2000 éducatrices en CPE à recruter d’ici deux ans dans la région de Québec
Avec son Grand chantier pour les familles lancé en 2021, le gouvernement caquiste promet de créer 37 000 nouvelles places subventionnées en garderie d’ici 2024-2025. Dans la Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches, cela signifie qu’il faut recruter 2 000 nouvelles éducatrices en 2 ans. Un défi de taille pour le milieu qui multiplie les stratégies de recrutement.
Photo : Radio-Canada / Magalie Masson
Avec son « Grand Chantier pour les familles » lancé en 2021, le gouvernement Legault avait promis de créer 37 000 nouvelles places subventionnées en garderie d’ici 2025. Dans la Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches, cela signifie qu’il faut recruter 2000 nouvelles éducatrices en deux ans. Un défi de taille pour le milieu, qui multiplie les stratégies de recrutement.
Jeudi, une trentaine de corporations qui représentent près de 70 installations ont participé à un salon de l’emploi en petite enfance à Québec. Une tradition qui date depuis près de 10 ans mais qui a gagné en importance depuis quelques années.
La directrice du Regroupement des centres de la petite enfance des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RCPEQC), Élise Paradis, ne s’en cache pas. La situation est inquiétante.
On est convaincu que ces places-là sont essentielles. Alors, on travaille fort pour essayer de recruter, convaincre des gens de retourner aux études, d’aller faire le parcours de formation. Pas de place en service de garde éducatif, ça vient couper l’accès au travail pour plein de gens
, soutient-elle.
Dans les centres de la petite enfance Jardin Bleu, qui regroupe quatre établissements dans Limoilou, le roulement de personnel qualifié est le principal problème.
Le mois dernier, il manquait trois éducatrices sur une quarantaine d’employés chez nous. Il y a des CPE où c’est pire, mais ça reste quand même un problème. Ça met de la pression sur le reste de l’équipe
, explique la directrice générale de l’organisation, Florence Lajoie.
En plus des éducateurs et de différents professionnels en éducation, les milieux de garde recherchent également des cuisiniers. Les centres doivent compétitionner avec le milieu de la restauration dans la région.
Du choix pour les étudiantes
Parmi les visiteurs du salon, presque uniquement des étudiantes à la formation collégiale en éducation à l’enfance, les possibilités sont multiples.
J’ai plein de dépliants parce que les directeurs cherchent des éducatrices. Je vais voir en sortant comment ça va aller
, confie une étudiante au Cégep de Sainte-Foy, Daphnée Lafrance.
C’est sûr qu’on sait qu’on va avoir un travail quand on va finir
, ajoute sa collègue Myriam Drolet.
Pour Marie Jolicœur, qui donne la formation en éducation à l'enfance depuis 24 ans, les choses ont bien changé.
Avant, on accueillait 90 étudiants [au Cégep de Sainte-Foy] et ils se plaçaient au bout de trois ans. Maintenant, on en accueille un peu moins et dès la première année, les milieux veulent les avoir. On a de la misère à les rendre en troisième année parce qu’il y a tellement une pénurie
, raconte Marie Jolicœur.
Élise Paradis constate de son côté que les inscriptions dans les programmes d’éducation à l’enfance sont de moins en moins nombreuses.
Moins de diplômés
Au Cégep de Sainte-Foy, où on offre la technique d'éducation à l'enfance, le nombre de diplômés ne cesse de baisser depuis 2017. En 2022, 150 étudiants ont reçu leur diplôme, alors qu'ils étaient 207 en 2017.
À Montmagny, notamment, le programme n’est plus offert depuis quelques années.
« Ça amène nos étudiantes à se diriger vers d’autres grandes villes, mais on souhaite les ramener dans notre région parce qu’on a beaucoup d’installations »
C’est la première fois que le CPE
de Montmagny participe au salon de l’emploi en petite enfance à Québec, signe des besoins importants.Ce n’est pas uniquement de recruter, c’est aussi de faire connaître nos pratiques, de permettre à des étudiants de venir passer une journée d’observation pour forger la passion
, précise Sandra Ouellet.
Présente au salon, la ministre de la Famille, Suzanne Roy, avoue que le recrutement dans la région représente un défi, mais est sûre que le gouvernement atteindra son objectif.
Il y a des bourses offertes, des possibilités de formation travail-études, la reconnaissance des acquis et on travaille aussi en recrutement international. Des belles initiatives comme aujourd'hui, ça nous permet de compléter le réseau
, dit-elle.
Dans son plan lancé en 2021, le gouvernement avait pour objectif de recruter 18 000 éducatrices et de qualifier 7000 éducatrices qui travaillent déjà dans le réseau des garderies.
Avec la collaboration de Pascale Lacombe