Itinérance à Moncton : le milieu des affaires veut déplacer les refuges hors du centre

Les défis liés à l'itinérance dans le centre-ville de Moncton ont pris de l'ampleur, selon les commerçants.
Photo : Radio-Canada
La communauté d’affaires de la rue St. George de Moncton demande à la ville et à la province de ne plus installer sur cette rue du centre-ville des refuges d’urgence pour les itinérants.
On ne peut plus coexister. C’est insensé
, lance Thierry Le Bouthillier, un homme d’affaires qui a assisté à une rencontre réunissant une trentaine de personnes, mardi matin à Moncton.
Il s’agit du deuxième cri du cœur depuis décembre de la part des gens d’affaires du Grand Moncton, qui veulent des actions immédiates et concrètes face au problème de l’itinérance. Un problème qui menace la viabilité économique et la croissance du centre-ville, en plus de mettre à risque des projets d’investissement et la réputation du secteur, selon eux.
Ils veulent que les services d’urgence aux itinérants soient centralisés et offerts hors du centre-ville.
Les commerces expliquent maintenant dépenser plusieurs milliers de dollars afin d’assurer la sécurité de leurs établissements. Cette présence ainsi que celle des sans-abris ferait peur aux citoyens, aux touristes et aux gens d’affaires qui songent à déménager dans un endroit plus sûr.
« J’ai un budget de 60 000 $ pour la sécurité de mes établissements sur la rue St. George. Plusieurs commerces ont aussi un coût élevé en sécurité pour éviter le vandalisme et le vol à l’étalage. Certains commerces ont choisi de fermer et de se relocaliser ailleurs. »
À lire et à écouter :
Un problème de proximité
Moncton a installé cet hiver des refuges d’urgence sur une de ses artères principales dans ce qui devait être une solution temporaire au défi de l’itinérance.
Allain Robichaud habite le centre-ville de Moncton depuis 20 ans. Il n’a jamais vu autant d’itinérants et assure que son quotidien a changé
.
L’augmentation de l’itinérance et de la criminalité ne l’a pas encore convaincu de déménager. Mais d’autres ont fait ce choix, par crainte, assure-t-il.
Je veux rester au centre-ville
, assure-t-il. Je ne veux pas déménager. Mais j’ai vu des amis déménager parce qu’ils ne se sentaient pas en sécurité. Les gens ne viendront pas au centre-ville s’ils ne se sentent pas en sécurité. Ce que disent les commerçants est un cri d’alarme. Nous souhaitons tous passer un bel été, mais sans solution, ce n’est pas prometteur.
Une grande frustration
Charles Léger, conseiller municipal à Moncton, convient que les gens d’affaires du centre-ville sont très frustrés
et que le dossier de l’itinérance a un impact négatif sur le milieu des affaires.
On sent une grande frustration contre la municipalité, mais la province est aussi responsable d'offrir des refuges et de répondre aux besoins en santé. En tant que conseil municipal, nous sommes ouverts aux solutions immédiates et à plus long terme
, dit-il.
Deux refuges d’urgence temporaires fermeront à la fin avril, a indiqué le conseiller municipal, qui milite en faveur d’un centre permanent avec les ressources adéquates pour aider les personnes les plus vulnérables.
Là, le seul endroit que les itinérants ont, ce sont les refuges d’urgence, alors que ça devrait être le dernier endroit
, croit Charles Léger.
Avec des informations de Babatundé Lawani et de La matinale