Des syndicats canadiens exigent que le gouvernement mette fin au racisme systémique

Il y a presque deux semaines, le Conseil du Trésor du Canada a reconnu l'existence d'une pratique de discrimination envers des employés noirs et racisés qui travaillent à la Commission canadienne des droits de la personne. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jacques Corriveau
Un regroupement formé en soutien aux employés noirs de la fonction publique fédérale fait pression sur le gouvernement Trudeau pour qu'il règle un recours collectif destiné à indemniser des fonctionnaires qui se disent victimes de racisme.
Le secrétariat du Recours collectif noir et plusieurs syndicats veulent surtout un changement systémique au sein de grandes institutions canadiennes. Cette demande survient près de deux semaines après que le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (SCT) eut reconnu l’existence d’une pratique de discrimination envers des employés noirs et racisés de la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP) par leur employeur.
Cet organisme fédéral a établi ce constat après avoir reçu un grief de principe de la part de neuf employés de la CCDP
, déposé en octobre 2020 par l’entremise de leur syndicat. Ce grief fait état de racisme systémique antinoir, de sexisme et de discrimination systémique à l'encontre des employés noirs et racisés.Selon le secrétariat du Recours collectif noir, de concert avec l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), le Congrès du travail du Canada (CTC) et l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada, la CCDP, qui a pour mandat de protéger le principe fondamental d’égalité des chances, est elle-même rongée par le racisme antinoir et par la discrimination systémiques, maux qu’elle est chargée de combattre
, écrit-on dans un communiqué acheminé aux médias.
Les impacts du racisme antinoir sont extrêmement sévères et importants. Ils ont créé des barrières importantes à l’avancement économique et social de la communauté noire
, a commenté Larry Rousseau, vice-président du CTC , en conférence de presse lundi.
D'ailleurs, dans le grief déposé en 2020, les plaignants avaient réclamé une somme de 2,6 milliards de dollars en dommages et intérêts pour les fonctionnaires noirs qui auraient été brimés par des pratiques d'embauche ou de promotion discriminatoires dans les institutions fédérales depuis les années 1970.
Les plaignants ont également demandé un plan pour diversifier la main-d'œuvre fédérale et pour supprimer les obstacles que même les lois sur l'équité en matière d'emploi n'ont pas été en mesure d'éliminer.
Or, le secrétariat du Recours collectif noir et les syndicats canadiens accusent le gouvernement fédéral de faire une campagne de sabotage
contre cette action collective.
Monsieur le premier ministre Justin Trudeau, monsieur le ministre de la Justice David Lametti, monsieur le greffier du Conseil privé, les mesures prises par votre gouvernement à l'encontre des employés noirs de la fonction publique ne sont pas canadiennes et vont à l'encontre de tous les principes que les Canadiens chérissent. Vous avez le pouvoir de mettre fin à la souffrance et au mal dès aujourd'hui
, a commenté Nicholas Marcus Thompson, directeur général du secrétariat du Recours collectif noir.
D’après lui, il est inconcevable que le gouvernement fédéral dépense des millions de dollars pour se battre en cour contre les fonctionnaires noirs alors qu’il a conclu que l’organisme qui a pour mission de lutter contre la discrimination est lui-même coupable de discrimination
, a écrit M. Thompson dans une déclaration envoyée aux médias lundi matin.
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Double discours
Pour le vice-président de l’AFPC
, Alex Sillas, le gouvernement Trudeau a un double discours.D’un bord, ils disent : "Oui, on veut prioriser l’antiracisme, des milieux de travail plus inclusifs", mais d’un autre bord, ils refusent même de discuter de notre demande d’une formation en matière de discrimination dans la fonction publique fédérale
, a-t-il déclaré avant d'ajouter ceci : Ce qui s’est passé à la Commission canadienne des droits de la personne, ça prouve ce que les travailleurs disent depuis longtemps : que le racisme est très profond dans la fonction publique du Canada. Ça devrait être très préoccupant et très bouleversant pour tous les Canadiens.
Le secrétariat du Recours collectif entend rencontrer ses membres au cours des prochaines semaines pour faire le point sur l'état de leurs démarches.
Le gouvernement s'efforce à éliminer le racisme
, dit le SCT
Dans une réponse écrite envoyé à Radio-Canada, lundi soir, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada explique qu’il faut beaucoup d’effort pour éradiquer « le racisme, des préjugés, des obstacles et de la discrimination, qui ont pris racine au fil des générations. » Cela exige des changements systémiques
, ajoute-t-on.
Ce travail comprend l’adoption de lois, la création de programmes de soutien et de perfectionnement, ainsi que la publication de données ventilées. Et nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire
, écrit le SCT .
Par conséquent, l’organisme gouvernementale affirme que le gouvernement a pris des mesures pour d’une part cerner les moyens d’améliorer et de renforcer les systèmes et processus internes.
Et de l’autre côté, pour développer un espace sûr et confidentiel
, en plus de contribuer au changement systémique
.
Le SCTa greffière du Conseil privé travaille à la mise en œuvre de l’Appel à l’action en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion dans la fonction publique fédérale
.
Avec les informations de Patrick Foucault