« Crédit accoté » : les producteurs de porcs de Charlevoix crient à l’aide

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Photo : Radio-Canada / Carl Boivin
Les producteurs de porcs de la région de Charlevoix demandent une aide d’urgence au gouvernement du Québec. En plus de traverser les mêmes difficultés que le reste de l’industrie porcine, ceux-ci doivent en plus composer avec des coûts de production et de transport plus élevés qu’ailleurs.
S'il n'y a pas d'argent mis directement et rapidement pour donner un signal clair aux institutions financières, ça va être l'hécatombe dans Charlevoix et dans la Côte-Nord. Les institutions financières ne supporteront pas une industrie à perte très longtemps
, avertit Yves Laurencelle, président de la Fédération de l’UPA de la Capitale-Nationale–Côte-Nord et des producteurs de porc de la région.
Par exemple, dans Charlevoix, toute la nourriture doit provenir de l’extérieur de la région puisqu'il n’y a pas le climat pour produire du maïs et du soya.
Quand dans un modèle de coût de production, on tient compte des cultures associées et qu'on fait une moyenne pour toute la province, pour 7 millions de cochons, et qu'on en produit 90 000 dans Charlevoix, on n'a pas d'impacts sur le sondage du coût de production. On ne peut pas influencer le coût de production à la hauteur de ce que ça nous coûte
, détaille Mathieu Pilote, un producteur de la région.
Les producteurs comme Mathieu Pilote dénoncent le programme d'assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) de la Financière agricole du Québec mésadapté aux réalités régionales. Dans une région comme Charlevoix, l'ASRA ne répond pas à nos productions, mais on nous force à réduire le prix pour aider les transformateurs en nous disant que l'ASRA va nous aider
, martèle le producteur de La Malbaie.
Aide inadaptée
L’aide récente à l'industrie ciblait surtout les transformateurs pris avec leurs propres défis. Présentement, il y a 200 millions qui ont été donnés au secteur porcin, mais ce ne sont pas les producteurs qui en avaient besoin, ce sont les transformateurs et le producteur paie 33 % de ça
, relate Mathieu Pilote.
Le président des producteurs de porcs de la région souligne aussi le fait que malgré l’inflation, les programmes se basent encore sur les chiffres de 2017. Il accuse le gouvernement et Financière agricole du Québec de ne pas être à l’écoute des enjeux soulevés.
La semaine dernière, on a rencontré le président de la Financière agricole du Québec avec ses acolytes et son personnel. C'est un dialogue de sourds. On leur dit que ça ne va pas. Ça fait quatre ans qu'on leur demande de revoir les programmes, mais ils ne les revoient pas
, laisse tomber Yves Laurencelle.
Sans retour, l’industrie charlevoisienne s’est donc tournée vers l’opposition pour mettre de la pression.
J'ai entendu énormément de détresse de la part des producteurs et se remettent en question par rapport aux choix de vie qu'ils ont faits. Il y a une urgence d'agir si on veut conserver les producteurs de porc dans une région comme celle-ci
, lance le libéral André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, invité à Baie-Saint-Paul pour prendre connaissance des enjeux.
Il y a un des agronomes qui était là aujourd'hui qui l'a mesuré, le coût moyen de production supplémentaire pour un producteur de porcs de la région c'est 65 000 $ par année
, ajoute-t-il.
André Fortin joint sa voix aux producteurs pour réclamer une injection rapide d’argent de la part du gouvernement.
Une région qui se démarque
Malgré l’urgence d’agir, les producteurs de Charlevoix ne veulent pas abandonner l’industrie. Les entreprises de la région de Charlevoix sont des entreprises qui ont des relèves dans presque toutes les fermes
, remarque Mathieu Pilote.
Les producteurs de porcs de Charlevoix sont parmi les 25 % meilleurs producteurs au Québec. Puis le grand monsieur [Mathieu Pilote] à côté de moi est sorti premier dans le réseau Coop l'an passé. On a une élite de production porcine
vante Yves Laurencelle. Il souligne aussi que les fermes porcines structurent l'agriculture de Charlevoix, par leur apport en transport, en consommation de céréales et en meunerie.
André Lamontagne, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation dit surveiller de près la situation. Mon cabinet est en lien avec le représentant régional de l’UPA. J’ai demandé à la Financière agricole du Québec, qu’en plus des programmes d’assurance revenu, d’être proactive pour accompagner les producteurs ayant des enjeux de liquidités
, répond-il par écrit.