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Manifestations en France : les syndicats invités à rencontrer la cheffe du gouvernement

Les Français ont manifesté, mardi, pour une 10e journée consécutive.

Des manifestants se tiennent sur une structure surélevée alors que des policiers casqués font bloc dans la rue, dans un ciel enfumé.

De nouveaux affrontements entre manifestants et policiers ont eu lieu mardi.

Photo : Reuters / GONZALO FUENTES

Agence France-Presse

La 10e journée de manifestations mardi contre la réforme des retraites en France a été marquée par une fréquentation et des violences en repli, dans un climat général restant très perturbé, malgré une main tendue aux syndicats par la première ministre.

Des heurts avec les forces de l'ordre et dégradations ont émaillé les cortèges dans plusieurs villes, dont Paris. Un total de 201 personnes ont été interpellées et 175 policiers et gendarmes ont été blessés, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, dans un bilan communiqué tard le soir.

Le ministère de l'Intérieur a évalué à 740 000 le nombre de manifestants, dont 93 000 à Paris. Le 23 mars, lors de la précédente journée de mobilisation, ils étaient plus d'un million sur tout le territoire, dont 119 000 dans la capitale.

Le syndicat CGT a de son côté fait état de 2 millions de manifestants, contre 3,5 millions jeudi dernier. À Paris, ils étaient 450 000 mardi, contre 800 000 manifestants il y a cinq jours, selon la même source.

Les marches ont également été moins violentes. Des affrontements étaient craints après ceux ayant opposé samedi manifestants et forces de l'ordre dans une région rurale du centre de la France sur fond d'hostilité à un projet de retenue d'eau.

«Non à la retraite à 64 ans», peut-on lire sur cette affiche brandie par une manifestante à Paris.

Le projet de loi prévoit l'augmentation de l'âge légal pour partir à la retraite de 62 à 64 ans.

Photo : Reuters / BENOIT TESSIER

Une nouvelle manifestation prévue pour le 6 avril

À Paris, les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser un groupe de casseurs, dont certains, vêtus de noir et aux visages masqués, ont pillé un commerce et allumé un feu de poubelles, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les syndicats français ont appelé mardi à une onzième journée de grève et de manifestations le jeudi 6 avril partout dans le pays.

Peu après cette annonce, la première ministre Élisabeth Borne a invité les syndicats à une rencontre lundi ou mardi prochain, a indiqué le secrétaire général du syndicat réformiste CFDT Laurent Berger.

Une responsable du syndicat Solidaires, Murielle Guilbert, a dit pour sa part vouloir mettre des conditions avant de s'asseoir à une table.

La préfecture des Ardennes a dénoncé mardi des violences graves en marge de la manifestation qui a réuni 4000 personnes à Charleville-Mézières. Elle a déploré des jets de projectiles sur les forces de l'ordre, dont des bouteilles d'acide, et annoncé 18 interpellations.

Une femme dépose un sac à ordures sur des conteneurs d'ordures ménagères non collectés devant la tour Eiffel à Paris le 15 mars 2023.

Plusieurs secteurs sont perturbés en France, dont celui du ramassage des ordures. (Photo d'archives)

Photo : afp via getty images / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT

Quelque 49 personnes ont été interpellées à Nantes, où une agence bancaire a été incendiée et le tribunal administratif visé, et 6 à Rennes, où de nombreuses dégradations ont eu lieu, selon les autorités.

Dans l'est, Strasbourg, Besançon et Nancy ont aussi connu des échauffourées. À Toulouse, les forces de l'ordre ont fait usage d'un canon à eau.

Les transports perturbés

L'opposition à cette réforme emblématique du second quinquennat d'Emmanuel Macron, qui retarde l'âge de départ de 62 à 64 ans, s'est radicalisée depuis que le gouvernement a fait passer le texte sans vote à l'Assemblée nationale, s'exposant à des motions de censure qui ont échoué le 20 mars à le renverser.

De nombreux policiers, gendarmes, casseurs et manifestants ont depuis été blessés et des bâtiments publics incendiés, avec notamment de petits groupes de casseurs agissant de nuit.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a assuré mercredi que l'exécutif était le rempart à la violence illégitime.

Parallèlement, les blocages, piquets de grève et manifestations continuent, ce qui perturbe l'approvisionnement en carburant et certains axes routiers ou dépôts logistiques.

Des automobilistes font la file à une station-service de Nice, dans le sud.

Six raffineries de pétrole étaient à l'arrêt ou fonctionnaient au ralenti lundi, ce qui a entraîné des difficultés d'approvisionnement. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / ERIC GAILLARD

La circulation des trains a été fortement perturbée mardi. L'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes de renoncer à une partie de leurs vols jeudi et vendredi, notamment à Paris-Orly, en raison de la grève des contrôleurs aériens.

Plus de 15 % des stations-service de France étaient lundi à court d'essence ou de diesel.

Mise en garde contre un dérapage

À Paris, la tour Eiffel et l'Arc de triomphe sont fermés pour cause de grève, tout comme le château de Versailles.

Et des milliers de tonnes d'ordures, qui servent de combustible à des groupes de casseurs le soir, défigurent toujours la capitale française après plus de trois semaines de grève des éboueurs. Mais les syndicats ont annoncé la suspension de leur mouvement à partir de mercredi.

Tout en restant inflexible sur la réforme, le gouvernement clame sa volonté d'apaisement. Élisabeth Borne a ouvert lundi trois semaines de consultations, avec les parlementaires, les partis politiques, les élus locaux et les partenaires sociaux.

Plusieurs policiers casqués dans une rue de Paris, où brûle un feu.

Le gouvernement a mis en place un dispositif de sécurité composé de 13 000 agents à travers le pays, dont 5500 à Paris.

Photo : Reuters / GONZALO FUENTES

Les syndicats, qui ont mis en garde contre un dérapage incontrôlé de la contestation, n'entendent pas renoncer sur l'âge de départ à la retraite, clé de voûte de leurs mots d'ordre depuis janvier.

Le leader de la CFDT Laurent Berger, qui réclame une pause dans cette réforme, a demandé mardi à l'exécutif de mettre en place une médiation pour trouver une voie de sortie. La France ne se mène pas à coups de trique, a de son côté soutenu Jean-Luc Mélenchon, le héraut de la gauche radicale.

Nul besoin de médiation, a rétorqué le porte-parole du gouvernement, qui se dit prêt à négocier sur tout un tas de sujets liés au travail. Il estime cependant que la réforme est passée et que son sort est entre les mains du Conseil constitutionnel.

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