Ouverture du premier bar sans alcool à Thunder Bay
Jody Loos affirme qu'il était temps qu'une boîte de nuit sans alcool voie le jour dans une ville comme Thunder Bay où l'alcool et les opioïdes font des ravages. Riche d'une longue carrière dans le domaine, il souhaite créer une atmosphère de fête.
Photo : Radio-Canada / Céline Marti
Un premier bar sans alcool et bar à café ouvre ses portes à Thunder Bay : le Howl at the Moon Dry Saloon and Late Night Coffee Bar (le bar sans alcool Hurlez à la lune et café nocturne). L’entrepreneur et propriétaire, Jody Loos, croit qu’il est grand temps qu’un tel lieu voie le jour.
Depuis des années, les gens en rémission me disent qu’ils n’ont nulle part où se rencontrer et fréquenter des gens
, raconte M. Loos. Et ayant lui-même perdu nombre de gens qu’il aime en raison des drogues, il a ressenti le besoin de faire sa part et de redonner à la communauté.
« Je suis fatigué de voir les gens mourir. J’ai assisté à trop de funérailles. »
Si tous et toutes sont les bienvenus, l’établissement vise avant tout à accueillir les gens qui sont en traitement de dépendances et en rémission. Un besoin que M. Loos espère combler, surtout à Thunder Bay où, selon lui, nous sommes confrontés à une véritable crise en ce qui concerne les ravages faits par les drogues et l’alcool
.
D'emblée, Anne Elizabeth Lapointe, directrice générale de la Maison Jean Lapointe et directrice générale du Centre québécois de lutte aux dépendances, qualifie de bonne initiative celle d'ouvrir un bar sans alcool.
Mme Lapointe considère que ça manque un peu partout au Canada des endroits [...] sécuritaires où les gens peuvent socialiser autre que dans des endroits comme des groupes d’entraide, des fraternités alcooliques anonymes [...].
Une vigilance constante
Bien qu’il ne s’agisse pas du but premier, M. Loos confirme que les gens pourront être soutenus et orientés, de façon informelle, vers les ressources nécessaires s’ils le demandent.
Des professionnels ne seront pas sur place, mais M. Loos assure qu’il sera en mesure de diriger ceux et celles qui le souhaitent.
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Il croit que l’entraide dont feront preuve les gens sera non seulement au rendez-vous, mais précieuse.
« Beaucoup de gens qui comptent venir ici m’ont dit qu’ils se réjouissent de pouvoir aider les autres. »
Ainsi, ceux qui sont plus avancés dans leur processus de rétablissement pourront soutenir et conseiller ceux qui viennent de se lancer sur le chemin de la guérison.
Malgré l’absence d’alcool, les risques de rechutes demeurent présents, met en garde Mme Lapointe, notamment pour les gens en début de guérison.
Pour ces derniers, boire des cocktails ou des bières sans alcool, au lieu de boissons complètement différentes comme du jus ou du café, pourrait leur donner l’envie, le goût de retomber dans l’alcool
, avertit-elle.
« C'est le fun de pouvoir se retrouver dans une soirée où il n'y aura pas d'alcool [...] avec des gens qui ne te questionneront pas [...]. On se sent en sécurité, on se sent libre [...]. »
Fréquenter une boîte de nuit sans alcool où les gens pourront se rencontrer, échanger, réseauter, danser jusqu’à deux heures du matin
, faire du karaoké, voir des spectacles… Voilà la proposition de M. Loos, un endroit pour faire la fête [...] dans un lieu sans alcool
.
« Je veux juste que les gens sortent et aient beaucoup, beaucoup de plaisir. »
La communauté accueille cette initiative avec beaucoup d’enthousiasme, se réjouit M. Loos, tout en ajoutant qu’il espère, évidemment, que les gens seront nombreux à fréquenter son bar sans alcool.