Les services de soutien à domicile demeurent « limités »
Le Québec demeure en queue de peloton au Canada en matière de budgets consacrés aux soins à domicile, constate la commissaire à la santé et au bien-être, qui suggère du même coup d'accorder une plus grande place à « l’innovation ».

La commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Lors du dépôt du budget provincial la semaine dernière, le ministre des Finances a annoncé des sommes additionnelles d’environ 150 millions de dollars cette année « afin d’offrir un nombre plus élevé d’heures de services de soutien à domicile » grâce à l'embauche de personnel.
Environ 350 000 personnes reçoivent chaque année des soins à domicile, que ce soit de la part d'infirmières ou d'ergothérapeutes ou encore pour de l’aide domestique, notamment. Sans oublier la liste d’attente, qui approche les 19 000 usagers.
Or, selon la commissaire à la santé et au bien-être (CSBE), Joanne Castonguay, la réponse aux besoins en soins et services de soutien à domicile demeure limitée
.
Dans un rapport consulté par Radio-Canada, l’équipe de la commissaire dresse un premier bilan dans le cadre du mandat que lui avait confié, l’an dernier, le ministre de la Santé, Christian Dubé, dans le but d'évaluer la performance
des programmes de soutien à domicile.
Citant les données de l’Institut canadien d’information en santé (ICIS), le rapport indique notamment que le Québec investit 259 $ par habitant en services à domicile et en soins communautaires, ce qui le place au 11e rang au Canada
.
En 2020, le Québec a consacré plus de deux milliards de dollars au soutien à domicile (SAD), sans compter des crédits d’impôt de 700 millions de dollars pour l’aide à domicile et pour les proches aidants.
Comme le fait remarquer Mme Castonguay, il y a eu une hausse de 30 % entre 2016 et 2020 et ça ne nous a pas permis de rattraper les autres provinces
.
Faire plus avec ce qu’on a
Pour la commissaire Castonguay, l’avenir des soins à domicile ne doit plus nécessairement passer par une augmentation des ressources financières et humaines.
« On doit soutenir l’innovation, faire plus avec les moyens qu’on a, ne pas presser le citron, mais travailler autrement, travailler sur des choses qui sont plus pertinentes. »
Selon Mme Castonguay, on [se concentre] sur des choses bien établies, comme aller faire le ménage [à domicile], aller donner la pilule. C’est tout séparé alors qu’il y a plein de choses qu’on pourrait faire qui amélioreraient les résultats [...] et peut-être qu’on pourrait servir un peu plus de gens
.
La commissaire donne l’exemple de l’organisation des soins palliatifs au CLSC de Verdun, où l’accès à des soins médicaux permet à une majorité d’usagers de terminer leurs jours à domicile. Une exception au Québec.
Les médecins sont généralement peu impliqués en soutien à domicile
, constate l’équipe de la commissaire, qui pointe également la complexité pour les proches aidants de s’y retrouver.
Radio-Canada a rendu public lundi le témoignage d’un patient en Montérégie-Est où l’absence de médecin désigné dans certains CLSC complique l’organisation des soins.
L’équipe de la CSBE doit publier une série de recommandations dans un rapport final en décembre prochain.
Au compte-gouttes
, constate le Collège des médecins
Outre la CSBE, le Collège des médecins du Québec (CMQ) s’est également penché ces derniers mois sur l’organisation des soins à domicile.
Il semble que les CLSC limitent au compte-gouttes le soutien à domicile, notamment en raison du roulement et de la rareté du personnel
, écrit le Collège au terme de discussions avec des comités d’usagers un peu partout au Québec.
Les comités ont par ailleurs proposé au CMQ la création d’une nouvelle spécialité de médecine à domicile.
Appelé à réagir mardi matin, le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, évalue à 3 milliards de dollars les sommes additionnelles pour réaliser un virage pour des soins à domicile. Faire le virage vers les soins à domicile, c'est une réorientation budgétaire importante que la CAQ ne veut pas faire
, affirme-t-il.