Moins de 60 % des étudiants étrangers obtiennent leur diplôme du réseau de l’UQ

Les étudiants sont attendus en personne à l'Université du Québec à Chicoutimi.
Photo : Radio-Canada / Louis Martineau
Selon les données du ministère de l’Enseignement supérieur transmises par l’Université du Québec (UQ), à peine 60 % des étudiants étrangers fréquentant un établissement du réseau ont obtenu leur baccalauréat.
Le réseau de l’UQ comprend 10 des 18 universités se trouvant au Québec. Les données ont été recueillies à partir de la cohorte de 2015 et ont été colligées en 2021, puisqu’il est estimé qu’un baccalauréat peut prendre jusqu’à six ans pour être complété.
Ces chiffres sont préoccupants selon plusieurs puisqu’il est observé que le nombre d'étudiants internationaux n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années et que leur nombre continue de croître.
« C’est difficile pour la première session parce que là, tu ne connais personne. »
Tu ne sais pas à quoi tu t’attends. Mais si tu veux savoir, c’est à toi d’approcher les autres personnes. Moi, j’ai des amis qui, au début, s’isolaient et ils n’approchaient personne pour s’informer. Ça joue sur le mental
, lance Chikita Tiendrebeogo, une étudiante universitaire, suivie d’un autre qui mentionne les difficultés d’adaptation.
C’est quand même un choc culturel de découvrir un autre pays et tout le système académique
, témoigne Éric Dieudonné, un étudiant universitaire.
Des étudiants mal accompagnés ?
Les données de diplomation du réseau de l'UQ
semblent confirmer les embûches que traversent les étudiants étrangers lors de leur parcours universitaire au Québec. Ailleurs au Canada, la situation est différente alors que le taux de diplomation se situe à 76,8 %. Selon l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), plusieurs autres causes permettent d'expliquer la tendance, comme l’exploration des programmes, un travail étudiant trop prenant et le manque de qualifications.C’est une vérité qui ne concerne pas exclusivement les étudiants internationaux, mais c’est vrai qu’on accepte beaucoup d’étudiants internationaux en vertu du fait qu’ils amènent beaucoup d’argent, sans grande préoccupation pour les critères d’admissibilité
, explique le professeur titulaire en sociologie à l’INRS, Mircea Vultur.
Du côté de l'Université du Québec à Chicoutimi, le baccalauréat le plus fréquenté par les étudiants étrangers est celui en administration. Selon les dernières données, 57,5 % d'entre eux ont décroché leur diplôme. Pour le vice-recteur à la formation et à la réussite de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Étienne Hébert, la situation est inquiétante. Il souligne que des mesures seront mises en place pour les aider et que les critères d'admissibilité seront revus.
« Il y a tout un chantier à mettre en œuvre pour mieux comprendre avec quel bagage nous arrivent ces étudiants-là. Quand ils nous arrivent, est-ce qu’ils sont en position de connaître du succès? Il faut faire un travail du côté de nos conditions d’admission pour s’assurer qu’ils ont bel et bien les prérequis et si ce n’est pas le cas, de leur fournir des cours préalables, voire une année préparatoire. »
Au Québec, le nombre d'étudiants internationaux au baccalauréat, à la maîtrise et au doctorat est passé de 20 000 à 50 000 en dix ans, selon l'INRS. Pour le coordonnateur général de l'association étudiante de l'UQAC, le MAGE-UQAC, il est temps que Québec investisse convenablement dans les établissements d'enseignement supérieur.
On a quand même 33 % des étudiants de notre université qui sont de l’international. On doit se préoccuper de ça. Je pense qu’il est déjà tard, mais c’est bien qu’on commence à le faire. Mais j’insiste encore sur le fait que ce pourcentage est important et il est rendu possible à cause des problèmes de sous-financement des universités, de la modification de la définition d’un étudiant équivalent temps plein qui fait qu’encore une fois, les universités n’ont pas le choix, pour être financées adéquatement, d’aller rechercher toujours plus à l’international, des fois, au détriment d’une belle intégration
, s’inquiète le coordonnateur général du MAGE-UQAC, Alexis Diard.
L'Université du Québec a décliné la demande d'entrevue de Radio-Canada. Lors d'un échange téléphonique, sa porte-parole a toutefois souligné que les programmes ne sont pas tous contingentés, ce qui favorise l'accessibilité au système d'éducation. Le cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur s'est dit préoccupé par ces données. Nos demandes d'entrevue sont toutefois restées sans réponse.
D'après un reportage de Mélissa Paradis