La Ville d’Ottawa tire des leçons du derecho pour mieux se préparer en cas d’urgence

Quelque 180 000 foyers et bâtiments desservis par Hydro Ottawa ont été privés d'électricité après le derecho de mai 2022. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-Sébastien Marier
Près d'un an après le derecho qui a causé des pannes d'électricité qui ont duré plusieurs jours, la Ville d'Ottawa rédige des lignes directrices pour assurer la distribution de nourriture et prêter main-forte aux résidents vulnérables en cas de catastrophes naturelles.
La Ville souhaite également renforcer l’autonomie des résidents et encourager les quartiers à prendre des initiatives locales.
Ce sont les conclusions auxquelles est arrivée la firme RCGTConsulting lorsqu’elle a analysé la manière dont la Ville a agi lors de la tempête du printemps dernier.
Un rapport similaire qui est paru après la série de tornades qui ont touché Ottawa et Gatineau en 2018 mettait l’accent sur l'amélioration de la communication. En novembre dernier, Hydro Ottawa a également publié un court document sur sa réponse face au derecho.
Le 21 mai 2022, une tempête avec des pointes de vent de 190 km/h a balayé le sud de l’Ontario et du Québec, et, par le fait même, Ottawa.
Le système [de la Ville] fonctionnait sans aucun doute, car peu de temps après [le début de la tempête], les agents en poste ont commencé à recevoir un grand nombre d'appels d'autres services municipaux, notamment du Service des incendies d'Ottawa et du 311
, a expliqué Beth Gooding, directrice du service de sécurité publique de la Ville.
En tant que responsable du centre des opérations d'urgence, Mme Gooding a pris des décisions opérationnelles au lendemain du derecho.
Un plan pour les pannes de longue durée
Pendant le derecho, les vents ont renversé des milliers d'arbres, et 180 000 foyers et autres bâtiments desservis par Hydro Ottawa ont été privés d'électricité. Au cours des premières 24 heures, 2800 appels au 911 ont été enregistrés, soit le triple du volume habituel.
Certaines pannes ont duré plusieurs jours, ce qui a aggravé les problèmes et exacerbé les besoins des résidents.
Le comité des services de protection et de préparation aux situations d’urgence d’Ottawa s’est réuni jeudi. Les membres se sont remémoré la pression extrême à laquelle ils ont dû faire face lors des pannes de courant, ce qui lui a valu beaucoup d’appels de résidents qui avaient perdu le contenu de leur réfrigérateur. Ils ont remercié les employés municipaux qui ont parfois travaillé 24 heures sur 24 alors qu'ils n'avaient même pas d'électricité chez eux.
En raison des changements climatiques, la Ville est confrontée à des événements météorologiques plus violents et elle doit être mieux préparée
, croit Mme Gooding.
La Ville a mis au point un protocole de sécurité alimentaire afin de distribuer des denrées aux personnes qui en ont besoin en cas de futures tempêtes. La Banque alimentaire d'Ottawa s'est portée volontaire pour prendre les rênes d’une possible opération.
Il s'agit en fait d'une liste à suivre lorsque nous nous trouvons dans une situation chaotique
, précise Mme Gooding.
Au printemps dernier, de nombreux employés de la santé publique, de la Croix-Rouge et des services sociaux ainsi que des pompiers ont effectué des visites chez les personnes plus vulnérables pour s’assurer de leur bien-être. Afin d’uniformiser l’approche de la Ville, on veut les identifier pour s’assurer qu’elles ne manquent de rien si une situation similaire se produisait de nouveau.
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Une formation bonifiée
Mme Gooding explique que la Ville d'Ottawa peut compter sur un noyau d’employés qui est en mesure de se mobiliser efficacement lors de situations d’urgence.
Mais nous constatons également que ce groupe est relativement restreint et que ce sont toujours les mêmes personnes à qui nous faisons appel. Lors d'une intervention prolongée, comme pendant le derecho, ces personnes n’ont pas de renfort
, a expliqué Mme Gooding aux conseillers municipaux. Elles n'ont pas eu de pauses convenables, et c’est si elles en ont eu.
La Ville tente d'augmenter le nombre d'employés municipaux capables d'occuper des postes de commandement et d’être en première ligne.
Pour le chef de l’Unité des services d’urgence, Kim Ayotte, la principale conclusion de cette analyse externe, c’est que la Ville doit appuyer les résidents et les organisations locales qui sont prêts à mettre l’épaule à la roue.
Nous avons vu beaucoup d'initiatives semblables pendant le derecho, nous avons vu beaucoup de communautés s'entraider
, affirme M. Ayotte. Nous voulons en tirer profit.
Le président de la commission, le conseiller Riley Brockington, abonde dans le même sens. Ce dernier a vu son quartier se mobiliser pendant le derecho.
Il y a beaucoup de bonne volonté et de bonnes personnes qui disposent de ressources pour vraiment aider en cas d'urgence
, a-t-il déclaré.
La Ville devra contribuer aux efforts de formation
, ajoute M. Ayotte.
Selon lui, elle devra également sensibiliser la population à se préparer aux situations d'urgence, et l’aider à déterminer qui appeler entre le 911, le 311 et le 211, selon les circonstances.
Avec les informations de Kate Porter, de CBC News