La revitalisation des langues autochtones au centre d’une rencontre d’échanges à Edmonton

Les échanges, qui ont été organisés à l'initiative de l'Université de l'Alberta, ont porté sur l'importance de revitalisation de la langue crie.
Photo : Radio-Canada / Bassirou BA
En cette Journée nationale des langues autochtones, l’Université de l’Alberta a organisé une rencontre entre aînés et jeunes autochtones sur l’importance de la revitalisation de leurs langues.
Rectificatif :
Une version précédente de ce texte laissait entendre que la rencontre ne portait que sur la revitalisation de la langue crie. Or, l'événement portait sur la revitalisation de l'ensemble des langues autochtones et une partie a été consacrée à la langue crie. Nous avons modifié le texte en conséquence.
L’événement organisé à Edmonton a été marqué notamment par des présentations, des ateliers et une cérémonie du calumet.
C'est une journée pour célébrer la façon dont nous pouvons avancer ensemble
, souligne Florence Glanfield, professeure à la Faculté de l’Éducation et directrice adjointe du programme de recherche autochtone à l'Université de l'Alberta.
Une histoire mouvementée
Pour l’aîné Elmer Ghostkeeper de la communauté métisse de Paddle Prairie, dans le nord de la province, cet événement est important, car beaucoup de langues autochtones ont disparu à cause de la répression, de l'histoire du Canada, de l'histoire de la colonisation, des pensionnats
.
Cette histoire coloniale, rappelle-t-il, n’avait qu’un objectif : assimiler les peuples autochtones, en les dépossédant notamment de leur langue maternelle, de leur spiritualité, et en les déracinant de leurs terres ancestrales. L’anglais a été imposé au point que beaucoup de parents ne permettraient pas à leurs enfants de s’exprimer dans une langue autochtone, souligne-t-il.
« Beaucoup d'Autochtones étaient gênés de parler leur langue, car on leur a fait croire qu'elle était primitive et qu'eux-mêmes étaient inhumains. Maintenant qu'ils commencent à apprendre et se servir de leur langue [...] ils voient le monde sous un autre angle. »
Elmer Ghostkeeper soutient que l’école ou l’université ne sont pas les meilleurs endroits pour apprendre les langues autochtones : [Le mieux] c'est de vivre avec la terre, car nos langues viennent de la terre, pas d'un dictionnaire.
Il souligne qu'en milieu autochtone, les noms des animaux viennent généralement des animaux eux-mêmes : à partir du son de leur cri, on leur attribue un nom.
Infirmière originaire de la Saskatchewan et résidant en Colombie-Britannique, Maggi Biagioni dit qu'apprendre la langue crie est un défi qu’elle est sur le point de relever. Alors que sa grand-mère ne s’était pas donné trop de peine à lui apprendre la langue, elle a profité de son congé de maternité pour tenter d'apprendre le cri.
« J’ai trouvé un groupe d’apprentissage en ligne qui a pu m’aider à parler ma langue. »
Elle veut transmettre ce qu’elle a appris. « Je sais à quel point cela a été important pour moi. Je veux encourager les apprenants en leur disant : quel que soit votre âge ou votre niveau, persévérez!
Maggi Biagioni est aussi fière, car ses enfants comprennent le cri et l'apprennent plus vite qu’elle : c'est beau à regarder
.
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Optimisme malgré tout
Étudiant à l’Université de Winnipeg, Cameron Adams apprend la langue crie depuis plus de 6 ans. Il souligne l'importance d'apprendre les langues autochtones pour qu'elles puissent être transmises aux prochaines générations : C'est important de pratiquer nos langues, car des systèmes les ont combattues, comme les pensionnats pour Autochtones et les autres systèmes.
Comme Maggi Biagioni, Levi Wolfe, de la Nation crie d’Onion Lake, est optimiste. Selon lui, le fait que les communautés autochtones retrouvent ce dont elles avaient été dépossédées permet aux générations actuelles de se réapproprier leur héritage et de le transmettre à leur tour : Cela devient un devoir.
« J’ai visité la Chambre des communes, où je n’ai entendu parler que le français et l'anglais. Je me suis dit qu’un jour on y entendra les [langues] mohawk [et] anichinabée… »
Malgré tout, la survie des langues autochtones reste un sujet de préoccupation. Par exemple, la langue pied-noir est gravement menacée, selon l’UNESCO
. La communauté Siksika comptait environ 8000 membres enregistrés en 2021, mais seulement 7 % d'entre eux parlaient couramment leur langue maternelle.