Report de la réforme de l’assurance-emploi : déception dans la Péninsule acadienne

Des travailleurs dans une usine de transformation de produits de la mer.
Photo : Radio-Canada
Deux groupes de pression de la Péninsule acadienne qui militent depuis des années pour une réforme de l’assurance-emploi plus équitable pour les travailleurs saisonniers sont déçus que le gouvernement libéral ait écarté la réforme de l'assurance-emploi du budget fédéral cette semaine.
Le comité Aide et soutien aux travailleuses et aux travailleurs des secteurs saisonniers
et le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi affirment constater que le gouvernement libéral a oublié les gens qui se retrouvent sans emploi dans son récent budget.
Le budget de 2023 est loin de s’attaquer aux problèmes auxquels font face des milliers de chômeuses et de chômeurs partout au pays. Alors que le gouvernement de Justin Trudeau nous a promis un régime d’assurance-emploi plus inclusif d’ici l’été 2022, force est de constater qu’en 2023, les Canadiens devront encore attendre d’être bien protégés par un système d’assurance-emploi digne du 21e siècle
, répondent ces groupes par voie de communiqué.
Les revendications des groupes de défense des sans-emploi sont l’élimination du taux de chômage régional comme critère d’admissibilité à l’assurance-emploi, un taux de prestations d’au moins 70 % basé sur les 12 semaines de travail le mieux rémunérées au cours de la période de référence, le droit à un minimum de 35 semaines de prestations et un système d’assurance-emploi non discriminatoire envers les femmes.
À lire et à écouter :
Craintes du gouvernement Trudeau
Le gouvernement Trudeau craint qu'une refonte du programme dans un contexte de ralentissement économique ne fasse augmenter les cotisations des travailleurs et des employeurs.
Ce sont là les explications d'une porte-parole de la ministre de l'Emploi, Carla Qualtrough, qui a déclaré que le gouvernement fédéral reste déterminé à moderniser le système d'assurance-emploi
.
Cependant, le contexte économique actuel et à court terme n'est pas favorable aux mesures qui pourraient exercer une pression sur les cotisations à l'assurance-emploi. Nous avons dû veiller à ne prendre aucune décision qui aurait pu empêcher les travailleurs et les employeurs de joindre les deux bouts
, a mentionné le porte-parole dans un courriel.
Statu quo lamentable
Avec ce dernier retard, les syndicats et les experts s'impatientent.
Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNCde mettre ses sièges en jeu
par l'entremise de l'entente de soutien et de confiance
entre les deux partis.
La déception est totale, car le gouvernement trahit son engagement. Le statu quo décidé par ce gouvernement est lamentable
, a réagi le porte-parole du CNC , Pierre Céré, dans un communiqué.
Il existe une longue liste de plaintes concernant la structure actuelle du programme, ses conditions d'admissibilité, son financement et sa technologie administrative. La principale préoccupation des travailleurs reste toutefois qu'ils peuvent trop peu souvent toucher des prestations.
En 2021, les libéraux avaient fait campagne en promettant de moderniser l'assurance-emploi et s'étaient engagés à étendre le programme pour couvrir les travailleurs indépendants et à combler les lacunes mises en évidence par la pandémie de COVID-19.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a cité deux changements à l'assurance-emploi annoncés dans le budget, y compris une mesure qui propose de prolonger un changement temporaire à l'assurance-emploi introduit en 2018, qui a augmenté le nombre de semaines de couverture disponibles pour les travailleurs saisonniers.
Mesures provisoires réclamées
Un membre de la Commission canadienne de l'assurance-emploi, qui comprend des représentants de syndicats et de entreprises et qui aide à superviser et à réviser le système d'assurance-emploi, s'est ajouté aux critiques.
Son commissaire représentant les travailleurs et travailleuses, Pierre Laliberté, s'est dit très déçu
de voir la réforme de l'assurance-emploi exclue du budget.
Le gouvernement fédéral aurait à tout le moins pu inclure des mesures provisoires pour corriger les principales lacunes et pour élargir l'accès, a-t-il fait valoir.
Il est vraiment très bizarre que le gouvernement n'ait pas jugé bon d'au moins boucher quelques trous ici et là.
Pendant la pandémie, le gouvernement avait élargi l'accès au système d'assurance-emploi au moyen de mesures temporaires. Ces mesures sont arrivées à échéance en septembre malgré la forte opposition des groupes syndicaux et du NPD
.En vertu de ces mesures temporaires à l'échelle nationale, les travailleurs étaient admissibles à l'assurance-emploi s'ils avaient accumulé 420 heures d'emploi assurables, alors que les travailleurs auraient normalement besoin de 420 à 700 heures selon le taux de chômage régional. De plus, les sommes versées lors de la cessation d'emploi d'un travailleur, telles que les indemnités de départ, n'étaient pas déduites des prestations.
Le manque de clarté quant à l'avenir de la réforme de l'assurance-emploi survient alors que de nombreux économistes prévoient que l'économie canadienne entrera dans une légère récession cette année, ce qui devrait s'accompagner de pertes d'emplois.
La présidente du Congrès du travail du Canada, Bea Bruske, a déclaré que la mise en œuvre de la réforme de l'assurance-emploi aiderait l'économie à résister à la récession
en garantissant que le filet de sécurité sociale puisse soutenir les travailleurs qui risquent d'être licenciés.
Avec des informations de La Presse canadienne