Élan d’amour pour un chauffeur d’autobus aventurier de Campbellton
Luc LeBlanc, ce Néo-Brunswickois d'Atholville, a marché jusqu'au camp de base du mont Everest à plus de 5000 mètres d'altitude. À son retour au travail lundi, l'homme, qui est chauffeur d'autobus à Campbellton, a été accueilli en héros par les enfants venus le féliciter.

« Monsieur Luc », comme il est surnommé par les enfants de l'école Le Galion des Appalaches, a été accueilli en héros lundi à son retour au travail.
Photo : Radio-Canada
L’Everest. Le point culminant de la planète avec ses 8849 mètres. Le sommet du monde. La montagne impose le respect à quiconque veut la gravir. Plusieurs essaient de la dompter, peu y réussissent.
Pour y arriver, il faut d’abord atteindre le camp de base, à 5364 mètres d’altitude. C’est moins haut que le Kilimandjaro, en Afrique, et ses 5895 mètres. Mais c’est 1000 fois plus impressionnant.
Parlez-en à Luc LeBlanc, d’Atholville, dans le nord du Nouveau-Brunswick.
Ce chauffeur d’autobus scolaire a repris son circuit le menant à l’école Le Galion des Appalaches de Campbellton lundi matin. Il ne s'attendait pas à la belle surprise qu'on lui réservait à son arrivée à l’école.
Les élèves l’ont accueilli en héros. Monsieur Luc! Monsieur Luc! Monsieur Luc!
, ont-ils scandé en chœur.
Félix Maltais, un élève de 5e année, a tenu à porter un chapeau, car « Monsieur Luc » en porte tout le temps un, a-t-il noté. C’est un bon conducteur qui fait toujours des blagues. Il a fait ça et il a été vraiment bon. On voulait le féliciter et on l’a bien accueilli
, explique-t-il.
Quant au principal intéressé, la surprise a été complète.
Je ne pensais pas que c’était pour moi. Je croyais qu’il y avait une activité scolaire à l’extérieur. Quand j’ai vu une pancarte avec une montagne, j’ai trouvé ça too much. Ça me touche beaucoup
, raconte le chauffeur d'autobus, très ému.
« Cet accueil est plus wow que la montagne. Si j’ai pu toucher les gens et donner le goût à quelqu’un d’y aller… »
Un coup de tête
Cette aventure, Luc LeBlanc l’a tentée sur un coup de tête. Il y a pensé en janvier. Tout s’est réglé en moins de trois semaines, affirme-t-il. Les billets d’avion, les guides, l’équipement, etc. L’argent aussi, car ce n’est pas donné.
À 56 ans, c’était le moment de le faire, lui a conseillé sa conjointe. Il l’a prise au mot. Ce voyage a puisé chaque parcelle de son énergie et de ses émotions. Mais ça valait le coup, proclame-t-il.
C’était très demandant. Vraiment demandant. Tous les jours, il devait y avoir une vingtaine de marcheurs qui se faisaient évacuer en hélicoptère. Ce n’était plus une petite marche dans le bois. C’était très impressionnant. C’est comme courir avec une paille dans la bouche pour respirer. C’était incroyable
, raconte Luc LeBlanc.
À lire et à écouter :
La montagne et la culture du Népal
L’ascension a duré neuf jours, à pas de tortue, tout le temps en montée. L’équipe a traversé plusieurs petits villages népalais. Oui, il y a la montagne et ses défis, mais il y a aussi les gens et la culture.
« C’est une autre planète! On voit ça dans les livres et dans les films, mais quand tu es là, c’est absolument incroyable. Les gens sont gentils, tout le monde veut t’aider. La montagne, c’est quelque chose et c’est un exploit, mais du côté culturel, c’est tellement incroyable que je ne peux pas l’expliquer. C’est si grandiose qu’il faut être là pour le croire. »
Les montagnes de l’Ouest canadien, c’est bien beau. Le Kilimandjaro, que j’ai grimpé en 2013, aussi. Mais rien ne se compare à ça tellement c’est surnaturel
, insiste le grimpeur, qui a gardé contact pendant son voyage avec plusieurs personnes au Restigouche, dont ses parents Yvonne et Alex, sur les réseaux sociaux.
Ça prend toutes tes émotions. J’en avais les larmes aux yeux, car je sentais les gens avec moi. Il y avait une connexion et je ne me sentais pas seul sur la montagne
, poursuit-il.
Luc LeBlanc ne cache pas que c’est l’expérience d’une vie et que s’il en avait l’occasion - et l’argent -, il viserait le sommet de l’Everest.
Quand j’ai fait le Kilimandjaro, quelqu’un m’a demandé comment je pourrais égaler ça. Maintenant que j’ai vu le camp de base, je me demande maintenant ce qui pourrait égaler ça. Je ne sais pas.
En plus de ces souvenirs impérissables de la montagne, « Monsieur Luc » a eu droit à plusieurs cartes de félicitations fabriquées par les élèves. Je vais toutes les regarder. Je vais les garder toute ma vie
, promet-il.
Avec des informations de Serge Bouchard