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Les changements apportés à la politique frontalière inquiètent des défenseurs de réfugiés

Selon l'entente, les migrants qui franchissent la frontière canado-américaine seront refoulés

Une borne frontalière près d'Emerson, au Manitoba.

L'Entente entre le Canada et les États‑Unis sur les tiers pays sûrs est entrée en vigueur en 2004.

Photo : La Presse canadienne / John Woods

Radio-Canada

Les défenseurs de réfugiés du Manitoba craignent qu’un récent changement apporté à la politique frontalière entre le Canada et les États-Unis ne nuise davantage aux personnes fuyant la persécution au lieu de réduire les dommages.

À la fin de la semaine dernière, Ottawa a négocié un nouvel accord avec les États-Unis qui permettrait au Canada de refouler les migrants aux points de passage irréguliers, tels que celui situé près de la municipalité d’Emerson-Franklin à la frontière entre le Manitoba et le Minnesota.

Des changements ont aussi été apportés à l’Entente entre le Canada et les États‑Unis sur les tiers pays sûrs. Il n'est plus permis aux migrants en provenance des États-Unis de faire une demande d'asile à leur arrivée à la frontière entre les deux pays, quel que soit l'endroit.

Les autorités canadiennes qui effectuent des patrouilles à la frontière canado-américaine peuvent maintenant renvoyer des demandeurs d’asile aux États-Unis s’ils sont retrouvés dans les 14 jours suivant leur arrivée au Canada.

L’avocat spécialisé en immigration à Winnipeg, Alastair Clarke, estime que cette mesure poussera certains migrants à se cacher et pourrait mener à plus de mouvement clandestin.

Cela va inciter les demandeurs d’asile à se cacher après leur arrivée au Canada, précise-t-il.

Il ajoute que  cela va également créer un stress extrême pour les patrouilles ainsi que pour les personnes qui pourraient vouloir les aider pendant cette période de 14 jours.

L’accord suscite des réactions mitigées

Louise Simbandumwe, membre de la coalition Immigration Matters in Canada, estime que le Canada aurait dû simplement annuler l’accord plutôt que de l’appliquer à l’ensemble de la frontière avec les États-Unis.

 Si l’Entente entre le Canada et les États‑Unis sur les tiers pays sûrs n’existait pas, les demandeurs d’asile pourraient simplement se présenter à un poste frontalier ordinaire, déposer une demande d’asile et suivre les procédures en place pour déterminer s’ils craignent légitimement d’être persécutés ou non, explique-t-elle.

Selon elle, cet accord  est à l’origine de la situation actuelle. Avec l’amendement et la peur que des gens ne soient refoulés, on craint qu’ils ne se tournent davantage vers les passeurs et qu’ils essaient de traverser dans des endroits encore plus éloignés .

Mme Simbadumwe, qui a fui le génocide au Burundi alors qu’elle était enfant, explique que certains Canadiens ne se rendent peut-être pas compte que les réfugiés sont déjà exposés à des dangers.

Selon elle, le Canada n’accueille qu’une petite partie des réfugiés du monde et pourrait en intégrer davantage, notamment en raison de la pénurie de main-d’œuvre et de la faible croissance démographique du pays.

De son côté, le préfet de la municipalité d’Emerson-Franklin, Dave Carlson, a accueilli favorablement cet accord. Selon lui, cela devrait décourager les passages irréguliers de la frontière entre les États-Unis et le Canada et vice versa.

 Nous avons toujours considéré cela comme dangereux, en particulier à certaines périodes de l’année où il fait très froid , précise-t-il. Je pense simplement que c’est plus sûr pour toutes les personnes concernées.

Une entente critiquée

L'Entente entre le Canada et les États‑Unis sur les tiers pays sûrs est entrée en vigueur en 2004.

Elle stipule que les demandeurs d’asile doivent déposer leur demande dans le premier pays sûr qu’ils atteignent. Cette mesure permet aux autorités américaines de refouler les demandeurs d’asile qui se rendent aux États-Unis depuis le Canada.

Elle a été fortement critiquée pour avoir encouragé les réfugiés et autres migrants à entreprendre des voyages dangereux, loin des points d’entrée.

Deux hommes originaires du Ghana ont perdu leurs doigts à cause d’engelures en traversant au Canada (Nouvelle fenêtre) depuis le Dakota du Nord en 2016, tandis qu’une famille de quatre personnes originaires de l’Inde est morte de froid en essayant de traverser du Manitoba au Minnesota en 2022.

Avec les informations de Bartley Kives, Issa Kixen et Erin Brohman

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