Le projet minier Horne 5 en péril

Le projet Horne 5 pourrait avoir une durée de vie de 15 ans, selon Ressources Falco.
Photo : gracieuseté Ressources Falco
Le ministère de l’Environnement bloque présentement le projet de mine Horne 5 de Ressources Falco, en raison de la présence déjà trop importante de métaux dans l’air à Rouyn-Noranda.
Le ministère applique ainsi un règlement sur l'assainissement de l'atmosphère qui stipule qu’un projet ne peut être autorisé s’il est susceptible d’ajouter des contaminants dans l’air, dont la concentration est déjà supérieure aux normes en vigueur. L’air ambiant à Rouyn-Noranda dépasse déjà les normes d’arsenic, de baryum, de cuivre, de nickel, de cadmium et de plomb.
Avec son projet de mine souterraine, Ressources Falco veut produire de l’or et des minéraux critiques et stratégiques grâce à un gisement polymétallique situé sous la ville. Les installations sont prévues dans un secteur industriel derrière la Fonderie Horne.
Ressources Falco estime que le ministère est beaucoup trop sévère dans l’application du règlement, puisque, selon les plus récentes modélisations, leur mine émettra 0,00127 nanogramme d'arsenic par mètre cube dans l'air en moyenne, annuellement, alors que la norme est de 3 nanogrammes.
L’entreprise estime que, pour une personne exposée à cet air ambiant pendant 43 ans, ce serait l’équivalent de fumer une seule cigarette.
Falco ajoutera notamment des filtres sur son système de ventilation et prévoit même réduire la concentration de contaminants dans l’atmosphère.
On arrive avec des émissions qui sont extrêmement petites, par exemple, plus de 2000 fois plus petites que la norme pour l'arsenic. Et malgré tout, le ministère ne nous a toujours pas donné la recevabilité de notre étude d’impact pour nous permettre d’aller à la prochaine étape des audiences publiques sur l’environnement.

Hélène Cartier, vice-présidente environnement de Ressources Falco
Photo : Gracieuseté - Ressources Falco
Un revirement de situation?
En août 2018, le ministère de l’Environnement avait demandé à Ressources Falco de faire la démonstration que l’apport devait être nul, mais qu’un apport négligeable pourrait potentiellement être acceptable
.
Par courriel, le ministère nous répond maintenant que tout promoteur qui soumet une demande d’autorisation au ministère doit démontrer qu’il respecte la loi et les règlements, dont le Règlement sur l'assainissement de l’atmosphère.
La présence de concentrations élevées de certains métaux dans l’air ambiant dans certains secteurs de Rouyn-Noranda représente un enjeu potentiel pour la réalisation de nouveaux projets qui émettraient ces métaux dans l’air
, ajoute le ministère, toujours par courriel.

Benoit Charette est ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Il était à Rouyn-Noranda le 16 mars dernier. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-Marc Belzile
Dans une lettre datée du 25 novembre 2022, le ministère lance un ultimatum à Ressources Falco en réclamant des solutions pour que la réalisation du projet Horne 5 puisse se faire dans le respect du Règlement sur l'assainissement de l’atmosphère au plus tard le 10 janvier 2023.
En cas de défaut de fournir les renseignements demandés, dans le délai et dans les conditions fixées, le ministre pourra transmettre une recommandation défavorable au gouvernement, et ce, même avant la fin de l’évaluation environnementale.
Un délai a finalement été accordé jusqu’au 1er mai, mais Ressources Falco craint que ce scénario ne puisse se matérialiser. C’est que la société minière assure qu’il est impossible de répondre à cette demande, puisqu’une entreprise ne peut pas avoir un bilan massique totalement nul. Selon Falco, elle émettrait 50 grammes d’arsenic par année, alors que son système en capterait pourtant davantage, soit 450 grammes.
Ça fait déjà trop d’années qu’on attend, que le ministère nous demande d’ajouter des mesures pour réduire de plus en plus nos émissions dans l’atmosphère. Le temps est compté, c’est extrêmement important que, dans les prochaines semaines, le ministère soit capable de se positionner et de nous donner un go pour passer à la prochaine étape. Ce sera essentiel pour qu’on puisse continuer et aller chercher du financement
, affirme Hélène Cartier.
La mairesse réclame un BAPE

La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire
Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Luneau
La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, souhaite que la société minière puisse se présenter devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) afin de permettre aux citoyens de se prononcer.
On peut comprendre les préoccupations du ministère dans les circonstances. Par contre, ce qu’on sait de l’entreprise Falco, c’est que les émissions seraient minimes. Nous, on croit que ce serait important que le ministère lui permette d’aller au BAPE
, explique-t-elle.
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Une incidence sur de futurs projets?
La mairesse Dallaire s’inquiète aussi du fait que l’application de ce règlement pourrait freiner d’autres projets.
On aura des questions à adresser au ministère [pour] savoir si ça met en péril d'autres projets, car selon ce qu’on en comprend, aucun dépassement ne serait permis. Alors, qu’est-ce que ça veut dire concrètement pour la Ville de Rouyn-Noranda et qu’est-ce qui se fait ailleurs en province aussi?
, se demande-t-elle.
Si un projet comme Horne 5 ne peut pas voir le jour malgré toutes les mesures mises en place et des résultats extrêmement petits, quel est le plan du gouvernement pour le développement des projets à Rouyn-Noranda? C’est la question qu’on se pose
, signale Hélène Cartier.