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Neptune se finance avec l’argent des syndiqués, dénoncent les Métallos

Plusieurs portent l'uniforme de la firme de sécurité Neptune en Mauricie.

Plusieurs portent l'uniforme de la firme de sécurité Neptune en Mauricie. L'entreprise a des contrats publics dans la région.

Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme

« Ce qui me frustre le plus, c'est qu’il se finance avec l'argent de ses travailleurs! » lance en entrevue Dominic Lemieux, directeur québécois du Syndicat des Métallos, qui réclame 1,4 million de dollars à l’agence de sécurité Neptune.

Neptune et des sociétés à numéro affiliées auraient prélevé des cotisations syndicales et des primes d’assurances collectives sans les remettre au syndicat comme prévu.

C'est un stratagème pour arriver à miser sur des contrats comme plus bas soumissionnaire, estime M. Lemieux. Ça donne un avantage à Neptune.

Pour se faire payer, le syndicat a intenté une poursuite devant le Tribunal administratif du travail et déposé de nombreux griefs qui devront être tranchés par un arbitre.

La somme de 1,4 million n’est d’ailleurs qu’une estimation, soutient le syndicat, puisque depuis août 2021, Neptune ne dévoile plus combien d’agents de sécurité travaillent pour elle ni le nombre d’heures qu'ils effectuent. Le syndicat pourrait donc réclamer une somme encore plus importante.

L'émission Enquête a révélé que le grand patron de l’agence de sécurité Neptune, un homme qui dit s’appeler Robert Butler, utilise deux identités dans le cours de ses affaires.

M. Butler a fait une proposition au chef syndical pour régler l’affaire. Il nous a fait une série de chèques postdatés. Il ne voulait absolument pas aller devant le tribunal, raconte le directeur des Métallos. Mais la somme proposée par Neptune était inférieure au montant réclamé. J’ai dit [à M. Butler] : "Vous ne ferez pas de l'argent sur le dos des travailleurs. Il n'y aura pas de règlement", poursuit-il.

Outre le problème lié aux cotisations syndicales, des employés de Neptune sont aux prises avec des erreurs de paie et avec des chèques sans provision.

« [Robert Butler] est un cowboy qui surfe sur le droit et qui ne respecte pas ses travailleurs. »

— Une citation de  Dominic Lemieux, directeur du Syndicat des Métallos
Robert Butler dans ses bureaux de Mississauga, en Ontario.

Le grand patron de Neptune, Robert Butler, lors d’une visite de l'émission «Enquête» en caméra cachée.

Photo : Radio-Canada

Avant Noël, des cadres ont dit aux employés de Neptune qu’ils n’étaient plus syndiqués.

C'est carrément des pratiques antisyndicales, dénonce Dominic Lemieux. Le 22 décembre, le syndicat a obtenu une ordonnance du tribunal pour forcer Neptune à cesser d’entraver ou de chercher à entraver les activités du syndicat, peut-on lire dans la décision.

Depuis le début de l’année, le dossier devant le Tribunal administratif du travail s’est complexifié avec l’arrivée dans le portrait d’une nouvelle société à numéro comme sous-traitant de Neptune.

Il n’y a pas juste M. Butler qui change d'identité. Régulièrement, il change l'identité de ses compagnies à numéro, dit le chef syndical. C'est complètement absurde.

La dernière société à numéro en lice, 13994929 Canada inc. – dont le siège social est une boîte postale à Mississauga, en Ontario –, appartient à la mère de Robert Butler. Ça appartient à ma mère et je vais [la] diriger, avait-il fini par avouer lors d’un entretien téléphonique avec Enquête.

Contacté par Radio-Canada, Neptune n’a pas voulu commenter cette affaire, qui est maintenant devant le Tribunal administratif du travail.

Depuis les révélations d’Enquête, l’Autorité des marchés publics a banni Neptune des contrats publics au Québec. Le Bureau de la sécurité privée, qui dit vouloir agir rapidement dans ce dossier, pourrait pour sa part retirer à l'entreprise son permis lui permettant de gérer une agence de sécurité.

Au cours des 10 dernières années, l’agence Neptune a décroché des centaines de contrats publics un peu partout au pays, notamment auprès de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et de la Sûreté du Québec.

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Vous avez des informations à nous transmettre sur Neptune? Écrivez à notre journaliste : gaetan.pouliot@radio-canada.ca (Nouvelle fenêtre)

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