Les deux sœurs Quewezance libérées sous caution
Un juge a tranché en faveur d'une libération sous caution pour les sœurs Odelia et Nerissa Quewezance.
Photo : La Presse canadienne / Michael Bell
Après 30 ans passés derrière les barreaux pour un crime qu’elles disent ne pas avoir commis, Odelia et Nerissa Quewezance, toutes deux de la Première Nation de Keeseekoose en Saskatchewan, seront libérées sous caution.
Le juge Donald Layh a pris cette décision lundi à la Cour du Banc du Roi de Yorkton.
Rectificatif :
Une version précédente de ce texte indiquait à tort que les deux sœurs avaient reçu une libération conditionnelle. Or, le juge leur a plutôt accordé une libération sous caution.
En attendant les résultats d'une révision ministérielle, les sœurs autochtones devront respecter plusieurs conditions à leur remise en liberté, notamment ne pas contacter les personnes ayant témoigné lors de leur procès en 1994.
À l'époque, Odelia et Nerissa Quewezance, qui avaient respectivement 21 et 18 ans, ont été reconnues coupables du meurtre au second degré d’Anthony Dolff. Depuis, les deux sœurs n'ont pas cessé de plaider pour leur libération.
Lors de leur comparution devant le juge, lundi, les sœurs Quewezance ont admis avoir attaqué l’homme de 70 ans, mais elles nient catégoriquement l'avoir tué.
La vice-présidente du Congrès des peuples autochtones, Kim Beaudin, se réjouit de cette décision. Elle souligne aussi que les deux sœurs ne représentent pas de risque pour le public.
Elles pourront enfin commencer un nouveau voyage, un voyage qui aurait dû commencer il y a plus de 30 ans. Cette affaire n'a que trop duré
, déclare Kim Beaudin.
D’ailleurs, Mme Beaudin hébergera l’une des sœurs, Nerissa, aujourd'hui âgée de 48 ans, à Saskatoon. Elle croit que son invitée respectera toutes les conditions de sa libération.
Nous allons nous concentrer sur ses points forts et la préparer au monde réel, car lorsque vous avez été dans le système [carcéral] aussi longtemps, c'est l'équivalent d'être institutionnalisé
, précise Kim Beaudin.
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Lors d'une audience en janvier, l’avocat de la défense, James Lockyer, a argué que les déclarations des sœurs, au début des années 1990, étaient forcées et qu'elles devaient être libérées en attendant que leur dossier soit réexaminé.
Selon lui, cette affaire était une bataille de crédibilité entre les deux jeunes sœurs autochtones et la police de Kamsack.
Je sais qu'Odelia, Nerissa et tous ceux qui les aident sont à la fois nerveux, inquiets et pleins d'espoir à l'approche de lundi
, avait déclaré Me Lockyer lors d’une entrevue accordée à CBC /Radio-Canada, mercredi.
De son côté, pendant l’audience de janvier, la procureure Kelly Kaip a exprimé son opposition à la libération des sœurs en soutenant qu'il manque des preuves de leur innocence dans le meurtre d’Anthony Dolff.
Selon elle, malgré les progrès observés dans le comportement des sœurs Quewezance pendant leur incarcération, leurs antécédents criminels et des violations de leur liberté conditionnelle à leurs dossiers suggèrent qu'elles ne devraient pas être remises en liberté.
Avec les informations de Dayne Patterson