Entente sur le chemin Roxham : le Québec n’a pas été consulté, déplore l’opposition
Ottawa a conclu un accord avec Washington sur le chemin Roxham il y a un an sans en informer le Québec, dénonce le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Les partis d'opposition à Québec ont tous dénoncé, mardi, le fait que la province n'ait pas eu son mot à dire lors des négociations qui ont mené à l'accord entre Ottawa et Washington sur le chemin Roxham, annoncé vendredi dernier.
On est abasourdis par le fait que l’entente est signée depuis près d’un an et que le gouvernement du Québec non seulement n’a pas été consulté [mais aussi] n’a pas été informé de l’existence de l’entente
, a martelé le chef du Parti québécois. Paul St-Pierre Plamondon faisait référence aux récentes révélations selon lesquelles l'accord a été signé par Ottawa le 29 mars 2022 et par Washington le 15 avril 2022.
« La CAQ a beau essayer, comme elle l'a fait vendredi, de se vanter et de s'approprier les mérites de cette décision-là, le constat, c'est que la CAQ n'était pas dans le coup et n'est toujours pas dans le coup. »
Selon le chef péquiste, ce manque de considération témoigne de l'absence de rapport de force du Québec face à Ottawa sur des questions d'intérêt public.
Même son de cloche du côté de Québec solidaire. C'est une des raisons fondamentales pour lesquelles notre projet de société nécessite l’indépendance du Québec, a affirmé la co-porte-parole du parti, Manon Massé. C’est de pouvoir être, à ces moments-là, un acteur dont la voix est incontournable.
Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, s'est également dit surpris par le long délai avant que le gouvernement fédéral ne dévoile l'existence de l'entente. Il a soutenu que l'annonce aurait dû être faite dès la signature de l'accord.
On aurait aimé savoir pourquoi ils ont attendu un an, a-t-il lancé. Est-ce que ça a aidé la cause? Je ne pense pas. Parce qu’on a vu des dizaines de milliers [de personnes] arriver de façon désordonnée. Ça a créé des problèmes pour tout le monde, mais, au premier titre, [pour] ceux et celles qui sont passés par ce processus-là.
« Alors effectivement, c’est troublant. »
Le ministre caquiste responsable des Relations canadiennes, Jean-François Roberge, a de son côté qualifié les critiques du Parti québécois de pathétiques
. Il a estimé que le travail de son parti consistait à faire monter la pression
sur le gouvernement fédéral.
Un accord dramatique
, selon Québec solidaire
Guillaume Cliche-Rivard, avocat en immigration et député de Québec solidaire nouvellement assermenté, a profité de son arrivée à l'Assemblée nationale, mardi, pour critiquer vivement l'entente sur le chemin Roxham.
Au niveau humain, c’est une entente très très très dramatique, a-t-il déclaré. Les ONG , notamment la TCRI [Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes], parlaient de catastrophe humanitaire. Je pense que les mots sont bien choisis.
Selon ce député solidaire, cet accord ne fera que changer le mal de place en créant de plus en plus de passages irréguliers à la frontière canado-américaine, au détriment de la sécurité des migrants.
« Les gens vont passer par des centaines de mini-chemins Roxham, dans des situations périlleuses, dangereuses [...], et tout ça au profit des passeurs, qui vont charger de plus en plus cher pour des passages de plus en plus compliqués. »
M. Cliche-Rivard a réitéré la demande de son parti de plutôt opter pour une abolition de l'Entente entre le Canada et les États-Unis sur les tiers pays sûrs, ce qui aurait, à son avis, permis un partage plus équitable de la responsabilité d'accueillir les nouveaux arrivants entre les provinces canadiennes.
Le PQ
veut se défaire des étiquettes d'extrême droitePaul St-Pierre Plamondon, qui demandait depuis plusieurs semaines la fermeture du chemin Roxham, s'est aussi plaint des épithètes qu'une frange de gauche radicale
a accolées à son parti en raison de cette position.
On a tenté dans ce débat-là "d'extrême droitiser" les personnes qui croient que les frontières sont un élément normal d'une démocratie et d'une social-démocratie
, a-t-il soutenu.
Le chef du Parti québécois n'a toutefois pas voulu préciser à qui il faisait allusion en évoquant les personnes de la gauche radicale
.