Mississauga rejette la construction de deux tours résidentielles jugées trop hautes
Pourtant, selon de nouveaux réglements provinciaux, la Ville n'a plus le droit de prendre ce genre de décision.
La Ville a refusé un projet pour deux tours sur ce stationnement près des lignes de train léger et du train GO.
Photo : Radio-Canada / John Badcock
La Ville de Mississauga a rejeté des projets de tours résidentielles à Port Credit ce mois-ci. Les projets, situés près de deux importantes stations de train de banlieue, ont été jugés trop haut.
Toutefois, la province a établi que la Ville ne pouvait plus prendre ce genre de décision en vertu d’un changement dans les règles de planification provinciales qui sont entrées en vigueur à la fin 2022.
En novembre, le ministère des Affaires municipales et du Logement a approuvé un plan de la région de Peel. Ce dernier retire le droit discrétionnaire des petites municipalités d’établir une limite de hauteur maximale près des stations de transports publics
, explique un porte-parole du ministère.
Mais cela n’a pas arrêté Mississauga qui tombe pourtant dans cette catégorie.
Le bureau de la planification urbaine a recommandé au Comité de développement de Mississauga de rejeter les projets de 40 et 42 étages de Port Credit au 88 rue Park Est.
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Le site est près des stations GO et de train léger qui est en cours de construction. Pour autant, la Ville a demandé aux promoteurs de respecter les règles dans le secteur en ce qui concerne la hauteur des bâtiments, laquelle devrait s’arrêter à la moitié de ce qui était prévu initialement.
Les conseillers municipaux et les employées de la Ville cherchent en ce moment à clarifier la situation avec la province, alors que plusieurs conseillers municipaux se sont inquiétés de perdre leur droit de décider des limitations de hauteur des bâtiments.
Un besoin de clarification
La présidente du comité de développement de la Ville, Dipika Damerla, qualifie la situation de zone grise
.
Si Mississauga a son propre plan d’urbanisme, explique-t-elle, certains secteurs comme Port Credi ont aussi un plan qui inclut des limitations de hauteur.
Le conseiller municipal pour la circonscription 1, Stephen Dasko, indique que son quartier atteint déjà les objectifs minimums de densité et le projet ne va pas avec le quartier
.
« Il y a des recommandations de hauteur et de densité en place pour une bonne raison »
Dipika Damerla explique qu’il sera difficile pour la Ville de planifier pour des écoles et d’autres infrastructures dont elle a besoin sans imposer des limites de hauteur près des transports publics.
Elle indique que la Ville a des milliers de logements déjà approuvés et cela ne devrait pas être un problème pour Mississauga d’atteindre les objectifs provinciaux, sans pour autant renoncer aux limites de densité.
La province n’a toutefois pas uniquement un objectif de nombre de nouveaux logements, mais veut aussi densifier les zones autour des transports publics.
La Ville a rejeté d’autres projets en raison de la hauteur des constructions. C’est le cas d’un projet de plusieurs tours au 30 de l’avenue Eglinton Ouest qui aurait dû s’ériger près de la ligne de train léger. La décision a été appuyée des études pointant la question de l’ensoleillement et des ombres projetées sur les autres habitations par de si grandes tours.
Des résidents attendent plus de logements
Si plusieurs résidents ont apporté leur voix lors de la réunion du comité de développement pour rejeter le projet, d’autres qui n’étaient pas présents espèrent que la Ville cesse de refuser des projets résidentiels de ce type.
C’est le cas de Bilal Akhtar qui milite pour davantage de logements à Mississauga.
[La Ville] doit trouver des moyens de dire oui aux logements plutôt que de dire non aux logements près des transports publics, encore et toujours. Arrêtez de mettre des bâtons dans les roues de la province
, demande-t-il.
Il explique que le site de Port Credit signifierait que les gens pourraient travailler à Mississauga ou Toronto et avoir une option de transport sans voiture. Il estime qu’il s’agit de quelque chose qui doit être encouragé.
La grande région de Toronto ne vit pas une crise de zones trop ombragées. Elle vit une crise du logement
, lance-t-il.
Vous n’avez pas besoin d’ombre ou de soleil pour vivre. Mais vous avez besoin d’une maison pour vivre dignement
, explique-t-il, en citant le fait que la maison de ses parents était juste en face du projet rejeté sur la l'avenue Eglinton.
Il dit s'inquiéter que les jeunes générations ne puissent trouver un endroit ou vivre près de là où résident ses parents.
Harminder Dhillon de Engage Peel dit être frustré de voir que ses enfants ne peuvent pas se payer un logement près de chez lui à Mississauga.
Le militant pour le logement Mark Richardson estime de son côté que la Ville choisit mal ses batailles.
Dans le cas du projet de Port Credit, il estime que les hauteurs que le promoteur demande sont vraiment raisonnables
.
Il ajoute qu’ajouter de la densité permettra aussi de faire baisser le coût des logements.
Si vous voulez plus de logements abordables sur ce site, il faut être d’accord avec 42 étages et moins de stationnements
, dit-il.
Il n’y a aucun moyen de régler le problème du logement abordable dans la grande région de Toronto sans que des politiciens se mettent à dos le voisinage
, conclut-il.
D'après les informations de Clara Pasieka