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Plus de temps d’attente sur le réseau de transport public de Toronto

Des passagers font leurs entrées sur un autobus de la CTT.

De nombreux usagers seront forcés d'attendre plus longtemps avant de monter à bord d'un métro ou d'un autobus, au grand désarroi de certains.

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

Depuis dimanche, la Commission de transport de Toronto (CTT) a ajusté la fréquence de ses itinéraires, ce qui inclut une réduction de service sur près de 20 % de ses lignes. L‘agence de transport public avance une nécessité budgétaire face à une perte de revenus, tandis que des usagers dénoncent ce qu’ils considèrent comme une injustice.

La plupart des 39 lignes affectées concernent des itinéraires d’autobus, et les changements apportés sont très variables. Les passagers des lignes express de Dufferin (929) et de Jane (935), très utilisées, doivent par exemple attendre trois minutes de plus pour monter à bord lors de l’heure de pointe du matin. La ligne 2 du métro est quant à elle mieux desservie en période de pointe matinale, mais nettement moins tard le soir, en semaine.

Cette série d’aménagements reflète une volonté de coller au comportement des usagers, assure la CTT.

Les ajustements effectués au cours du week-end portent vraiment sur le fait que l'achalandage est maintenant à 70 % de ce qu'il était aux niveaux prépandémiques, justifie le porte-parole de la CTT, Stuart Green. Mais nous fournissons toujours plus de 90 % du service d’avant la pandémie.

Les coupures de service touchent principalement les trajets plus lents et moins fréquentés, selon la CTT.

Des usagers montent à bord d'un autobus.

L'autobus express de la rue Jane fait partie des lignes affectés. Près de 80 % des itinéraires du réseau restent inchangés.

Photo : CTT

Lorsque vous regardez le rapport entre le service et l'achalandage, on s’en sort très, très bien, poursuit M. Green.

Il fait aussi valoir le renforcement du service sur certaines des lignes les plus achalandées et aux heures les plus fréquentées, dans certains quartiers prioritaires. Il évoque par ailleurs la création d’une nouvelle ligne d’autobus, dans le quartier Stanley Greene dans le nord de la ville.

Un impératif économique pour la CTT

Une seconde phase d’ajustement des dessertes sera mise en place au mois de mai, selon la CTT, qui n’en a pas encore livré les contours.

L’ensemble de la réduction de l’offre doit faire économiser près de 50 millions de dollars en coûts d’exploitation pour la CTT cette année, alors que l’organisme déplore un déficit de plus de 300 millions de dollars en grande partie développé lors de la pandémie.

C'est un coup dur du côté des usagers, qui devront par ailleurs payer plus cher leur billet dès le 3 avril.

Je trouve ça très injuste, pense Lauren Kabagema, 22 ans. Comment pouvez-vous nous facturer plus si on a moins de service? Ça n'a aucun sens.

« Toronto est une ville très peuplée et la population ne cesse de croître. On doit s’assurer de pouvoir maintenir un bon service. Notre infrastructure doit répondre à cette demande. »

— Une citation de  Lauren Kabagema, usagère régulière de la CTT

Le groupe de défense des usagers TTCRiders a tenu lundi une journée d’action pour protester contre la réduction de service.

Toronto n'est plus cette ville pratique

La coordinatrice du groupe, Monica Mason, affirme que ces coupes affectent en grande partie les personnes à faible revenu, les personnes racialisées, les femmes et les travailleurs avec des quarts de travail décalés.

Monica Mason devant une station de métro.

Monica Mason, du groupe TTCRiders, demande une annulation des changements apportés à la desserte ainsi que des investissements fédéraux et provinciaux dans les transports en commun.

Photo : Radio-Canada

Ces réductions signifient que vous pourriez être en retard au travail ou à l'école et manquer votre connexion, ce qui signifie être encore plus en retard, relève-t-elle.

Si j'ai besoin d'être quelque part à l'heure, je ne vais sûrement pas utiliser la CTT, voilà mon état d’esprit en ce moment, lance à ce propos Nia Lee, qui fait habituellement la navette le long de la rue Jane, dans l’ouest de la Ville Reine.

Nia Lee face à un micro.

Nia Lee, usagère régulière de la CTT, souhaite une « refonte complète » du réseau, qu'elle considère comme étant de moins en moins fiable.

Photo : Radio-Canada

Mme Lee déplore des autobus déjà pleins en bas de chez elle. 

Toronto n'est plus cette ville pratique et vivable qu’on connaissait autrefois, regrette-t-elle.

Moins de service, plus d'insécurité?

Par ailleurs, les changements amorcés par la CTT ravivent le sujet brûlant de la sécurité alors que deux attaques au couteau ont eu lieu sur le réseau au cours du week-end.

Samedi soir, un adolescent de 16 ans, Gabriel Magalhaes, est mort après avoir été poignardé dans la station de métro Keele. Il s’agissait, selon la police, d’une attaque non provoquée.

Les usagers de la ligne 2 vont attendre jusqu'à 8 minutes tard dans la nuit du lundi au vendredi et ça n’aide pas en termes de sécurité, renchérit Monica Mason.

En tant que femme seule isolée sur la plate-forme [de métro], c'est un problème de sécurité pour moi.

Le nombre total d’incidents est en baisse, rétorque le porte-parole de la CTT, qui met plutôt de l’avant les millions de trajets qui se déroulent sans encombre et les mesures de sécurité entreprises par la Commission.

Les quartiers marginalisés plus affectés que les autres, selon une étude

Bien qu’il lui a été difficile d’effectuer ces changements de service, la CTT dit avoir gardé à l'esprit l'équité.

Un nouveau rapport de L’Université métropolitaine de Toronto indique cependant que les réductions de service auront probablement un impact supérieur sur les quartiers les plus marginalisés de Toronto.

Une carte de Toronto.
Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre)

Les lignes de transport marquées en vert subissent une hausse de plus de 10 % du temps d'attente entre deux véhicules. Le temps d'attente augmente de moins de 10 % sur les lignes marquées en bleu.

Photo : Radio-Canada

Il s’agit de secteurs où les résidents dépendent du transport en commun pour se déplacer et pour qui le transport en commun n'est pas un choix, explique le rapport.

Les changements du niveau de service proposés par la CTT rendront probablement ces quartiers plus pauvres en termes de mobilité, créant des obstacles supplémentaires à la participation des résidents à l'emploi, à l'éducation et à la société en général.

Avec des informations d'Anne-Marie Trickey et de CBC

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