Un coup de barre s’impose pour assurer l’avenir du filet social des États-Unis
Si rien ne change, le programme Medicare ne pourra payer que 89 % des prestations dues en 2031.

L'avenir des programmes américains d'aide sociale et d'assurance maladie sera compromis dans une décennie si rien n'est fait maintenant pour assurer leur financement à long terme, préviennent les administrateurs.
Photo : AP / Jenny Kane
L'aide sociale et Medicare, deux programmes sociaux sur lesquels comptent des millions d’Américains, pourraient se retrouver en rupture de paiement d’ici une décennie, selon le rapport annuel des administrateurs de la sécurité sociale et de l'assurance maladie publié vendredi.
Selon les prévisions actuarielles présentées, l’assurance maladie, connue aux États-Unis sous le nom de Medicare et qui couvre plus de 65 millions de personnes âgées et handicapées, ne sera plus en mesure de payer les visites à l’hôpital et les séjours en maison de retraite de tous ces gens d’ici 2031.
Si rien n’est fait, Medicare ne pourra, en 2031, payer que 89 % des prestations dues.
En 2033, ce sera au tour du programme d’aide sociale de ne plus être en mesure de verser la totalité des prestations aux 66 millions de retraités qui en bénéficient aujourd’hui dans le pays. Selon les prévisions, seuls 77 % des bénéficiaires seront payés en 2033.
Le document présenté par les administrateurs de ces deux régimes presse le gouvernement de donner un coup de barre pour assurer la pérennité de ces filets sociaux dont les coûts ne cessent d’augmenter, car de plus en plus d’Américains vieillissants y deviennent admissibles.
Les administrateurs recommandent encore une fois au Congrès de s'attaquer aux déficits prévus du fonds fiduciaire afin d'introduire progressivement les changements nécessaires [à son financement]
, a déclaré Kilolo Kijakazi, commissaire intérimaire de la sécurité sociale.
Selon des prévisions antérieures, Medicare aurait dû tomber en rupture de paiement à compter de 2028. Mais selon les nouvelles projections présentées vendredi par ses administrateurs, le programme pourrait continuer de verser des indemnités trois ans de plus.
En revanche, la date à laquelle le programme d’aide sociale doit tomber à sec a, elle, été devancée d’un an.
« Si les législateurs ne font rien, dans moins de 10 ans, plus de 70 millions de bénéficiaires feront face à une réduction moyenne de 23 % de leurs prestations. »
Le fonds d'invalidité de la sécurité sociale, pour sa part, se porte mieux. Il ne devrait pas être épuisé au cours des 75 prochaines années, prévoient les actuaires.
L’avenir de Medicare et de l’aide sociale est devenu un enjeu politique incontournable aux États-Unis, surtout à l’heure où le président démocrate Joe Biden s’apprête à faire campagne en vue d’une réélection en 2024.
Mettre les plus riches à contribution
Joe Biden s’est d’ailleurs déjà engagé à repousser toutes les tentatives des républicains pour réduire le financement ou les prestations de Medicare afin d'équilibrer les finances publiques.
Au lieu de cela, le président propose d'augmenter les impôts des Américains qui gagnent plus de 400 000 $ par an afin de consolider le financement de ces importants filets sociaux.
Les dirigeants républicains, quant à eux, affirment qu'ils n'ont pas non plus l'intention de supprimer les prestations, mais ils ne se sont pas encore ralliés à un plan visant à maintenir la solvabilité des programmes.
L'année dernière, cependant, des membres de la commission d'étude républicaine de la Chambre des représentants ont proposé de relever l'âge auquel une personne peut réclamer de l'aide sociale et de l'assurance maladie.
« Plus tôt nous agirons, plus il sera facile d'assurer l'avenir de l'aide sociale. »
Les législateurs ne doivent rien négliger, et la bonne nouvelle, c'est qu'il existe un grand nombre d'options raisonnables, tant du côté des recettes que de celui des dépenses, pour mettre en œuvre des réformes équitables, progressives et pleines de bon sens
, estime M. Peterson.
Pendant des années, les politiciens américains ont reporté à la génération suivante les questions sur le financement de la sécurité sociale et de Medicare. La dernière réforme des prestations de sécurité sociale remonte à une quarantaine d’années.
L'avenir des fonds devrait être une priorité absolue pour les dirigeants du Congrès, estime Jo Ann Jenkins, de l’AARP . Les deux programmes font face à des besoins de financement à long terme et le Congrès doit agir afin de garantir que la sécurité sociale et l'assurance maladie seront là pour la prochaine génération.