Le seul étudiant d’un cours de cri à l’Université du Manitoba veut partager sa culture
Samuel Robinson (à gauche) est le seul étudiant du cours de langue crie donné par le professeur Ken Paupanekis (à droite) à l’Université du Manitoba.
Photo : Radio-Canada / Tyson Koschik
Un professeur de langue crie de l’Université du Manitoba a insisté pour donner son cours, même si un seul étudiant s'y est inscrit.
Le cours donné par le professeur Ken Paupanekis, âgé de 79 ans, a failli être annulé au dernier semestre après qu’une seule personne se soit inscrite au cours.
Cependant, il a insisté pour le maintenir même si le faible nombre d’inscriptions signifie qu’il ne sera pas payé intégralement, puisqu'il estime que de transmettre la langue est essentiel.
« La langue nous entoure plus que nous ne le pensons. »
Il y a tellement de signification historique et géographique concernant, par exemple, les noms de plusieurs lieux. Beaucoup de ces noms sont des noms cris
, précise le professeur originaire de la Nation Crie Norway House.
Selon le recensement de 2021 de Statistique Canada (Nouvelle fenêtre), les locuteurs de langue crie sont présents dans environ 1 % des foyers au Manitoba, soit environ le tiers du nombre de personnes dans la province qui s'identifient comme d'origine crie.
L’Université du Manitoba propose cinq cours de langue crie : deux cours d’introduction, deux de niveau intermédiaire et un cours sur la structure de la langue crie.
Ken Paupanekis explique que c’est la deuxième année que l’université divise les cours d’introduction et les cours intermédiaires en deux parties, et que cette nouvelle approche pourrait prendre quelques années avant d'attirer davantage d'étudiants.
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L'unique étudiant inscrit au cours intermédiaire donné par Ken Paupanekis, Samuel Robinson, mentionne que le cri était sa première langue et il l’a parlée jusqu’à l’âge de trois ans, lorsqu’il a commencé à apprendre l’anglais.
Enfant, je suivais ma grand-mère partout et je répétais tout ce qu’elle disait
, se rappelle-t-il. L’étudiant de 27 ans originaire de la nation crie de Bunibonibee affirme que de nombreux membres de cette communauté isolée du nord du Manitoba, notamment les jeunes, parlent couramment cri.
Enseigner pour passer le flambeau
Samuel Robinson ne parle plus cri autant qu’avant, mais il estime qu’il y a des avantages à être le seul étudiant d’une classe. Je fais appel à Ken quand j’en ai besoin, si je ne comprends pas vraiment quelque chose
, déclare-t-il.
« Je veux avoir les connaissances et la confiance nécessaires pour enseigner le cri. »
Son professeur et lui donnent le même conseil à ceux qui étudient une langue : N’ayez pas peur d’essayer de la parler.
Les gens ne devraient pas s’inquiéter d’être taquinés [pour avoir fait des erreurs], car lorsqu’ils apprennent à mieux comprendre, ils trouveront ce qu’il y a d’amusant
, croit Samuel Robinson.
Enseigner à un seul étudiant demeure un défi pour Ken Paupanekis, mais il sait que Samuel Robinson est également intéressé par l’enseignement de la langue.
Il est déjà difficile de pousser les gens à aller plus loin et de devenir des professeurs de langues. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis toujours là.
Avec les informations de Janell Henry