Les mille et un disques de Jean-Christophe Mercier
Mois de l’autisme : à la découverte de la discothèque d’un mélomane et collectionneur de disques vinyle.

Passionné de musique, le microsillon est le support de prédilection de Jean-Christophe Mercier.
Photo : Radio-Canada / Simon Lasalle
Avec soin, Jean-Christophe Mercier sort un disque vinyle de la pochette de l’album Dark side of the Moon. Il le dépose sur un tourne-disque et place le diamant dans le microsillon qui convie, dans son salon, le groupe Pink Floyd. Dès les premières notes aériennes de Breathe, il esquisse un sourire. Puis d’un léger hochement de tête, il accompagne chaque envolée lyrique du morceau.
Ce disque est l’un des quelque 1300 albums que compte sa collection de vinyles. Il est certain de ce chiffre grâce à Discogs, un site qui consiste à cataloguer les albums selon le pressage, l’année de la fabrication et l’état des disques
, détaille le Gatinois Jean-Christophe Mercier.
Ça me permet de compiler tous mes albums par ordre chronologique, répertoriés par artiste, et ce de façon très méthodique en tant qu’autiste
, ajoute-t-il.
Plusieurs personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme cultivent de grandes passions. La sienne pour la musique et les disques lui a permis de créer de nouveaux liens, de rencontrer des amis dans le milieu culturel
, mais aussi des artistes qu’il a pu voir en spectacle.
Voit-il un lien entre ce passe-temps et le trouble du spectre de l’autisme? Assurément, répond-il. Je le vois se développer et ça devient plus fort à mesure que les années passent.
« Écouter de la musique met de bonne humeur, ça met du soleil dans mon quotidien. Ça met une bonne confiance en moi pour pouvoir persévérer dans tout ce que je fais, autant dans la carrière que dans la vraie vie. »

Avril est le mois de sensibilisation à l'autisme au Québec. On vous présente un jeune mélomane hors du commun. Jean-Christophe Mercier, qui vit avec un trouble du spectre de l'autisme et nous fait découvrir sa collection de vinyles.
Harvest de Neil Young, De Longueuil à Berlin de Michel Rivard, Joshua Tree de U2, So de Peter Gabriel ou encore tous les albums des Beatles
… Les mille et un disques de sa collection renferment de véritables trésors, incluant ses deux plus anciennes pièces : un original de Christmas Carols de Mantovani datant de 1954 et le disque Elvis' Christmas Album, pressé en 1957.
Une collection à valeur sentimentale
Le jeune homme de 32 ans a entamé cette collection il y a une vingtaine d’années, bien avant le retour en grâce d’un support d'enregistrement musical que l’on pensait désuet.
Il débourse entre 5 $ et 20 $ pour un vinyle, selon la condition et la qualité du pressage. Si l’état de l’album est impeccable et qu'il tient absolument à avoir, il peut payer jusqu'à 40 $.
« Avant d’acheter un vinyle, je [vérifie] sur Discogs [sa] valeur moyenne [...] Je peux écouter [un album] sur Spotify, sur une cassette audio ou un CD. Si je l’aime assez pour l'écouter en vinyle, je saute sur l’occasion. »
Mais au-delà de leur valeur financière, c’est d’abord une valeur sentimentale qu’il accorde à ses disques. Plusieurs pochettes ont ainsi été dédicacées par les artistes qu’il découvre sur scène, dans la région ou à Montréal. Parmi elles, Jaune de Jean-Pierre Ferland, J’attends encore de Geneviève et Alain ou encore Phoenix de Charlotte Cardin.
C’est ce qui donne une touche de plus à la discothèque que j’ai ici à la maison
, souligne Jean-Christophe Mercier. Lorsque la signature est faite, je repars avec le sourire puis le vinyle regagne la discothèque
.
De l’importance de poursuivre la sensibilisation à l’autisme
À quelques jours de la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, le 2 avril, Jean-Christophe Mercier rappelle que cette date donne le coup d’envoi, à travers la planète, au mois mettant en lumière la réalité des personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme.
C’est là que les intervenants, les ressources pédagogiques et les parents d’enfants, d’adolescents ou de personnes autistes s’impliquent pour la bonne cause, pour militer et montrer à quel point les personnes ayant des traits autistiques méritent d’avoir une place dans la société
, fait-il valoir.
Aujourd’hui agent administratif au CISSS de l'Outaouais, Jean-Christophe Mercier se sent bien intégré. Plus que ça
, ajoute-t-il, se remémorant le chemin parcouru, marqué par l’appui d’éducatrices spécialisées au primaire et au secondaire, l’aide pédagogique individuelle dont il a bénéficié au Cégep, et celle de ses professeurs et camarades de classe.
Au lieu de trois ans pour mon diplôme d’archiviste médical, ça m'a pris cinq ans. Avec de la persévérance et du courage, tout individu peut parvenir à ses fins
, conclut-il.
Avec les informations de Christelle D’Amours