La controverse des contrats à McKinsey provoque des changements à Ottawa
Le gouvernement réduira ses dépenses de consultants et reverra ses méthodes pour donner des contrats.
Le gouvernement réduira ses dépenses de consultants et reverra ses méthodes pour donner des contrats.
Photo : Reuters / Arnd Wiegmann
Alors que de nouvelles irrégularités ont été dévoilées, mardi, dans les ententes signées entre Ottawa et le cabinet-conseil McKinsey, le gouvernement Trudeau a annoncé plusieurs changements pour limiter et mieux encadrer l'attribution de ce genre de contrats.
Le document du budget de 2023 prévoit une réduction des dépenses affectées aux services de consultation, aux autres services professionnels
.
Ces économies, qui incluent les dépenses de déplacements, seront de l'ordre de 500 millions de dollars, puis de 1,7 milliard, chaque année suivante.
« Le gouvernement cherchera avant tout à axer cet exercice de réduction des dépenses sur les services professionnels, particulièrement les services de conseil en gestion. »
Le gouvernement Trudeau est sur la défensive, depuis le début de l'année, à la suite des révélations de Radio-Canada à propos de l'explosion des montants versés à la firme américaine McKinsey pour toutes sortes de conseils.
Depuis leur arrivée au pouvoir, en 2015, les libéraux ont octroyé plus de 100 millions de dollars pour les services du cabinet-conseil, c'est plus de 40 fois ce que le gouvernement conservateur précédent avait dépensé.
Les partis d'opposition et des syndicats de fonctionnaires accusent le gouvernement d'exagérer et de ne pas faire assez confiance à ses ressources internes.
De nouvelles irrégularités
Mardi, moins de 10 minutes avant le dévoilement du budget, le gouvernement fédéral a rendu public un nouveau rapport d'audit interne sur le processus d'octroi de contrats et les ententes signées avec McKinsey. Il en ressort des irrégularités supplémentaires, qui s'ajoutent à celles déjà communiquées vendredi.
L'analyse portait sur 19 commandes à McKinsey de la part de Services publics et Approvisionnements Canada (SPAC), soit pour son compte propre, soit pour le compte d'autres ministères.
« Dans l’ensemble, seule une partie des activités d’approvisionnement a été réalisée de manière équitable, ouverte et transparente conformément aux politiques applicables. »
On y apprend notamment que le processus non concurrentiel n'était pas justifié dans 18 des 19 commandes analysées à Services publics et Approvisionnement Canada. Et dans 14 des 19 commandes, il n'y avait aucune preuve qu'un agent avait vérifié la conformité du processus.
Par ailleurs, l'évaluation des risques n'a pas toujours été réalisée avant d'attribuer le contrat au fournisseur.
« Le dossier ne contenait aucune preuve que des recherches avaient été menées au moment de l’établissement de l’offre à commandes pour confirmer qu’il n’existait pas d’autres sources d’approvisionnement pour le même service ou un service équivalent. »
Il n'y a pas eu d'ingérence politique
, tient cependant à souligner Scott Bardsley, directeur des affaires parlementaires, au Bureau de la présidente du Conseil du Trésor du Canada, qui a supervisé les audits. Le Code de valeurs et d'éthique a été respecté.
Il évoque des problèmes administratifs
.
Recadrage dans la façon d'attribuer les contrats
La controverse sur le supposé « contrat » informatique signé jusqu'en 2100 avec McKinsey a aussi fait réfléchir le ministère. Même s'il s'agissait plutôt d'une qualification pour devenir un fournisseur au titre d'un arrangement en matière d'approvisionnement
, sans garantie de contrat au bout de la ligne, SPAC pense qu'il faut revoir la pratique d'ici l'automne 2023.
« Réévaluer les méthodes d’approvisionnement pour l’acquisition de services d’analyse comparative et lancer un processus pour de nouvelles méthodes d’approvisionnement avec des fonctions appropriées de gouvernance et de remise en question. »
D'ici septembre 2023, SPAC
communiquera également avec tous ses employés pour leur rappeler l'importance de bien documenter et archiver le processus d'attribution et la justification des travaux. Une formation sera aussi donnée à la vaste majorité du personnel d'ici juin 2024.