L’adoption d’une définition spécifique de l’antisémitisme au cœur des débats à Winnipeg

C'est le conseiller municipal Markus Chambers est le président du comité des droits de la personne de Winnipeg.
Photo : Radio-Canada / Sam Samson
Une motion proposant que la Ville de Winnipeg adopte une définition spécifique de l’antisémitisme sera considérée seulement à titre d’information par le comité municipal des droits de la personne après que les membres du comité municipal ont refusé de l'adopter.
Cette motion propose d'adopter la définition de travail de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
L'organisme définit l'antisémitisme comme étant une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte.
Cette définition, parfois controversée, a été acceptée par un certain nombre de provinces, dont le Manitoba, l’an dernier.
Elle a également fait l’objet de critiques de la part de ceux qui craignent que sa formulation ne soit utilisée pour réduire au silence les critiques à l’égard d’Israël.
Environ 20 personnes se sont aussi présentés devant le comité des droits de la personne mardi et plusieurs se sont opposées à l'adoption de cette motion.
Le président du comité, Markus Chambers, indique qu'il est clair que toutes les parties doivent discuter davantage
.
Selon lui, le fait d'accepter cette motion uniquement à titre d’information permettra de poursuivre le travail de collaboration en vue d’une meilleure compréhension et d’une meilleure éducation sur ce que représente cette définition pour répondre aux préoccupations croissantes en matière d’antisémitisme
.
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Des divergences d'opinions
Membre du groupe Independent Jewish Voices Winnipeg, Harold Shuster s’inquiète que cette définition refroidisse considérablement les critiques d’Israël et les activités de solidarité avec les Palestiniens dans la Ville
.
Le simple fait que cette définition suscite un débat devrait suffire à vous faire réfléchir
, a-t-il déclaré devant le comité. Nous savons tous que l’antisémitisme est un problème et qu’il doit être combattu. Cette lutte doit cependant se faire par l’éducation et l’action collective, et non par une tentative de redéfinition .
La définition de travail comprend également une liste de formes d’antisémitisme contemporain, dont beaucoup ont été contestées par les délégués, y compris M. Shuster, parce qu’ils mentionnent Israël.
De son côté, la directrice générale du Centre du patrimoine juif de l’Ouest canadien, Belle Jarniewski, a demandé au comité d'adopter la définition de l'antisémitisme de l'IHRA
. Depuis 2013, elle fait aussi partie de la délégation canadienne auprès de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste.Elle affirme que la définition en question est censée être un outil éducatif qui aide à déterminer ce qu'est l’antisémitisme ou non.
Belle Jarniewsk a également indiqué que la définition précise que les critiques d’Israël sont similaires à celles formulées à l’encontre de tout autre pays
et ne peuvent pas être considérées comme antisémites.
Joel Kettner, professeur à l’Université du Manitoba, a également exhorté le conseil à ne pas adopter la définition, en raison de ses inquiétudes quant au caractère trop vague de certaines parties de son libellé.
M. Kettner, qui est juif, a également déclaré qu’il n’était pas certain que la définition de l'IHRA
soit nécessaire, étant donné les lois qui existent au Canada concernant le discours haineux.Je pense que l’objectif est de savoir ce que nous allons faire pour lutter contre l’antisémitisme. La dernière chose que nous voulons faire est de proposer une définition qui va commencer à diviser les gens, surtout si elle n’est pas nécessaire
, estime-t-il.