Violences sexuelles à l’école : l’opposition veut aller au-delà de l'enquête de la CAQ

Plusieurs cas d'inconduite sexuelle ont fait les manchettes au cours des dernières semaines au Québec.
Photo : CBC
L'opposition accueille favorablement l'enquête générale sur les violences sexuelles annoncée cette semaine par le ministre québécois de l'Éducation, Bernard Drainville, mais elle demande également que celle-ci soit menée pas une « firme indépendante » et qu'une loi-cadre comme celle qui est en vigueur dans les établissements d'éducation supérieure soit adoptée.
C’est le bon geste à faire
, a admis d’emblée la députée libérale Marwah Rizqy en entrevue à l’émission Les faits d’abord en référence à l’enquête de portée générale
annoncée mardi par le ministre Drainville à la suite de nombreuses dénonciations et d'allégations de cas d'inconduite de nature sexuelle ou de comportements inadéquats dans le réseau scolaire.
Cependant, a-t-elle nuancé, c’est le ministère de l’Éducation qui se regarde dans sa propre cour. Pour éviter toute apparence de conflit d’intérêts, il doit absolument s’adjoindre les services d’une firme spécialisée indépendante
.
Elle a ajouté que même si cette initiative est intéressante, Québec doit en faire davantage. Je ne trouve pas suffisant de tout simplement mettre un courriel avec un numéro de téléphone et d'avoir un fonctionnaire à Québec qui peut recueillir des témoignages à distance alors qu’il est question [de gestes] de nature [très] grave et, surtout, personnelle.
Marwah Rizqy faisait ainsi allusion aux allégations portées contre trois entraîneurs de basketball de l’école secondaire Saint-Laurent, à Montréal, où une enquête a été menée à partir de témoignages à distance, a assuré la députée.
« Quand on a vécu un viol, on veut savoir à qui on parle. Est-ce qu’on veut vraiment se confier à signalements@gouv.qc.ca? Voyons donc! »
Une loi pour prévenir les agressions
Des lois existent qui permettent aux victimes de dénoncer leurs agresseurs, mais la députée solidaire Ruba Ghazal demande à la Coalition avenir Québec (CAQ) d’adopter une loi qui permettrait plutôt de faire de la prévention
, la même loi qui existe dans les cégeps et les universités pour protéger les jeunes adultes
.
On parle d’assurer la sécurité des jeunes avant que le geste soit posé
, ajoute Méganne Perry Mélançon, porte-parole du Parti québécois. Le système est tellement mal fait pour s’assurer de maintenir la sécurité des élèves dans nos écoles qu’il n’y a pas assez de dénonciations qui se font, et on n’est pas outillés pour faire face à ces dénonciations.
Extrait de la loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur
La présente loi a pour objet de renforcer les actions pour prévenir et pour combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur et de contribuer à favoriser un milieu de vie sain et sécuritaire pour les étudiants et les membres du personnel. À cette fin, elle prévoit notamment la mise en œuvre de moyens de prévention, de sensibilisation, de responsabilisation, d’accompagnement et d’aide aux personnes.
Ruba Ghazal a d’ailleurs assuré qu’il existe présentement une omerta
dans les écoles, ce qui décourage les jeunes à utiliser les lois actuelles et à dénoncer les agresseurs, notamment à l’école Massey Vanier High School de Cowansville, où six élèves affirment avoir été victimes d’inconduite et d’agressions sexuelles de la part d’un autre élève.
Ça fait quelques années que ça dure, tout le monde le sait et ça fait un an et demi que les parents et les élèves dénoncent la situation à la direction de l’école, au personnel, à la psychologue. Le président de la commission scolaire [...] est au courant. Et rien ne se faisait!
Mme Ghazal a ajouté à cela l’exemple du Collège Stanislas, à Montréal, où un enseignant fait face à 15 chefs d’accusation de nature sexuelle. Ces crimes auraient été commis sur sept jeunes de 2019 à 2022.
Tout se sait, il y a une omerta, les gens ont peur. [...] Quand je parle de ça au ministre, il jette ça dans la cour du protecteur national de l’élève, qui est en fonction, mais pas tout à fait : [il] va entrer en fonction à partir de septembre.
Le protecteur national de l'élève ne peut pas être le seul responsable de prendre les plaintes et de procéder à toute la procédure de dénonciation
, a ajouté Mme Perry-Mélançon.
Il faut une loi pour protéger les gens et que les gens soient redevables. Et en ce moment, c’est ce que le ministre Drainville refuse
, a pour sa part conclu Ruba Ghazal.
Le ministre Bernard Drainville a quant à lui refusé la demande d'entrevue de l'équipe de l’émission Les faits d’abord.