Le prêtre à la retraite Arthur Massé acquitté d’attentat à la pudeur
Le prêtre retraité Arthur Massé, 93 ans, quitte le tribunal provincial du Manitoba, à Winnipeg.
Photo : La Presse canadienne / David Lipnowski
Arthur Massé, un prêtre à la retraite âgé de 93 ans, a été reconnu non coupable d’attentat à la pudeur jeudi par un tribunal à Winnipeg.
Rectificatif :
Une version précédente de ce texte indiquait à tort qu'Arthur Massé a été reconnu non coupable d’attentat à la pudeur par la Cour mercredi. Or, le verdict est tombé jeudi.
Il était accusé d’avoir commis un attentat à la pudeur contre Victoria McIntosh, qui avait 10 ans au moment des faits. Ceux-ci se seraient déroulés il y a 50 ans au pensionnat pour Autochtones de Fort Alexander, au nord de Winnipeg.
Le prêtre avait plaidé non coupable et avait affirmé n'avoir aucun souvenir de l'incident.
Selon Victoria McIntosh, le prêtre serait entré dans la cabine de toilette où elle se trouvait, il l'aurait soulevée et l'aurait tenue contre le mur. Il l’aurait ensuite embrassée et aurait tenté de la déshabiller.
George Green, l’avocat du prêtre, avait insisté, lors de sa plaidoirie finale, sur le fait que le témoignage de Victoria McIntosh était peu fiable et incohérent en raison de l’ancienneté des faits.
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La juge pas convaincue au-delà du doute raisonnable
La juge, Candace Grammond de la Cour du Banc du Roi, a déclaré qu’elle croit les déclarations de Victoria McIntosh quand elle dit qu’elle a été agressée, mais qu’elle n’est pas persuadée qu’Arthur Massé, en particulier, a été l’agresseur.
J’en suis arrivée à la conclusion, en prenant tous les éléments en compte, que l’identification de l’agresseur par la victime n’était pas suffisamment fiable pour me convaincre au-delà du doute raisonnable qu’il a commis une agression
, a-t-elle expliqué lors de la lecture de son verdict.
Les proches de Victoria McIntosh, certains portant des t-shirts orange Every Child Matters
(chaque enfant compte) l’ont prise dans leurs bras pendant la lecture du verdict.
Pas de justice pour les survivants
Il n’y a pas de justice pour les survivants. Je suis très en colère
a réagi, à la sortie du tribunal, Melissa Morrisseau qui était venue soutenir Victoria McIntosh.
Arthur Massé n'a, quant à lui, pas fait de déclaration aux médias à sa sortie du tribunal.
Arthur Massé et Victoria McIntosh sont les seuls témoins à avoir participé à ce procès qui s’est tenu durant deux jours au début de mars.
Le tribunal a appris qu'en 2013, Victoria McIntosh avait participé à des discussions de réconciliation avec le gouvernement fédéral dans le cadre des processus d'indemnisation des survivants des pensionnats. À aucun moment au cours de ce processus, la plaignante n'a allégué qu’Arthur Massé l'avait agressée, a fait remarquer la juge Candace Grammond.
Lors du procès, la plaignante Victoria McIntosh a laissé entendre que ce n'est qu'après 2013 qu'elle s'est souvenue de son nom. Elle a également déclaré qu'un personnage de dessin animé qu'elle avait vu au cours des dernières décennies lui avait remémoré le souvenir de cet homme.
Victoria McIntosh a cependant laissé entendre qu'elle n'avait jamais oublié l'incident en lui-même.
La GRC a enquêté sur le pensionnat de Fort Alexander pendant plus de 10 ans. Après 700 interrogatoires, la police fédérale avait conclu qu’Arthur Massé était le seul accusé.
L'Association des chefs du Manitoba (ACM) a réagi sur un ton de déception. Le verdict d'aujourd'hui nous dit que ceux qui représentent l'Église sont au-dessus de la loi, alors que de nombreux éléments prouvent que ces abus ont eu lieu dans les pensionnats
, estime la grande cheffe Cathy Merrick.
La grande cheffe trouve d’ailleurs que cette décision est inquiétante. Cela crée un précédent quant à la manière dont les tribunaux tiennent les auteurs de ces atrocités pour responsables. Une discussion plus large doit avoir lieu avec le gouvernement et les dirigeants des Premières Nations
, a-t-elle soutenu.
Avec des informations de CBC
