Crise du logement : des voix s’élèvent pour réglementer les locations à court terme
L'offre de Airbnb est de plus en plus grande au Nouveau-Brunswick. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / DADO RUVIC
Le nombre de logements locatifs à court terme de type Airbnb ne fait que grandir dans les centres urbains du Nouveau-Brunswick. La tendance exacerbe la crise du logement que vit la province, selon un organisme de défense des droits des locataires.
Un rapport de la Ville de Moncton publié en 2022 indique qu’il y avait 346 logements de location de courte durée à Moncton, dont la majorité était affichée sur la plateforme Airbnb. Une recherche sur le site aujourd'hui démontre que près de 530 logements sont offerts à la location dans la région du Grand Moncton – y compris Dieppe et Riverview – sur cette plateforme, dont 150 rien qu'au centre-ville.
Pourtant, le taux d'inoccupation dans la région métropolitaine du Grand Moncton stagne, selon les plus récentes données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) publiées en janvier. En octobre 2022, le pourcentage de logements sans locataires dans la région était de 1,7 % en moyenne. La moyenne pour les régions urbaines de la province est de 1,9 %.
À Moncton, le taux d'inoccupation pour les logements à trois chambres ou plus est de zéro. Cependant, on réussit facilement à en trouver quelques-uns en effectuant une recherche en ligne sur les plateformes de location à court terme.
Selon le porte-parole de la Coalition pour les droits des locataires du Nouveau-Brunswick, Matthew Hayes, ce genre d’appartement loué pour une courte période nuit à l’accessibilité à des logements abordables pour la population locale.
Ce qui est le plus important pour nous, c’est qu’en pleine crise du logement, nous sommes en train de réduire le parc de logements disponibles pour les personnes qui habitent dans nos communautés
, a dit M. Hayes en entrevue à l’émission La matinale d’ICI Acadie.
« On pourrait facilement et rapidement augmenter le nombre d'appartements disponibles en prévenant les gens de louer des appartements entiers sur des plateformes en ligne pour des contrats à court terme. »
En décembre 2022, le conseil municipal de Moncton, plus grande ville de la province, a refusé d’encadrer la location à court terme. Le conseiller Charles Léger constate les défis en ligne avec les logements à la location à court terme.
C’est sûr qu’il nous manque du logement, surtout du logement abordable. C’est sûr que le développement de plus en plus de logements à court terme, ça pose certains défis au niveau de la disponibilité. Donc, c’est sûr que j’aimerais avoir une meilleure balance avec ce qui se passe avec le logement à court terme et le logement abordable
, explique M. Léger.
Par ailleurs, le conseiller aimerait présenter un arrêté à ses collègues afin de mieux encadrer l’industrie de la location à court terme, et ce, surtout du point de vue de la sécurité après qu’un incendie eut fait au moins cinq victimes à Montréal. La plupart des logements de l'immeuble détruit par les flammes étaient loués par l'entremise de la plateforme Airbnb.
Charles Léger songe à un système de permis afin de s’assurer que les logements de courte durée sont conformes aux règlements municipaux.
Certainement au niveau de la sécurité; je penche beaucoup là-dessus actuellement. C’est mieux de prévenir que de réagir. Montréal est en train de réagir, donc, j’aimerais bien prévenir et être beaucoup plus réactif. C’est la discussion que j’aimerais qu’on ait au conseil
, dit-il.
Le conseil municipal de Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard, est allé dans une direction différente et a adopté en 2022 un cadre réglementaire qui doit entrer en vigueur en mars 2023. Selon la nouvelle réglementation, seules les résidences principales pourront être louées pour une courte période.
Charles Léger croit d’ailleurs que Moncton pourrait s’inspirer de ce qui se fait ailleurs au pays, à l’île ou au Québec, afin de mieux encadrer l’industrie du logement à court terme.
Le fédéral dit avoir investi
De passage à Moncton, le premier ministre Justin Trudeau a dû répondre à la question du logement abordable. Son gouvernement a été critiqué pour son manque d’engagement en la matière dans son dernier budget. En entrevue à Radio-Canada, il a affirmé qu’Ottawa avait déjà investi dans le précédent budget.
Au niveau du logement, les gens savent que ça prend un petit peu de temps pour créer de nouveaux logements. C’est pour ça qu’on a choisi d’investir massivement en logements et en programme de logement l’année passée. Le budget de l’année passée comprenait plus de 10 milliards de dollars en investissement en logement pour que ça puisse commencer à aboutir bientôt
, a précisé M. Trudeau en entrevue à La matinale.
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Par ailleurs, le premier ministre a rappelé qu'il a annoncé 4 milliards de dollars pour lancer le Fonds pour accélérer la construction de logements. L’objectif est de travailler directement avec les municipalités et contourner un peu les provinces
pour accélérer la construction de 100 000 logements au pays.
Avec les informations de La matinale et de la journaliste Kristina Cormier