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Après la catastrophe ferroviaire et la colère, les Grecs appelés aux urnes le 21 mai

Kyriakos Mitsotakis se tient debout, l'air pensif.

Un mois après une catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts et suscité la colère de la population, le premier ministre de la Grèce, Kyriakos Mitsotakis, a annoncé la tenue d'élections générales le 21 mai 2023. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Petros Giannakouris

Agence France-Presse

Un mois après la catastrophe ferroviaire en Grèce qui a fait 57 morts et soulevé une vague de colère contre le gouvernement, le premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, sous pression, a annoncé mardi la tenue d'élections législatives le 21 mai.

Le pays et les citoyens ont besoin d'horizons clairs, a affirmé le chef du gouvernement, au pouvoir depuis juillet 2019, lors d'un conseil des ministres.

Il y a eu des erreurs, mais nous sommes là pour les corriger, a-t-il reconnu. Notre devise est désormais d'avancer ensemble, a-t-il plaidé.

Jusqu'à présent, le premier ministre avait seulement indiqué que les élections, qui doivent permettre de renouveler les 300 sièges du Parlement monocaméral (Vouli), devaient avoir lieu en mai.

Le dirigeant du parti de droite Nouvelle Démocratie (ND) est aux prises avec un vaste mouvement de contestation depuis la collision entre deux trains survenue le 28 février, qui a causé la mort de 57 personnes et mis en lumière de graves dysfonctionnements dans les chemins de fer.

Au plus fort des manifestations, le 8 mars, 65 000 personnes étaient descendues dans les rues, rappelant les cortèges du début des années 2010 quand, en plein marasme financier, la Grèce avait dû consentir à de douloureuses mesures d'économie qui suscitaient le rejet d'une population s'estimant sacrifiée.

Aux cris d'assassins, les Grecs, notamment les jeunes, ont manifesté avec force leur indignation face à ce que les autorités ont qualifié de tragédie nationale.

Ils se montrent particulièrement sévères avec la classe politique, accusée d'incurie depuis des décennies.

Cet accident ferroviaire est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, résumait ainsi le 8 mars à Athènes une manifestante, Spyridoula Togia, 30 ans, professeure dans un collège.

Kyriakos Mitsotakis a aussi été étrillé pour sa gestion jugée calamiteuse de l'accident, notamment lorsqu'il a affirmé, le lendemain, qu'il s'agissait d'une tragique erreur humaine.

Or, si le chef de gare en poste ce soir-là a été inculpé et placé en détention provisoire après avoir reconnu sa responsabilité, la vétusté du réseau ferré – propriété de l'État –, les graves retards pris dans la modernisation du système de sécurité et le manque de personnel ont été montrés du doigt.

Quelques semaines avant la collision, les syndicats avaient mis en garde contre le risque d'accident grave sans avoir été entendus par les responsables politiques.

Défaillances chroniques

Contrit, Kyriakos Mitsotakis a à plusieurs reprises fait son mea-culpa et reconnu des défaillances chroniques dans les chemins de fer.

Dans un pays où la justice est régulièrement accusée de partialité, il a aussi promis la transparence absolue dans l'enquête judiciaire en cours pour établir les responsabilités.

Des hommes masqués et armés de bâtons marchent dans les rues d'Athènes, en Grèce.

Au début de mars, le rassemblement pour protester contre l'état du réseau ferroviaire et pour dénoncer la collision survenue entre deux trains a viré à l'affrontement à Athènes, en Grèce.

Photo : Reuters / ALKIS KONSTANTINIDIS

Certains défilés ont dégénéré en violents heurts entre manifestants et policiers, ces derniers étant accusés de faire un usage disproportionné de la force.

Depuis la catastrophe, l'écart entre la ND et son principal rival, Syriza, le parti de gauche radical de l'ancien premier ministre Alexis Tsipras (2015-2019), s'est resserré. Avec entre 28,5 % et 30,2 % des intentions de vote, la ND ne devance plus son principal rival que de 3,5 à 4,1 points, selon des sondages.

De nombreux Grecs ont exprimé leur amertume face à ce qu'ils considèrent comme une déliquescence des services publics depuis les plans d'austérité imposés par les créanciers de la Grèce pour empêcher la banqueroute du pays.

Kyriakos Mitsotakis, 55 ans, a précisé qu'un deuxième scrutin serait organisé au plus tard début juillet si le premier ne permet pas de dégager de majorité absolue ou si les partis ayant réalisé les meilleurs scores ne parviennent pas à former une coalition.

En effet, en raison de deux réformes électorales entrées successivement en vigueur, les élections législatives du 21 mai se tiendront à la proportionnelle simple.

En cas de deuxième scrutin, un boni de sièges sera accordé au parti arrivé en tête, selon une loi votée par le gouvernement conservateur.

Atteintes aux libertés

Au cours de son mandat, Kyriakos Mitsotakis, dont le père a lui-même été premier ministre au début des années 1990, a été aussi épinglé pour les atteintes aux libertés, notamment de la presse.

Il est aussi au cœur d'un scandale d'écoutes téléphoniques qui a touché des centaines de personnalités, dont le dirigeant du parti socialiste PASOK-KINAL. Athènes a toujours réfuté avoir eu recours au logiciel espion israélien Predator.

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