Devant la baisse d’inscriptions, l’UdeM crée une filière de musique populaire

L'Université de Moncton va ouvrir une filière dédiée à la musique populaire. (Photo d'archives)
Photo : iStock
Dès le mois de septembre 2023, les étudiants de l'Université de Moncton pourront, à partir de leur troisième année, bénéficier de l'enseignement d'un répertoire tiré de la musique populaire.
Il est question, par exemple, de jazz, de rock ou de théâtre musical.
Les étudiants pourront seulement faire le pont vers cette spécialité
à la troisième année de leur baccalauréat. La raison est simple, le département de musique tient mordicus au tronc commun de l'apprentissage de l'enseignement classique. Selon lui, c'est de cette manière que les étudiants pourront réellement terminer leurs études avec un bagage complet de connaissances musicales.
Selon le nouveau directeur du département, Roger Lord, il était primordial de conserver l'essence classique
du département, offert depuis son ouverture, il y a 50 ans.
On veut que les étudiants qui arrivent puissent avoir une formation complète qui leur permet de presque tout faire une fois sorti de l'école. [...] Ils vont pouvoir acquérir une base musicale assez solide, en théorie musicale ou en solfège dicté, etc. Ils auront tous les outils nécessaires
, mentionne le pianiste de formation Roger Lord.
L'étudiant qui voudrait strictement recevoir l'apprentissage de la musique populaire dès le début de ses études ne pourrait cependant pas le faire à l'Université de Moncton.
Une mutation nécessaire pour survivre
Avec ces nouveaux changements, le département devra également revoir sa manière d'enseigner et par le fait même revoir et réactualiser ses expertises. Par exemple, la professeure Lisa Roy, qui enseigne le chant classique depuis plus de 30 ans, se rendra prochainement à New York afin de suivre une formation sur le théâtre musical.
Monette Gould, qui a enseigné le chant plusieurs années à l'Université de Moncton et à l'Université Mount Allison, voit beaucoup de positif avec ce nouvel élargissement des compétences académiques.
Je pense que l'Université de Moncton fait vraiment un bon coup. Il faut faire des changements, on n’a pas le choix si on veut continuer à exister. En balançant les choses entre musique populaire et enseignement classique, ils vont rejoindre beaucoup plus de gens.
, affirme Monette Gould.
En effet, le département de musique de l'Université de Moncton connaît une baisse importante des demandes d'admission et il veut se réinventer pour rester à flot.
Selon Monette Gould, cette nouvelle formation est une très bonne manière de continuer à séduire les jeunes. La baisse de demande d'admission, elle est alarmante, mais des décisions comme ça vont beaucoup aider. Graduer de l'université avec seulement une formation classique, c'est difficile de se trouver un emploi. Mais avec l'élargissement des compétences, le bagage est encore plus complet et ils sont mieux préparés au marché du travail.
L'impact de la pandémie
Selon Lisa Roy, professeure de chant au département, les raisons de cette baisse des admissions sont multiples. Les dommages collatéraux de la pandémie notamment sont indéniables.
Les jeunes qui, trois ans passés avaient 15 ans, n’ont pas eu l'occasion à l'école de faire autant de musique qu'auparavant, il y'a eu un relâchement. [...] On se rend compte dans nos efforts de recrutement qu'il y'a un impact direct
, mentionne la professeure.
Elle estime également que la baisse des admissions peut être liés à l'abondance de choix qui est offert pour les jeunes. De plus en plus, les élèves du secondaire de la province ont du choix, ils peuvent aller ailleurs, aller dans d'autres provinces. On profite de cette occasion-là pour se poser des questions, connaître nos valeurs et définir ce que nos futurs étudiants désirent réellement.
L'analyse des besoins des étudiants a également motivé le département de musique de l'Université de Moncton à revoir son offre de services.
Devenir un créateur
Les méthodes d'apprentissages de la théorie et de la pratique de la musique ont également changé la donne dans les dernières années. À l'ère où pratiquement toute formation est disponible en ligne ou à l'aide d'application, une portion d'étudiant pourrait opter vers l'apprentissage en mode autodidacte plutôt qu'en salle de classe.
Une révolution des méthodes d'enseignement qui doit être analysée sous les deux côtés de la médaille selon Michel Deschênes, qui enseigne à l'Université de Moncton depuis près de 35 ans.
Oui il y'a un côté très positif et démocratique avec toutes ces technologies-là, mais des fois je dis à mes étudiants "va pas voir la pièce sur YouTube" par ce qu'on dirait que ça donne tout sur un plateau d'argent. Dans mon temps on n’avait pas accès à ça et ça nous obligeait d'être créatif
, mentionne le professeur de percussions.
Pour le professeur, les apprentissages du département de musique vont bien au delà de ce qu'ils pourraient apprendre sur internet. Ici, à l'école, on fournit tous les outils nécessaires à nos étudiants, oui pour apprendre un instrument, mais surtout à se développer complètement comme musicien ou compositeur, on leur donne un cadeau qui vaut de l'or, celui de devenir un créateur.
Vague de changement au département de musique
Afin de venir pallier le recrutement déficitaire, le département mentionne avoir plusieurs projets sur la table. Par exemple, une refonte de leur modèle de marketing sur les médias sociaux est en discussion pour notamment rejoindre les plus jeunes.
Les efforts de recrutement se poursuivent également lors de différentes tournées dans les écoles secondaires de la province.
À écouter :
Les membres du département ont également fait des tables rondes avec leurs anciens et actuels étudiants afin de connaître concrètement leurs besoins.
Avec cette vague de changement, le département de musique de l'Université de Moncton est en grande opération séduction des futurs virtuoses de la province.