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Un programme pour briser le tabou de la santé mentale chez les agriculteurs

Un fermier donne du foin à manger à ses animaux.

Le fermier Alain Philippot se lève tôt chaque matin pour traire les 170 vaches de son cheptel de 186 animaux. (Photos d'archive)

Photo : Radio-Canada

Le programme Manitoba Farmer Wellness, lancé il y a un an, invite les agriculteurs de la province à démystifier la question de la santé mentale en parlant avec des conseillers formés pour les accompagner.

Le directeur du programme, Marcel Hacault, constate que le sujet est toujours tabou. Pourtant, il rappelle que plus du tiers des agriculteurs canadiens présentent les symptômes de la dépression.

Les rencontres avec les conseillers en santé mentale se passent au téléphone, par visioconférence ou en personne. Marcel Hacault explique que le programme compte quatre conseillers et conseillères, dont une bilingue, des spécialistes au fait de la réalité des agriculteurs.

Les conseillers ont connaissance de la vie quotidienne d’un fermier. Si un fermier dit : " Mes vaches ont toutes vêlé leur veau [petit non sevré] dans la même semaine, il faut que je reste debout 24 heures sur 24 ", une personne de la ville ne comprendrait pas, explique M. Hacault.

« Notre but, c’est d’apporter du support à 120 fermiers. De leur dire que c’est OK de ne pas être OK. »

— Une citation de  Marcel Hacault, directeur du programme Manitoba Farmer Wellness.

Marcel Hacault est fier que le programme présente des temps d’attente de moins de deux semaines, avec des heures flexibles. Jusqu’à maintenant, la plupart des fermiers consultent leur conseiller toutes les six à huit semaines pour du support, explique-t-il.

Il précise que les six premières séances sont gratuites. Certains veulent continuer à leurs propres frais, remarque-t-il.

Le programme est financé par des prélèvements de fonds.

Un métier fait d’imprévus

Prix de vente du lait, santé du bétail ou météo : le quotidien de l’agriculteur Alain Philippot est marqué par les imprévus.

Alain Philippot, fermier à Saint-Claude au Manitoba

Alain Philippot, fermier à Saint-Claude au Manitoba, a souvent connu des périodes d’anxiété, qui reviennent lors de moments d’incertitude.

Photo : Radio-Canada / Trevor Lyons

J’ai des angoisses et j’ai fait une grosse dépression en 2004. Il n’y a pas assez de services en santé mentale, considère l’agriculteur manitobain.

Il concède que le milieu agricole est encore trop fermé aux questions de santé mentale.

« Tu ne veux pas montrer ton insécurité. Tu es censé être indépendant, tout faire et régler tes problèmes seul. »

— Une citation de  Alain Philippot, agriculteur.

Par le passé, un médecin lui a déjà conseillé de faire du yoga, alors que selon lui, son mal était plus profond. J’ai eu l’impression que je devais me passer la corde au cou pour qu’on me soigne, témoigne-t-il.

Alain Philippot est cependant optimiste pour l’avenir. Son fils travaille désormais avec lui et il pense que cette nouvelle génération est mieux entourée. On parle plus de santé mentale qu’il y a 10-15 ans, estime-t-il.

L’agriculteur est convaincu que son métier, malgré les difficultés, procure un grand sentiment de satisfaction. Quand les choses vont vraiment bien, ça ne donne pas ce sentiment d’accomplissement. Surmonter les défis, c’est ça qui va apporter la joie, soutient-il.

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