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Une voie rapide vers la fonction publique réclamée par des ex-élus au Québec

La façade de l'Hôtel du Parlement de l'Assemblée nationale, à Québec, un soir d'automne.

Des ex-élus au Québec voudraient continuer à servir le public autrement après leur défaite.

Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin

Des témoignages d'ex-élus, qui ont confié publiquement à quel point leur sevrage politique avait été pénible après leur défaite électorale, poussent un regroupement d'ex-députés à réclamer davantage de soutien psychologique, d’aide financière et même un accompagnement spécial pour que ceux-ci puissent poursuivre leur carrière dans la fonction publique.

Parmi les sept mesures qu'il réclame de la part de l’Assemblée nationale pour faciliter le départ des députés défaits, le Cercle des ex-parlementaires propose notamment la possibilité de faire une transition vers la fonction publique. Dans un document, ce regroupement demande en quelque sorte la création d’une voie rapide pour que des ex-élus puissent être embauchés à des emplois supérieurs.

France Dionne, présidente de cette association et elle-même ex-députée, fait valoir leur vaste expérience de la « machine » gouvernementale comparativement à bien d’autres candidats. Est-ce qu’on réalise cette expertise-là qu’ils ont? On pourrait en faire bénéficier la population plus longtemps, plaide-t-elle.

L’ancienne députée péquiste Manon Blanchet fait elle aussi partie du Cercle des ex-parlementaires. Elle-même avoue avoir éprouvé beaucoup de difficulté à se trouver un emploi après la vie politique. Contrairement à la croyance populaire, bien des élus peinent à se faire embaucher en raison de leur couleur politique.

« Il faut que la communauté puisse bénéficier de l’expérience de ces gens-là, qui peut certainement servir dans l’appareil public. »

— Une citation de  Manon Blanchet, ancienne députée du Parti québécois

Deux semaines supplémentaires de salaire

Le Cercle des ex-parlementaires demande aussi à l’Assemblée nationale d'accorder à ses membres deux semaines supplémentaires de salaire en plus de l’allocation de transition déjà prévue. Cet argent servirait notamment à poursuivre le travail de circonscription, à fermer les dossiers et à assurer la passation des pouvoirs.

France Dionne rappelle qu’un comité se penche déjà sur l’augmentation du salaire de base des députés. Un rapport est attendu à la mi-avril. Pourquoi ne pas utiliser ce moment-là pour travailler d’autres dossiers connexes? demande-t-elle.

Les élus à Québec ont souvent réfléchi à leurs conditions salariales et à leurs avantages, mais peu de modifications ont été apportées au fil du temps par crainte d’une opinion publique défavorable. Le Cercle croit qu’il faut saisir l’occasion en début de mandat. Ce sera plus facile à faire maintenant qu’au moment où on se rapprochera de l’élection, admet Mme Dionne.

On a trop tardé. Certains diront qu’il n’y a jamais de bon moment, mais je pense qu’il y a un certain "momentum" sur lequel on devrait tabler pour régler la question une fois pour toute, renchérit Manon Blanchet.

Des mesures qui permettraient « une prévention du suicide »

L’ex-ministre libérale Lucie Charlebois fait partie des élus qui réclament plus d’aide. Je ne veux pas que les citoyens nous payent ça pour la vie! Mais c’est quasiment une prévention du suicide, alerte-t-elle.

Lucie Charlebois, en compagnie d'une autre personne, esquisse un léger sourire en regardant l'objectif de la caméra.

Lucie Charlebois lors de son arrivée à une réunion du caucus libéral le 4 octobre 2018, trois jours après la défaite de sa formation politique aux mains de la Coalition avenir Québec de François Legault lors des élections générales de cette année-là.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Mme Charlebois revient de loin. Après sa défaite inattendue en 2018, cette députée qui a représenté la circonscription de Soulanges pendant 15 ans nous confie avoir fait une grosse dépression. Elle a même développé une dépendance à l’alcool.

Je ne bois plus! C’est ma 48e journée aujourd’hui et je suis bien fière de l’annoncer, nous dit-elle alors qu’elle se trouve en Floride pour quelques semaines. Là-bas, elle tente de se trouver de nouvelles passions, notamment le piano et le golf, qu’elle a commencé à pratiquer. Quand j’étais en politique, je n’avais pas de problème de boisson parce que je travaillais tout le temps. [Après], j’ai entrepris de faire le party et j’ai développé cette dépendance que je suis en train de régler.

Mme Charlebois se rappelle avoir eu des idées noires lorsqu'elle s’est retrouvée au sommet d’un pont alors qu’elle faisait une promenade. Quand tu es rendue à penser ça, c’est que tu es creux en maudit! dit-elle.

Le montant annuel de 850 $ offert aux ex-élus pour du soutien psychologique ne suffit pas, selon elle. Le Cercle des ex-parlementaires de Québec demande d’ailleurs à l’Assemblée nationale de le bonifier davantage.

« Quand tu perds, il y a comme une perte d’identité en même temps. Tu ne sais plus qui tu es. Ce n’est pas parce que tu fais de la politique que tu es plus fort que les autres mentalement. Tu es souvent plus vulnérable parce que tu n’as plus d’équilibre de vie. Il y a tout un parcours du combattant à faire. »

— Une citation de  Lucie Charlebois, ex-ministre et ex-députée de Soulanges

L’Assemblée nationale s’est beaucoup penchée sur le sort des ex-élus dernièrement, convient Mme Charlebois. Elle pense cependant qu’il faut poursuivre le travail amorcé, même si l’opinion publique n’est pas toujours favorable à leur cause.

Besoin d'aide pour vous-même ou pour un proche?

Sur le web : www.suicide.ca. (Nouvelle fenêtre)

Au téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553).

Par texto : 535353.

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