Des Albertains attendent toujours les retombées des profits records des pétrolières

L'impact des compagnies pétrolières et gazières canadiennes pourrait être moins important que pour les dernières décennies.
Photo : Radio-Canada / François Joly
Malgré les profits records des entreprises énergétiques albertaines au cours des derniers mois, plusieurs Albertains attendent toujours de récolter les fruits de ce boom pétrolier. Selon un expert du marché du travail, cette période de croissance est différente des précédentes et ses conséquences positives sur l’économie de la province pourraient l’être tout autant.
Joseph Marchand, un économiste de l’Université de l’Alberta, a étudié les booms pétroliers du passé et leurs retombées économiques sur les différents secteurs économiques de la province.
Selon ses recherches (Nouvelle fenêtre), chaque emploi créé dans le secteur énergétique au cours des 50 dernières années a entraîné la création d’un emploi additionnel dans d'autres secteurs, comme les services, la construction ou la vente. Cette fois-ci, le portrait pourrait être différent.
Même si les profits des pétrolières ont explosé en 2022, ce sont les actionnaires qui en profitent au premier chef. Au lieu de réinvestir leurs gains dans leurs activités quotidiennes, les entreprises préfèrent augmenter leurs dividendes aux actionnaires ou réduire leur dette.
Pour M. Marchand, il est également crucial de tenir compte de la transition énergétique. Il croit que la province devrait cibler de nouveaux moteurs économiques qui pourraient avoir le même impact positif sur les travailleurs albertains que ceux que l’industrie pétrolière et gazière a eus.
« Nous savons que la croissance ne sera pas au rendez-vous [dans le secteur pétrolier et gazier], à moins d'un changement radical de la politique énergétique. »
D'après lui, la solution pourrait être de se tourner vers les minéraux critiques, la production d’hydrogène, le secteur technologique ou l'agroalimentaire.
Il y a beaucoup de mouvement et c’est difficile de cibler une seule chose
, précise l’économiste.
À lire aussi :
Les retombées se font toujours attendre
Dans le comté de Vulcan, où l’industrie énergétique est responsable de plus de la moitié des recettes fiscales, les retombées se font toujours attendre.
Selon son préfet, Jason Schneider, auparavant, lorsque le prix du baril de pétrole augmentait, tout le monde embauchait à gauche et à droite
. Nous n'avons certainement pas vu cela cette fois-ci
, ajoute-t-il.
En période de prospérité, l’hôtel Vulcan Country Inn emploie plusieurs personnes. Ces temps-ci, le propriétaire est parfois le seul à travailler, s'occupant à la fois des chambres et de la réception. Si l’exploitation pétrolière reprend de plus belle et que les travailleurs affluent à Vulcan, ces tâches pourraient être déléguées à d'autres membres du personnel.
Comme dans plusieurs autres communautés albertaines qui dépendent en grande partie du pétrole, les affaires tournent au ralenti à Vulcan depuis quelque temps, mais on espère toujours qu’une partie des profits records des pétrolières redynamise la région.
Avec les informations de Joel Dryden