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Aide internationale : les ONG « sous le choc » après le budget Freeland

Les organismes d’aide au développement s’inquiètent de la réduction de 15 % du budget de l’aide internationale.

Une jeune fille irakienne se tient devant la hutte familiale construite près d'un dépotoir dans la périphérie de Bagdad.

L'organisation Au-delà de nos frontières demande à Ottawa de fixer ses dépenses annuelles de développement à 10 milliards de dollars d'ici 2025.

Photo : AFP / Ali Yussef

Près d’une centaine d’organisations dénoncent un désengagement du Canada envers l’aide internationale et envers sa politique féministe à l’étranger.

C’est un manque de vision. Je vous dirais que c’est un manque de courage politique, laisse tomber Louis Bélanger, du regroupement Au-delà de nos frontières. C’est un choc pour nous, déclare pour sa part Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Oxfam-Québec.

Les ONG s’inquiètent de la réduction de l’enveloppe de l’aide internationale, qui est passée de 8,15 milliards de dollars en 2022 à 6,88 milliards dans le budget 2023. Elles s’étonnent de l’absence de nouveaux investissements pour améliorer la condition des femmes, des filles et des personnes vulnérables dans le monde.

« Le secteur est vraiment très déçu du manque de vision, du manque d'ambition du gouvernement libéral. »

— Une citation de  Louis Bélanger, directeur du regroupement Au-delà de nos frontières

Pour Béatrice Vaugrante, il s’agit d’un désengagement dans un moment extrêmement critique.

Dans le budget de 2022, le montant était plus généreux en raison, notamment, de la contribution canadienne au programme COVAX pour améliorer l’accès aux vaccins contre la COVID-19 en contexte de pandémie. Peu importe, les ONG y voient un recul inquiétant.

Ce n’est pas parce que la pandémie est derrière nous que nous n’avons pas de besoins criants, indique Louis Bélanger, soulignant les crises migratoire et climatique, ainsi que la famine à laquelle des pays doivent faire face.

En réaction au budget, 95 organisations d’aide internationale ont signé un communiqué conjoint pour dénoncer la baisse de financement et réitérer leur demande de bonification de l’enveloppe de coopération internationale du Canada à hauteur de 10 milliards de dollars par année d’ici 2025.

La directrice d’Oxfam-Québec est particulièrement inquiète de voir Ottawa se détourner de l’aide aux femmes. Elle trouve frustrant de voir le gouvernement libéral clamer des politiques féministes et puis abandonner les femmes à ce stade-ci, où, au contraire, elles sont de plus en plus attaquées dans le monde.

« Cela compromet tous les projets sur lesquels nous nous étions engagés qui demandent des investissements à long terme. On ne fait pas une politique féministe en six mois. »

— Une citation de  Béatrice Vaugrante, directrice générale d'Oxfam-Québec

Depuis des semaines, des organisations s’inquiètent des délais dans l’approbation du financement et dans le renouvellement de certains projets pour défendre les droits des femmes à l’étranger.

Béatrice Vaugrante dit comprendre que les Canadiens réclament de l’aide pour faire face à l’augmentation du coût de la vie ou que l’Ukraine ait besoin de l’appui des Occidentaux, mais n'oublions pas le reste de la planète. On ne vit pas dans un endroit complètement isolé des crises du monde.

Dans le budget déposé mardi, le gouvernement canadien a annoncé un prêt supplémentaire de 2,4 milliards de dollars pour l’Ukraine, qui sera versé par l’entremise du Fonds monétaire international.

Silence du ministre

Pour les ONG, le détachement du ministre du Développement international, Harjit Sajjan, retourne le fer dans la plaie.

Harjit Sajjan parle au micro lors d'une conférence de presse.

Le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, s'est défendu des constats de la vérificatrice générale du Canada selon lesquels Ottawa est incapable de mesurer les résultats de son « aide féministe » dans le monde.

Photo : Radio-Canada / Sean Kilpatrick

Béatrice Vaugrante juge préoccupant de voir le ministre publier un message sur Twitter à propos du budget, sans aucune référence à ce qui se passe dans son propre portefeuille de l’aide internationale.

Pour Béatrice Vaugrante, c’est à l’image du désengagement qu’on voit. On a besoin de leadership et je ne le vois pas.

Dans le budget 2023, on peut lire que le Canada est déterminé à améliorer la vie des femmes, des filles et des populations vulnérables dans le monde entier et à accroître l’aide internationale au développement chaque année d’ici 2030, sans pour autant indiquer de nouveaux engagements budgétaires.

Le document précise aussi que les chiffres sont des prévisions et ne comprennent pas les éléments qui arrivent à échéance et qui n’ont pas été renouvelés.

Une porte est donc ouverte pour de nouvelles annonces au cours des prochains mois, mais pour l’instant, l’incertitude règne.

À la rédaction de ces lignes, le bureau du ministre Sajjan n’avait pas répondu à nos questions.

Dans un rapport déposé lundi, le Bureau du vérificateur général du Canada a conclu qu’Ottawa était incapable de mesurer l’impact de sa politique d’aide internationale aux femmes.

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