Une résidence pour personnes âgées de Cornwall visée par un ordre d’évacuation
L'établissement, situé au 510, rue Second, accueillait une quarantaine de personnes avant sa fermeture.
Photo : Radio-Canada / Trevor Pritchard/CBC
Plusieurs personnes ont décidé de rester à la résidence pour personnes âgées The Care Centre à Cornwall, en Ontario, même si les autorités ont ordonné sa fermeture pour des raisons de sécurité.
Ils ne devraient pas être là
, a déclaré le chef du service des incendies, Matt Stephenson, à CBC News. On parle de problèmes de normes d'incendie et de sécurité qui perdurent.
Jeudi, la Ville de Cornwall a annoncé que le service des incendies devait fermer le Care Centre, situé au 510, rue Second, à la suite de plusieurs plaintes.
Selon la Ville, des inspections ont révélé de nombreuses violations graves du Code de prévention des incendies de l'Ontario
.
Le copropriétaire et administrateur de l'établissement, Dan Orr, soutient quant à lui que le service des incendies de la ville fait preuve d’excès de zèle dans l'application des règlements.
Ils essaient de trouver n'importe quelle raison pour fermer ma résidence. Et ça dure depuis des années
, plaide quant à lui M. Orr.
Des résidents qui refusent de partir
Les résidents évacués sont actuellement hébergés dans des résidences privées ou à l’hôtel selon leurs besoins, et ils se font livrer leurs repas, précise M. Stephenson. Mais deux résidents et quatre propriétaires ont choisi de rester au Care Centre. Albert Gallagher est l’un d’entre eux.
Ce dernier craint d’être laissé pour compte par les autorités, et en quelque sorte, d’être entreposé
.
Il explique qu’il ne déménagera pas tant qu'on ne lui fournira pas un appartement équipé de deux lits pour lui, sa femme, leur chien et leur chat. Il réclame également qu’on embauche des déménageurs pour les reloger.
Ils [le service des incendies] sont au courant de nos demandes. Ils sont au courant de nos besoins
a-t-il dit.
M. Stephenson dit pour sa part que la décision d’évacuer la résidence n’a pas été prise à la légère, et que la Ville est en discussion avec la Commission de la sécurité-incendie pour déterminer les prochaines étapes.
Déplacer des résidents âgés et fragiles, c’est une solution de dernier recours
, dit-il. Nous avons fait de notre mieux pour les reloger, et tout le monde a trouvé un logement.
Un système d’alarme défaillant
Une quarantaine de personnes vivaient au Care Centre avant que l’on ordonne sa fermeture. Les résidents recevaient trois repas par jour, mais pas de soins médicaux.
J'exige que tous les résidents soient autonomes, afin qu’en cas d'urgence, ils puissent sortir par les escaliers par leurs propres moyens
, précise M. Orr.
Cependant, un avis affiché sur la porte d'entrée du Care Centre fait état de plusieurs problèmes concernant le bâtiment.
Le système d’alarme d’incendie n'était pas entretenu. Le panneau d’alarme incendie du troisième étage, où vivaient les résidents, n’était pas relié à celui du rez-de-chaussée. Ce dernier ne pouvait être réparé puisqu’il n’est plus pris en charge par le fabricant.
Une entreprise de sécurité a d’ailleurs été embauchée pour surveiller les lieux en cas d’incendie.
Les propriétaires du Care Center ont jusqu’au 1er septembre pour corriger les manquements soulevés, sans quoi ils ne pourront pas retrouver leurs résidents.
Il s’agit d’une absence de système d'alarme incendie opérationnel. C’est un élément essentiel pour permettre aux résidents d'évacuer le bâtiment
, explique M. Stephenson.
Il affirme que ce ne sont pas tous les occupants qui seraient en mesure de se déplacer seuls en cas d’urgence.
Nous avons affaire à une clientèle variée, qui a des besoins et des exigences très importantes
, ajoute-t-il.
De son côté, M. Orr soutient qu’une résidente amputée des deux jambes a été en mesure de descendre les escaliers, lors d’un récent exercice d'incendie.
J'ai une autre dame à qui il manque une jambe. Elle est descendue sur les fesses
, ajoute-t-il.
Lors de cet exercice, une seule personne n’a pas été en mesure de sortir du bâtiment, mais M. Orr précise que c’est parce qu’elle est restée au lit toute la journée à boire du vin.
Mésentente entre les pompiers et le propriétaire
M. Orr nie que le système d'alarme incendie ne fonctionne pas correctement.
Il y a quelques erreurs et certaines choses doivent être corrigées. Mais lorsque les avertisseurs de fumée sont activés, les sirènes fonctionnent
, fait-il valoir.
Il s'interroge sur la pertinence des motifs pour exiger la réparation des panneaux.
Ce n'est pas parce que l’entreprise décide de ne plus prendre en charge ce type de panneau que l'on ne peut pas trouver quelqu'un pour le réparer
, dit M. Orr.
Il ajoute que la Commission de la sécurité-incendie de l'Ontario, un organisme indépendant qui traite les litiges relatifs à la sécurité, a demandé aux deux parties de s'entendre sur une solution. Le service des incendies aurait toutefois refusé d’en discuter avec M. Orr, selon ce qu’affirme ce dernier.
Ils vont essayer de m'expulser de mon propre bâtiment
, déplore-t-il.
Une longue liste
de préoccupations
De son côté, M. Stephenson fait valoir que le service des incendies veut seulement assurer la sécurité et les soins des résidents
.
Bien que ce soit l'enjeu du système d’alarme incendie qui ait mené l'ordre d'évacuation, il y a une longue liste
de problèmes au Care Centre, selon M. Stephenson, et elle s’est allongée au fil des ans.
Par exemple, la majorité du bâtiment n’est pas équipée de gicleurs, et les pompiers ont ordonné d'en installer. Toutefois, les propriétaires ont contesté cette consigne, et c’est encore une fois la Commission de sécurité-incendie qui devra trancher.
Mais M. Orr soutient que, selon son interprétation de la loi, il n’est pas tenu d’installer des gicleurs. Pour lui, c’est une manière de maintenir un loyer abordable pour les résidents.
Questionné par CBC News sur les exigences légales en matière de gicleurs, M. Stephenson a répondu que c'est une zone grise
, et que c'est la raison pour laquelle la commission doit se prononcer.
Avec les informations de Guy Quenneville, de CBC News