Six présumés « chasseurs de pédophiles » arrêtés à Gatineau

Les six suspects resteront détenus jusqu'à leur comparution jeudi. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Stu Mills
Le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) a arrêté six individus qui auraient pris part à une « chasse » aux présumés pédophiles dans les derniers mois. Ceux-ci ont comparu ce jeudi au palais de justice de Gatineau.
Des conditions de remise en liberté ont été proposées par le ministère public, conditions qui ont été acceptées par les six des individus.
Un de ces six individus, Normand Philip Payant, purge une peine de détention concernant un autre dossier
, a informé Me Audrey Roy-Cloutier, procureure et porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Il sera donc libéré à l'expiration de cette peine.
À la suite de leur comparution, les six personnes n'ont pas enregistré de plaidoyer de culpabilité, ce qui signifie que par défaut, il s'agit d'un plaidoyer de non-culpabilité, a expliqué Me Roy-Cloutier.
Six personnes, 40 chefs
Au total, les six individus font face à 40 chefs d’accusation de harcèlement criminel, d’intimidation, de séquestration et de distribution de pornographie juvénile.
Quatre d'entre eux sont de Gatineau et sont dans la vingtaine. Il s'agit de Joey Chartrand (15 accusations), Jessy Chartrand (4), Normand Philip Payant (8) et Liam Georges Dupont (4).
Un cinquième suspect, de 40 ans, André Chevalier-Robitaille, de Luskville, fait quant à lui face à 7 chefs d’accusation.
En début d'après-midi, le SPVG
a annoncé qu'une sixième personne avait été arrêtée dans ce dossier. Il s'agit de Mélissa Breton, 25 ans, pour deux chefs d'accusation.Lors de perquisition chez ces individus, les policiers ont saisi du matériel informatique, des armes mal entreposées, ainsi qu’une petite quantité de cannabis.
Le SPVGn'encourageait pas
ce phénomène de chasse
aux pédophiles.
Personne n’a le droit de se faire justice soi-même, peu importe si on a été victime d’un crime, quel que soit le crime. Le travail des citoyens, si on veut aider la police, c’est de contacter le service de police
, a expliqué Andrée East, la porte-parole du SPVG .
Nous, on va prendre des actions, on va faire une enquête et on va s'assurer que cette personne là soit arrêtée et qu’elle soit traduite devant la justice
, a-t-elle ajouté.
La police de la MRC
des Collines-de-l'Outaouais et la Sûreté du Québec ont prêté assistance au SPVG pour cette enquête.Une activité dangereuse
Si Me Roy-Cloutier a avoué ne pas être en mesure de commenter les faits soutenant les accusations à cause des procédures judiciaires en cours, elle a tenu a rappeler que toute initiative de ce type pouvait mener à des conséquences.
Parfois, des gens peuvent initier certaines communications pour tenter de piéger ou d'épingler des gens qui commettraient des infractions. Mais en initiant ces contacts, les personnes elles-mêmes peuvent commettre l'infraction.
Me Hijazi insiste également sur les risques que de telles activités peuvent avoir pour les personnes qui s’y adonnent.
Si on se livre soi-même à de la traque de criminel, c’est potentiellement très dangereux
, explique l’avocat-criminaliste Walid Hijazi.
On risque de nuire au travail des policiers, parce que ça pourrait mener à de la destruction de preuves.
Et en se livrant à de la surveillance, en cernant des individus, en proférant peut-être des menaces, ou des communications répétées qui peuvent devenir envahissantes, ou si on enferme quelqu’un dans un endroit, on commet soi-même des crimes ou on peut soi-même être le sujet d’accusation pour harcèlement.
Plusieurs cas de chasseurs de pédophilie ont été médiatisés par le passé un peu partout à travers le monde, notamment au Royaume-Uni, aux États-Unis et en France.
L’auto-justice, ou vigilantisme, c’est-à-dire l’action de se faire justice soi-même, est un phénomène qui a notamment pris de l’ampleur avec les réseaux sociaux.
Avec les informations de Rebecca Kwan, de Frédéric Pepin et de Charles Lalande