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À ma défense : une incursion poignante dans les coulisses de l’aide juridique

Un avocat parle à son client.

Me Charles Benmouyal, avocat criminaliste à l'aide juridique, parle à l'un de ses clients.

Photo : Radio-Canada

Charles Rioux

Chaque année, plus de 250 000 personnes au Québec ont recours gratuitement à l’aide juridique, qui se présente souvent comme le dernier rempart en matière de justice. La série À ma défense, diffusée de lundi à vendredi à 20 h cette semaine sur ICI RDI, nous plonge dans le quotidien de six avocats et avocates qui en ont fait leur cheval de bataille. 

Que ce soit pour un meurtre au second degré ou une simple infraction, qu’une personne soit aisée financièrement ou à la rue, tout le monde a le droit à une défense équitable; c’est un principe de justice fondamentale auquel les avocats et avocates de l’aide juridique se consacrent corps et âme tous les jours. 

La série documentaire en cinq épisodes nous fait découvrir le travail de six juristes de l’Aide juridique de Montréal et de Laval, qui est parmi les cabinets juridiques les plus occupés du Québec, avec près de 72᠎᠎ 000 demandes par année. 

Les avocats de l'aide juridique annoncent qu'ils déclencheront la grève en avril prochain. Cela n'empêchera pas la présentation d'une nouvelle série documentaire, « À ma défense », qui nous fait justement découvrir leur travail. Reportage de Nabi Alexandre Chartier.

Le public pourra faire la connaissance de Me Justine Lambert-Boulianne, spécialisée en droit familial, ou encore de la criminaliste Me Elfriede Duclervil, qui a défendu la mère de famille Stéphanie Brossoit. Cette dernière a récemment plaidé coupable à une accusation d’homicide involontaire après avoir tué sa fille de six ans à coups de couteau. 

« L’aide juridique est très méconnue. On croit à tort qu’on aide les gens à frauder l’aide sociale, on a l’impression qu’on est des avocats de seconde classe [...] alors que sur le terrain, c’est complètement le contraire.  »

— Une citation de  Me Justine Lambert-Boulianne

La série permet de mettre en lumière le travail de ces juristes à travers un éventail de cas réels : vols, menaces, séparations et garde d’enfants, violence conjugale, évictions de logements, itinérance, consommation, santé mentale et même homicide.

Une avocate tient des dossiers dans un couloir du palais de justice de Montréal.

Me Justine Lambert-Boulianne est avocate à l'aide juridique depuis 12 ans.

Photo : Radio-Canada

Au-delà du crime ou de l'infraction, l’être humain 

À ma défense ne donne pas seulement la parole aux juristes, mais aussi à leurs clients et clientes, qui acceptent de se dévoiler, même lorsque le crime ou l’infraction qu’on leur reproche est particulièrement réprouvé, par exemple cet homme, dans le premier épisode, qui est accusé d’agression sexuelle sur une personne mineure. 

Loin du Code criminel et des vices de procédure, le travail des avocats et avocates est souvent doublé d’une composante de travail social. L’incursion dans le quotidien de Me Charles Benmouyal, dans le deuxième épisode, est particulièrement édifiante à cet égard. 

Un homme prête serment dans une salle de cour.

Gilles, client de l'aide juridique, prête serment au palais de justice de Montréal.

Photo : Radio-Canada

On comprend toute la délicatesse que requiert son métier lorsqu’il tente par exemple de calmer Gilles, un homme en situation d'itinérance avec des problèmes de santé mentale, accusé de menaces de mort envers des policiers. Entre ses cris et son discours décousu, on voit toute la détresse de l'homme, qui entretient une haine de la police depuis qu’on lui a confisqué sa chienne Angel. 

Le type de criminalité avec laquelle j’ai à dealer, c’est de la criminalité désorganisée. Une clientèle aux prises avec des problèmes de toxicomanie, d’indigence, beaucoup d’itinérance, explique Me Benmouyal. Ce sont des gens quand même qui ont les mêmes droits que n’importe quelle autre personne.

Un accès privilégié 

La réalisatrice de la série, Mélissa Beaudet, affirme que le tournage a amené son lot de défis, notamment en matière d’accès, que ce soit dans le bureau des avocats et avocates ou dans les salles d’audience. Comme les juristes de la série, elle a été surprise de pouvoir ouvrir autant de portes, et que les clientes et les clients aient accepté de se livrer avec autant de candeur. 

Une femme parle à un homme par visioconférence dans un bureau.

Me Elfriede Duclervil en visioconférence avec l'un de ses clients en détention

Photo : Radio-Canada

Le plus gros défi, c'était que les caméras soient là et que les clients soient à l’aise, a expliqué Me Duclervil en conférence de presse.  

À un moment donné, les clients ne voyaient même plus l’équipe de tournage. Ils avaient envie de se confier, et j’ai trouvé que ce lien de confiance était vraiment extraordinaire. Nos clients sont souvent fragiles, ils ont peur de ce qu’on peut penser d’eux.

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