Des Premières Nations du Nord s’opposent à l’exploitation en accéléré de leurs terres

Des membres de cinq Premières Nations du Nord de l’Ontario se sont rendus à Queen’s Park pour dénoncer le manque de consultations du gouvernement de l'Ontario envers les plans de développements miniers sur leurs terres ancestrales.
Photo : Radio-Canada
Des dirigeants et membres de cinq Premières Nations du Nord de l’Ontario étaient rassemblés à Queen’s Park mercredi pour dénoncer le manque de consultations de la province au sujet des projets miniers sur leur territoire.
Dans son dernier budget, la province a ajouté 3 millions de dollars à l’enveloppe annuelle de 10 millions de dollars du programme de soutien aux petites entreprises d’exploration minière, qui aide notamment à développer le Cercle de feu.
« Le gouvernement Ford a octroyé des milliers de concessions minières sans le consentement des Premières Nations et essaie maintenant d’accélérer l’approbation de plusieurs projets dangereux, de repousser les plans de fermeture sécuritaire et de construire des routes menant au Cercle de feu qui posent un risque à l’environnement. »
Selon des experts et professionnels du secteur minier, la profitabilité et l’accessibilité de l’or expliquent cet investissement de l’Ontario.
Dans un communiqué publié peu avant un point de presse en avant-midi, l’Alliance des Premières Nations sur la défense des terres a indiqué que l’accélération de l’exploitation minière mènera à des conflits, plutôt qu'à la prospérité
.
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Cela fait plusieurs années que ces Premières Nations réclament davantage de consultations avant d’offrir de leurs terres et un partage équitable des profits dans l’éventualité d’une entente sur l’exploration minière.
La province semble faire ce qu’elle veut
Lors du point de presse, le chef de Grassy Narrows, Rudy Turtle, a déploré le manque de respect de la province dans ses démarches.
Le gouvernement devrait nous consulter et nous demander la permission de faire quoi que ce soit sur nos terres, mais ce n’est pas le cas. La province semble faire ce qu’elle veut.
« Ce n’est pas ça, la réconciliation. C’est diviser pour régner. Nous continuerons de nous battre pour nos terres ancestrales. Nous ne tolérons pas quoi que ce soit sur nos terres à moins que nous soyons consentants, mais à l'heure actuelle, nous ne consentons à rien. »
Plusieurs aînés prônent l’importance de revenir à un style de vie ancestral. Pour y arriver, il faut commencer par écouter les peuples autochtones.
À Grassy Narrows, nous vivons avec l’empoisonnement au mercure depuis 50 ans à cause des usines de pâte à papier
, dit Chrissy Isaacs en soupirant, soulignant l’incidence qu'a eu l’exploitation forestière sur la Première Nation.
« Nous ne tolérons plus la destruction et nous reprendrons le contrôle de nos vies. »
Pour sa part, Peter Moonias, ancien chef de Neskantaga, estime que la colonisation est la raison
pour laquelle les Premières Nations ont vécu autant de problèmes par le passé.
Si nous commençons à décoloniser beaucoup de choses, nous reviendrons à nos médecines et nos moyens de subsistance traditionnels
, dit-il.
En y arrivant, il serait possible, selon lui, de permettre aux différents peuples de faire fonctionner les choses comme nous le voulons
.
Sans consentement, il n’y aura pas de Cercle de feu
En matinée, le député néo-démocrate de Kiiwetinoong, Sol Mamakwa, a exprimé son mécontentement envers les nouvelles mesures budgétaires.
Durant la période de questions, il a demandé à Doug Ford un engagement à obtenir le consentement des communautés autochtones avant de travailler leurs terres et à rencontrer les dirigeants du groupe.
Ces requêtes ont été rencontrées par le silence de l’autre côté de la salle.
Le ministre des Affaires autochtones, Greg Rickford, est intervenu en indiquant que la province a pour priorité de trouver un consensus.
Nous rencontrons régulièrement les leaders autochtones de partout en Ontario, dit-il. [Ces réunions] servent à assurer que les ressources exploitées dans le Nord de l’Ontario soient distribuées de façon équitable.
M. Rickford défend que cette approche soit une façon équilibrée et équitable de permettre aux communautés autochtones de tirer profit des ressources et d’avoir leur mot à dire.
Des membres du regroupement autochtone installés dans la galerie ont interrompu la période de questions en rappelant que sans consentement, il n’y aura pas de Cercle de feu.
L’inaction de Doug Ford durant la période de questions a frustré M. Mamakwa et les membres de l’opposition.
C’est un manque de respect, croit-il. L’absence d’une réponse et son regard démontrent qu’il se fout des droits de ces Premières Nations.
Quand vous divisez, vous choisissez des gagnants et des perdants
, estime le chef libéral par intérim John Fraser.
« Une commission sur la vérité et la réconciliation a été créée pour nous guider dans nos relations avec les Premières Nations et le gouvernement doit respecter ça. Quand ce n’est pas le cas, voici ce qui se produit. »
Cela nous indique que ce gouvernement et Doug Ford ne veulent pas faire ce qu’il faut pour échanger avec et consulter les Premières Nations
, a ajouté la cheffe néo-démocrate Marit Stiles. Ils sont venus à Toronto à plusieurs reprises, ils ont demandé de lui parler et il refuse.
Selon le chef du Parti vert, Mike Schreiner, le gouvernement a la responsabilité de consulter et d’établir un consensus avec toutes les Premières Nations touchées.
Avec les informations d’Anne-Marie Trickey