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130 recommandations nécessaires, selon des experts, mais difficiles à réaliser

Panneau routier de la route Portapique Beach et deux véhicules de police qui bloquent l'entrée de la route.

Le chemin Portapique Beach constitue la seule route officielle d'entrée et de sortie de Portapique, mais les gens qui connaissent bien le coin savent qu’il est aussi possible d’emprunter un chemin de terre à travers un champ de bleuets.

Photo : Radio-Canada / Jonathan Villeneuve

Radio-Canada

Des experts en criminologie et en politique respectent les conclusions du rapport final de la Commission des pertes massives, mais certains se demandent si toutes les recommandations pourront réellement être appliquées.

Les commissaires n'ont pas chômé, dit le criminologue Jean Sauvageau. Trois mille pages, 130 recommandations, dont plus de la moitié s’adresse à la police. [...] C’est assez impressionnant!

La grande manchette, selon Tom Urbaniak, professeur de sciences politiques à l'Université du Cap-Breton, à Sydney, en Nouvelle-Écosse, c’est que la culture, l'organisation et les façons de faire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et de nos services policiers sont brisées de manière très importante ici au Canada.

Tom Urbaniak dans une salle de conférence.

Le professeur à l'Université du Cap-Breton, Tom Urbaniak

Photo : Radio-Canada / Tom Ayers

On a une police qui n’est pas ouverte à la critique et une hiérarchie policière qui manque de sensibilité auprès des communautés, constate le chroniqueur à l’émission Le réveil de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador.

Même à Portapique, le rapport démontre que les policiers n’ont pas fait enquête auprès des résidents pour savoir s’il y avait d’autres routes utilisées par la communauté, soulève Tom Urbaniak.

La GRC croyait avoir bouclé la communauté, alors que le tueur avait quitté les lieux par une route connue des résidents, à travers un champ de bleuets.

Une route de terre au bout d'un champ.

La route dans le champ de bleuets au nord de Portapique. C'est la route que le tireur aurait empruntée pour quitter la région.

Photo : Gracieuseté : Commission des pertes massives

Le politologue déplore que le premier souci des policiers, le soir du drame en avril 2020, c’était que les policiers soient en sécurité, pas la communauté.

Comme les commissaires, il croit lui aussi qu’il faut faire des changements très profonds à l’intérieur de l’organisation même.

Jean Sauvageau, qui est professeur à l'Université Saint-Thomas, à Frédéricton, est aussi bien d’accord avec cela, mais il n’est pas certain que ces changements finiront par voir le jour.

Il croit que pour que les changements proposés puissent passer de la parole aux actes, le comité que la GRC a mis sur pied sera essentiel.

Le seul espoir que j’ai, c'est que la prochaine personne qui sera nommée commissaire est au courant, [...] et le gouvernement est au courant [...], donc on peut penser qu’il y aura des changements positifs, souligne le criminologue.

Jean Sauvageau en entrevue dans son bureau.

Jean Sauvageau, professeur de criminologie à l'Université Saint-Thomas

Photo : Radio-Canada

Malgré tout, il doute qu’une institution aussi traditionnelle que la GRC puisse réellement effectuer les changements en profondeur proposés dans le rapport, comme la mise en place d’un nouveau programme de formation de trois ans.

Le dépôt de Regina fait vraiment partie de l’ADN de l’organisation, soutient Jean Sauvageau. Si l’on en arrive là, ça veut dire qu’il y a énormément de choses pour l’ensemble de la GRC qui aurait dû changer et ça veut dire que quelqu'un aura travaillé très fort pour changer ça, et j’en doute.

À son avis, ce sera important de trouver les bonnes personnes et de les placer dans les bons postes pour que des changements d’une telle envergure puissent avoir lieu.

Il va falloir aller chercher une personne au civil, gestionnaire aguerrie avec beaucoup, beaucoup de tact [...] et une bonne poigne en même temps pour amener ça à bon port dans un délai raisonnable, croit Jean Sauvageau.

Une femme portant des écouteurs en pleine entrevue radio.

Amanda Bittner est politologue à l'Université Memorial, à Saint-Jean de Terre-Neuve, et spécialisée dans le comportement électoral et l'opinion publique.

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Amanda Bittner, professeure de sciences politiques à l'Université Memorial, à Saint-Jean de Terre-Neuve, croit que c’est aussi aux gouvernements de s'assurer que ce rapport n'est pas oublié.

Si de nombreuses personnes pensent que les commissions, les comités d’examen et les enquêtes ne servent qu'à souligner du bout des lèvres la nécessité d’agir, il n’en reste pas moins qu'ils offrent la possibilité d’opérer de véritables changements si les gouvernements décident de tirer parti de leurs conclusions.

D'après des entrevues diffusées à l'émission Le réveil de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve et Labrador

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