La coquerelle mâle a trouvé une parade pour la femelle qui rejette ses avances

Une coquerelle en gros plan
Photo : iStock
Le mâle a trouvé la parade nuptiale au rejet du sucre qui lui permet normalement d'attirer la femelle : il modifie la composition de son offrande à celle qu'il courtise et il abrège les préliminaires avant de passer à l'acte, selon une étude parue mercredi.
En essayant d'appâter les coquerelles avec des compositions sucrées, les fabricants de pièges ne pouvaient supposer les conséquences que cela entraînerait sur les stratégies de reproduction de la bestiole.
Le saviez-vous?
Communément appelée coquerelle au Québec, la blatte porte plusieurs noms. En Europe, elle est appelée cafard ou cancrelat, et en Haïti, ravet.
Il y a 30 ans déjà, une étude dans la revue Science annonçait l'apparition d'une lignée de coquerelles germaniques ayant développé une aversion pour le glucose. De petite taille, Blattella germanica, l'espèce la plus commune de coquerelles, niche dans les cuisines du monde entier.
Les pièges pour l'éliminer ont longtemps fonctionné en utilisant son appétit pour le glucose, qui venait enrober une substance mortelle. Une partie des insectes s'est adaptée en les évitant.
L'aversion de ceux-ci pour le sucre a cependant eu un impact, car cette substance était au départ aussi importante pour l'alimentation que pour la reproduction, note l'étude publiée dans la revue Proceedings B de la Royal Society britannique (Nouvelle fenêtre) (en anglais).
Le mâle a une tactique bien particulière pour s'attirer les faveurs d'une femelle. Il déploie ses ailes en secrétant avec une glande un suc nuptial à base de maltose, une forme de sucre. La femelle vient y goûter en grimpant sur son dos, ce qui donne le temps au mâle de connecter son appareil génital à celui de sa partenaire.
Les femelles ayant développé une aversion pour le sucre afin de mieux éviter les pièges mortels ont aussi écourté leurs ébats avec les mâles, jusqu'à ce que ceux qui partageaient cette aversion trouvent la parade, comme l'explique l'étude menée par Ayako Katsumata, chercheuse au laboratoire d'entomologie urbaine de l'Université de Raleigh, pionnier dans ce domaine.
Double solution
La coquerelle mâle a développé deux techniques pour arriver à ses fins.
Il a modifié la composition de sa sécrétion nuptiale, qui contient cinq fois moins de glucose que celle d'un cafard lambda, et surtout deux fois et demie plus de maltotriose. Ce type de sucre a un double avantage : les femelles en sont très friandes, et il se convertit plus lentement en glucose que le maltose sous l'effet de la salive de la femelle.
Deuxième parade : la coquerelle mâle passe à l'action en 2,2 secondes en moyenne, presque deux fois plus rapidement que la coquerelle lambda, ne laissant pas le temps à la femelle de convertir une partie de son suc en glucose et écourtant ainsi les préliminaires.
Le grand perdant de l'affaire est désormais la coquerelle mâle lambda, qui s'évertue à produire un suc trop riche en glucose et qui, tardant à conclure, se fait renvoyer dans les cordes par la femelle quand elle s'en rend compte.
Les auteurs de l'étude soulignent qu'il est important de comprendre comment le trait d'aversion pour le sucre se répand dans la population de coquerelles si les industriels veulent concevoir des stratégies de lutte efficaces contre l'insecte.