Sur la Lune, de l’eau dans des billes de verre

Le lieu d'atterrissage de la sonde Chang'e-5 à la surface de la Lune.
Photo : Agence spatiale chinoise
La surface lunaire contient de l'eau dans des billes de verre formées par l'impact de météorites, selon ce que montre une étude basée sur des échantillons rapportés par la sonde lunaire chinoise Chang'e 5.
Il y a peu de doute que l'essentiel de la surface de la Lune recèle de l'eau sous une forme ou une autre
, rappelle l'étude signée par des chercheurs chinois et publiée dans Nature Geoscience (Nouvelle fenêtre) (en anglais).
Ils ont examiné en détail une centaine de minuscules billes de verre, d'une taille allant de l'épaisseur d'un cheveu jusqu'à un millimètre, rapportées en 2020 par la mission Chang'e 5.
Ces billes, datées d'il y a jusqu'à deux milliards d'années, ont été créées par l'impact de météoroïdes – des météorites ou astéroïdes – qui ont fondu le matériau lunaire.
Les missions lunaires américaines en avaient rapporté des échantillons, mais c'est la première fois qu'elles sont étudiées en détail, selon l'étude.
Elles contiennent jusqu'à deux millionièmes de gramme d'équivalent en eau par gramme de bille, une eau provenant de processus différents de celle résultant d'un volcanisme lunaire ou de la chute de comètes (qui contiennent de la glace).
Repères
- En décembre 2020, la sonde Chang'e 5 transportant des échantillons du sol de la Lune a atterri en Mongolie intérieure, dans le nord de la Chine.
- Elle rapportait sur Terre deux kilos de matière collectée dans une zone connue sous le nom d'Oceanus Procellarum, une vaste plaine volcanique jusqu'alors inexplorée.
- La Chine devenait par le fait même le troisième pays à avoir récupéré des échantillons de la Lune, après les États-Unis et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) dans les années 1960 et 1970.
L'équipe menée par des chercheurs de l'Académie chinoise des sciences suppose que les billes de verre formées lors de l'impact d'un météoroïde auraient initialement perdu l'essentiel de leur eau.
Elles auraient ensuite été bombardées par des vents solaires, leur délivrant de l'hydrogène qui se serait alors combiné avec les atomes d'oxygène contenus dans les billes, donnant ainsi naissance à des molécules d'eau.
Le sol lunaire est composé à hauteur de 3 à 5 % de billes de verre, selon des estimations basées sur l'étude des échantillons de sol rapportés par les missions américaines Apollo.
L'étude en conclut que ces billes de verre pourraient constituer le réservoir dominant
impliqué dans le cycle de l'eau sur la Lune, et que ce réservoir pourrait être utilisable in situ dans de futures explorations lunaires
. D'autant que cette eau serait assez facile à extraire
.
En attendant, du côté américain, on se concentre sur les sources d'eau sous forme de glace, dont l'existence a été confirmée sur le pôle Sud de la Lune et qui pourrait être transformée en carburant. L'Agence spatiale américaine (NASA) a planifié une mission en 2024 avec un robot, VIPER, chargé d'étudier la concentration de glace à cet endroit.