Le Nunavut enquête sur les placements d’enfants dans des foyers de groupe sans permis
Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, a rapidement réagi aux allégations de l'enquête de Radio-Canada.
Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey
Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, affirme avoir demandé la tenue d'une enquête interne pour faire la lumière sur le placement de huit enfants du territoire dans des foyers de groupe à Airdrie, en Alberta, qui ne détenaient pas de permis valides pour les accueillir.
Une enquête de Radio-Canada révélait, cette semaine, que, au cours de la dernière année, des enfants avaient été placés dans des foyers de groupe de l'Alberta en raison de besoins spéciaux pour lesquels le Nunavut ne dispose pas de ressources. L'entreprise chargée de les accueillir, toutefois, ne détenait pas, à ce moment-là, les permis d’exploitation requis.
En entrevue au micro de l’émission matinale de CBC à Iqaluit, jeudi matin, P.J. Akeeagok a affirmé que la situation était grave et qu'il avait immédiatement exigé la tenue d'une enquête lorsqu'il en a eu vent.
« Quand j’ai pris connaissance de la question hier soir, j’ai immédiatement commencé le travail pour m’assurer que les mesures en place répondent aux besoins de sécurité des enfants qui sont visés par l’article. Nous entreprendrons une révision complète, à l'interne, pour vérifier si toutes les politiques et les protocoles en place ont été suivis. »
Le premier ministre a ajouté vouloir également étudier toutes les options possibles pour augmenter les fonds accordés au ministère des Services aux familles
.
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Vives réactions
La députée fédérale du Nunavut, Lori Idlout, s’est dite particulièrement choquée
d’apprendre ces récentes révélations. Elle croit qu’elles mettent en lumière des lacunes systémiques au sein du système de protection de l’enfance qui prendront bien plus que des solutions rapides
pour être résolues.
Les Nunavummiut souffrent déjà de traumatismes intergénérationnels causés par les pensionnats
, a-t-elle dit. J’ai été choquée d’apprendre que des enfants sont encore envoyés à l’extérieur de leur communauté.
Lori Idlout a ajouté qu’elle soulèverait la question à la Chambre des communes si le gouvernement du Nunavut la sollicitait pour demander davantage de soutien de la part d’Ottawa.
Le député territorial de la circonscription Iqaluit-Tasiluk, George Hickes, croit quant à lui que le gouvernement du Nunavut ne fait pas suffisamment d’efforts pour s’attaquer aux problèmes systémiques du système de protection de l’enfance, particulièrement celui des placements hors territoire.
Il faut que cela devienne une priorité, dit-il. Je ne vois pas assez d’améliorations en ce moment.
Au cours de la dernière année, George Hickes affirme avoir plusieurs fois soulevé des questions autour de cette problématique à l’Assemblée législative. Il entend questionner à nouveau le gouvernement lors de la session de printemps, au mois de mai.
« Il est facile de dire qu’un sujet est prioritaire, mais il faut que des ressources soient déployées pour qu’il soit réellement résolu. »
L’organisme Nunavut Tunngavik, qui représente les Inuit au Nunavut, a décliné notre demande de commentaires.