Le programme de revenu garanti pour les personnes handicapées sème inquiétude et colère

Selon le militant de l'organisme Regina Anti-Poverty Ministry, les bénéficiaires du programme SAID sont forcés de retirer leur revenu du Régime de pension du Canada plus tôt que prévu. (Photo d'archives)
Photo : iStock / demaerre
L'organisme qui lutte contre la pauvreté, Regina Anti-Poverty Ministry, a déposé une contestation fondée sur la Charte canadienne des droits et libertés contre le gouvernement de la Saskatchewan à propos du programme de revenu garanti pour les personnes handicapées (SAID).
Selon Peter Gilmer, un militant de l'organisme Regina Anti-Poverty Ministry, les bénéficiaires du programme SAID sont forcés de retirer leur revenu du Régime de pension du Canada (RPC) plus tôt que prévu.
Nous pensons et nous savons qu'il est discriminatoire de forcer les personnes qui bénéficient du programme SAID à retirer leur argent du RPC de manière anticipée
, estime Peter Gilmer.
M. Gilmar appuie son argument sur une décision de la Cour d'appel du Manitoba. En 2020, la Cour d'appel a jugé qu'un homme handicapé de 65 ans, bénéficiaire de l'aide au revenu, avait été victime de discrimination, en violation de l'article 15 de la Charte des droits et libertés, lorsqu'il a été contraint de demander le RPC
de façon anticipée à l'âge de 60 ans.L'article 15 de la Charte énonce clairement que toutes les personnes au Canada – sans distinction de race, de religion, d'origine nationale ou ethnique, de couleur, de sexe, d'âge ou de déficiences mentales ou physiques – doivent être traitées avec le même respect, la même dignité et la même considération. Par conséquent, les lois et les programmes gouvernementaux ne doivent pas être discriminatoires.
D’après Peter Gilmer, la décision de la Cour d’appel du Manitoba montre que l'approche du gouvernement de la Saskatchewan est inconstitutionnelle.
De nombreux clients de l’organisme Regina Anti-Poverty Ministry sont touchés par ce fait, souligne Peter Gilmer.
Cela a des conséquences à long terme pour les personnes âgées de plus de 65 ans, car elles ont moins de revenus. En raison de leur âge et de leurs handicaps, elles sont condamnées à vivre dans une pauvreté encore plus grande pour le reste de leur vie
, explique le militant.
À lire aussi :
Dans son budget 2023-2024, la province prévoit une augmentation de 30 $ par mois pour le Programme de soutien du revenu de la Saskatchewan (SIS) et pour le programme SAID
.Selon les chiffres communiqués par le ministre des Services sociaux, Gene Makowsky, il y a environ 36 353 ménages en Saskatchewan qui bénéficient de l'aide au revenu, dont 18 493 du programme SAID
.Toute augmentation que nous sommes en mesure de faire doit être abordable et durable pour l'avenir
, indique Gene Makowsky.
Peter Gilmer estime que l’augmentation de 30 $ par mois est loin d’être suffisante pour faire face à l’inflation en cours. Il souligne également qu’il n'y avait pas eu de bonification du programme SAID
depuis huit ans, avant la dernière annonce.Nous avons assisté à des coupes sombres dans les aides supplémentaires à la location et dans toute une série de besoins spéciaux, de sorte que la vie est devenue de plus en plus difficile pour les personnes souffrant d'un handicap sévère et durable
, affirme M. Gilmer.
Des bénéficiaires du programme SAID
amersUne bénéficiaire du programme SAIDpénible et stressante
. Elle précise qu’elle touche 237 $ par mois par l'entremise du programme SAID .
Selon la femme de 25 ans, les prestations devraient être augmentées en fonction de l'inflation.
C'est pénible et stressant, et si mon père n'avait pas été là pour faire le travail de base, je n'aurais pas été capable de me battre pour moi-même, en essayant de changer les politiques
, affirme Shaylee Rosnes.
Un autre bénéficiaire du même programme, Colin Rosnes, fait remarquer que les règles du programme ne sont pas rédigées d’une façon compréhensible.
Il y a un déséquilibre dans le labyrinthe d'informations disponibles. Il y a 221 pages de politique, 62 pages de règlements et un nombre inconnu de procédures internes. Toutes ces informations sont spécifiquement rédigées en faveur du ministère
, estime Colin Rosnes.
« La plupart des personnes handicapées n'ont ni la capacité ni les moyens de revendiquer ces droits. »
Selon lui, même les fonctionnaires qui s'occupent des bénéficiaires ne semblent pas comprendre toutes les règles.
Avec les informations de Pratyush Dayal