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À Winnipeg, moins de 1 policier sur 10 est issu de la diversité

La policière Const. Dale McDonald de face.

La policière Dale McDonald dit qu'elle est l'une des seules policières noires du Service de police de Winnipeg.

Photo : Radio-Canada / Walther Bernal

Le Service de police de Winnipeg reste en majorité peu diversifié, selon le dernier rapport de la Ville. Certains experts pensent que ce manque de diversité peut à terme entraîner « une situation qui ressemble à celle des États-Unis », avec des conséquences dramatiques pour les communautés sous-représentées.

Sur les 1355 policiers travaillant à Winnipeg en 2021, seuls 8,6 % étaient issus de la diversité, 12 % étaient des Autochtones et 16,2 % des femmes, selon le rapport annuel (en anglais) (Nouvelle fenêtre) du service.

Hormis les Autochtones, qui représentent aussi 12 % de la population de Winnipeg selon Statistique Canada (Nouvelle fenêtre), la représentation de ces groupes au sein des effectifs de police diffère de celle de l'ensemble de la population de la ville.

D’après les données de l'agence fédérale, environ une personne sur trois vivant à Winnipeg est issue de la diversité (31 %) et la moitié des habitants sont des femmes (51 %).

La policière Dale McDonald, qui travaille au Service de police de Winnipeg, voit cette réalité au quotidien. Elle affirme que seuls quatre ou cinq policiers de la Ville sont des femmes noires.

Elle défend toutefois qu'il est important d'avoir de la diversité dans la police. Je pense que les personnes [issues de la diversité] se sentent plus à l’aise de me parler de leurs problèmes et qu'ensemble, nous pouvons trouver des solutions, dit-elle.

Lever les barrières

Lors de ses débuts, en 1994, Dale McDonald était la deuxième femme noire policière dans l’histoire de Winnipeg. Elle est désormais membre de la section de prévention de la criminalité et de diversité de l’Unité de soutien à la communauté, où elle mène des actions de sensibilisation et se rend dans les écoles.

Elle confie qu’en tant que policière, elle espère inspirer d’autres jeunes filles noires pour qu’à leur tour, elles se lancent dans le métier.

«  Quand on ne se voit pas, on se dit que ce n’est peut-être pas un endroit pour soi . »

— Une citation de  Dale McDonald, policière à Winnipeg
La policière en uniforme lorsqu'elle était jeune.

La policière a raté une première fois son examen d'entrée avant de le réussir au début des années 1990.

Photo : Fourni par Dale McDonald

Dale McDonald observe que le Service de police de Winnipeg s’efforce de promouvoir la diversité au sein de son équipe depuis de nombreuses années.

Dans les années 1990, elle a elle-même bénéficié d’un programme de développement visant à recruter davantage de femmes et de personnes issues de la diversité.

Elle constate que depuis, de nombreuses femmes ont été recrutées.  Il se peut que deux femmes travaillent dans votre équipe. [...]  Il peut même y avoir une femme dans chaque voiture, explique la policière.

Des conséquences dramatiques

Franck Cormier, criminologue à l’Université de Winnipeg, estime que malgré ces efforts, le manque de diversité actuel pose problème. Une personne qui a le même vécu sera beaucoup plus efficace dans sa tentative d’aider.

Il estime que la diversité est bénéfique pour les services rendus à la population. Les policiers sont moins susceptibles de mal comprendre une situation et d’agir d’une manière qui n’est pas justifiée.

Cependant, il prévient que des quiproquos peuvent avoir des conséquences dramatiques.

« Dans le pire des cas, nous commençons à nous retrouver dans une situation qui ressemble à celle des États-Unis, où des innocents sont tués, simplement parce que nos policiers ne sont pas suffisamment informés et ne reflètent pas les populations qu’ils servent. »

— Une citation de  Franck Cormier, criminologue à l’Université de Winnipeg

Selon d'autres professeurs, le manque de diversité vient aussi camoufler un problème plus ancré dans la profession. Le professeur associé à l’Université de Saint-Boniface et consultant en gestion de diversité culturelle, Mamadou Ka, estime que la formation est à revoir.

Les politiques d’embauche sont truffées de préjugés, estime le professeur. Il pense d’ailleurs que se débarrasser des préjugés prendra du temps, puisqu’ils sont surtout inconscients.

De son côté, le criminologue Jean Claude Bernheim estime que tant que les écoles de police ne changeront pas leurs pratiques, la diversité n’améliorera pas à elle seule les rapports entre la police et la population.

La proportion d’Autochtones au sein des corps de police est similaire à celle de la population, mais je ne pense pas que [les Autochtones] sont satisfaits de la façon dont ils sont traités par l’institution policière, justifie le criminologue.

Avec les informations de Emily Brass et Cédrick Noufele

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