposition sur Picasso et le féminisme débutera en juin au Brooklyn Museum de New York, avec comme commissaire d'exposition la comédienne Hannah Gadsby, particulièrement virulente contre Picasso dans un spectacle à succès sur Netflix.

Moins polémique et plus festif, à Paris, le musée qui porte son nom a été métamorphosé par le styliste britannique Paul Smith.

Un pari pour la directrice du musée, Cécile Debray, dont l'institution pilote les commémorations en France et qui n'a pas vocation à être un mausolée.

Au contraire, l'objectif est de s'ouvrir aux débats et à la réflexion sur Picasso afin de relire l'œuvre et d'en montrer la vitalité, souligne-t-elle.

Outre les expositions, de nombreuses conférences sont prévues cette année, ainsi que l'inauguration à l'automne à Paris d'un centre de recherche, à deux pas du musée Picasso, et un symposium international au même moment à l'UNESCO.

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