•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La question des toilettes non genrées perturbe la réunion d’un conseil scolaire d’Ottawa

Une foule de manifestants devant un immeuble.

Environ 300 personnes se sont rassemblées à l'extérieur du siège social du Conseil scolaire du district d'Ottawa-Carleton.

Photo : Radio-Canada / Avanthika Anand

Radio-Canada

Environ 300 personnes se sont rassemblées mardi soir dans le stationnement du siège social du Conseil scolaire du district d'Ottawa-Carleton (OCDSB) afin de se faire entendre au sujet des politiques concernant les élèves transgenres.

Cette question n’était pas à l’ordre du jour du conseil scolaire, mais elle a suscité de vives réactions lors d’une rencontre précédente, lorsque des parents sont venus faire part de leurs inquiétudes au sujet de la politique en matière de toilettes inclusives.

Tous les élèves ont le droit d'utiliser les toilettes et les autres installations avec lesquelles ils se sentent le plus à l'aise. Cela inclut les installations pour les garçons et pour les filles ainsi que les installations mixtes, peut-on lire sur le site de l’OCDSB.

Ce conseil scolaire et plusieurs autres sont la cible de critiques pour avoir adopté des politiques similaires. Ils affirment défendre les principes soutenus par la Commission ontarienne des droits de la personne.

Avant la réunion, quatre voitures de police étaient déjà garées devant le bâtiment. Une déclaration publiée par ce conseil scolaire public anglophone explique que des agents étaient sur place pour surveiller la situation et pour fournir une assistance au besoin et que les membres du public devaient s'inscrire pour assister aux réunions.

Des personnes en file devant l'immeuble.

Seulement 75 personnes ont pu assister à la réunion du Conseil scolaire du district d'Ottawa-Carleton.

Photo : Radio-Canada / Avanthika Anand

Certains manifestants étaient enveloppés du drapeau arc-en-ciel, symbole de la fierté LGBTQ+ et de la diversité, alors que d’autres sont arrivés une bible à la main. Ces deux symboles mettent en lumière les deux discours qui s'opposent dans ce débat au sujet de l’utilisation des toilettes publiques à l’école par les élèves transgenres.

Des personnes dans la foule scandaient les droits des trans sont des droits de la personne, alors que d’autres criaient que Dieu vous bénisse.

Les personnes trans ne font pas peur. Ce sont des personnes, a déclaré en larmes Natasha Bridgen, mère d’un enfant transgenre, alors qu’elle faisait la file devant la salle.

Nous sommes ici pour nous assurer que mon enfant et les amis de mon enfant puissent aller à l'école et se sentir en sécurité [...]. Nous voulons nous assurer qu’ils puissent faire pipi dans n'importe quelle salle de toilette, a-t-elle ajouté.

Des personnes autour d'une table dans une salle de réunion.

Une affiche qui portait la mention « ne pas traverser » séparait les conseillers scolaires et le public lors de la réunion de mardi.

Photo : Radio-Canada / Avanthika Anand/CBC News

Pour Manon Phaneuf, mère d'un enfant trans, il était essentiel d'assister à cette rencontre.

En soutenant une cause qui nous tient à cœur en silence, on permet aux voix dissidentes de s'exprimer de manière plus forte. Ça prouve aussi que je ne laisserai pas passer les commentaires sans les contredire, a-t-elle expliqué en entrevue à Radio-Canada mercredi.

Mme Phaneuf estime que le débat est « mal dirigé ». Elle peine à croire que des toilettes non genrées inquiètent autant certaines personnes. Ce sont les étudiants transgenres qui sont à risque d'une agression. Ce sont eux qui ont peur d'aller à la salle de bains. Les enfants transgenres ne présentent pas un risque aux autres.

Manon Phaneuf en entrevue.

Manon Phaneuf estime que le débat est « mal dirigé ».

Photo : Radio-Canada

Réunion mouvementée

Seulement 75 personnes ont été admises à la réunion de mardi, conformément aux nouvelles mesures de sécurité annoncées par le conseil scolaire plus tôt cette semaine.

Le rassemblement de mardi fait écho à la dernière réunion du conseil scolaire, le 7 mars dernier.

Nick Morabito, qui est père de quatre enfants, avait alors fait état de ses inquiétudes par rapport à la sécurité de sa fille de 12 ans lorsqu'elle utilise les toilettes en même temps qu’une personne transgenre.

Une minute après le début de son intervention, la conseillère scolaire Nili Kaplan-Myrth lui avait coupé la parole.

Un petit groupe de participants avait alors interrompu la réunion et le conseil avait appelé la police.

Lors de la réunion de mardi, M. Morabito a de nouveau été autorisé à prendre la parole.

Il a soutenu que ses préoccupations ne se voulaient pas haineuses, discriminatoires ou transphobes. Il a plutôt affirmé que sa fille ainsi que d'autres élèves ne se sentent plus en sécurité et que leur intimité est brimée par la politique de toilettes inclusives.

Shannon Boschy, qui était candidat au poste de conseiller scolaire l'automne dernier à Ottawa, a exigé que le conseil s’excuse pour avoir réduit au silence M. Morabito.

Ce dernier a déjà comparé la non-binarité à un trouble mental et avait blâmé le programme d'éducation sexuelle de l'Ontario pour l'augmentation du nombre d'élèves transgenres et non binaires. Lors de l’élection, il avait obtenu six fois moins de votes que son adversaire Lyra Evans, qui est transgenre.

Une personne s'exprime dans un micro placé sur un lutrin devant elle.

Andy Boschy s'est adressé aux conseillers scolaires lors de la réunion de mardi. Son père, Shannon Boschy, est assis juste à côté de lui.

Photo : Radio-Canada / Avanthika Anand

Quatre autres groupes présents à la réunion de mardi ont réfuté ces arguments, notamment le fils transgenre de Shannon Boschy, Andy.

On nous traite de prédateurs et de violents. On nous accuse de mutiler les enfants et de mettre les femmes en danger tout simplement parce que nous existons et vivons une vie normale, a-t-il dit.

Nous devons veiller à protéger la sécurité et la dignité des élèves.

Son intervention a été accueillie par les applaudissements de la plupart des participants à la réunion.

Frances McRae est mère de deux enfants non binaires. Elle a présenté plusieurs données qui démontrent que les jeunes transgenres sont plus souvent victimes d’intimidation que les autres et qu’ils craignent davantage pour leur sécurité.

En tant qu'adultes, nous devons prendre des décisions en matière de politiques, de programmes et d'inclusion qui soient fondées sur des faits et sur des preuves qui démontrent de quel côté se situe la peur, croit-elle.

Il n'y a aucune preuve que les personnes transgenres ou les personnes 2SLGBTQIA+ sont des prédateurs, ajoute-t-elle.

Phoebe Qiao.

Phoebe Qiao est venue à la réunion de mardi pour parler de son histoire aux conseillers scolaires.

Photo : Radio-Canada / Avanthika Anand/Radio-Canada

Nous oublions que ces politiques concernent les enfants et les enfants transgenres les terrifient, a quant à elle fait valoir Phoebe Qiao, qui est transgenre.

Je le sais, car il y a deux ans à peine, j'ai dû me cacher alors que je vivais chez mes parents.

Elle estime que la réunion de mardi a été un succès.

Les alliés [de la communauté LGBTQ+], les personnes transgenres et les personnes queers sont venus en grand nombre pour témoigner de leur solidarité, a-t-elle indiqué.

C'est une démonstration de force de notre communauté et ça montre que nous ne laisserons pas passer ce genre de choses.

Avec les informations d'Avanthika Anand, CBC News

Commentaires fermés

L’espace commentaires est fermé. Considérant la nature sensible ou légale de certains contenus, nous nous réservons le droit de désactiver les commentaires. Vous pouvez consulter nos conditions d’utilisation.

En cours de chargement...