Des médecins de famille de la Saskatchewan critiquent le budget provincial

Le ministre de la Santé de la Saskatchewan, Paul Merriman, s'adresse aux médias après la présentation du budget, mercredi. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Heywood Yu
Des médecins de famille de la Saskatchewan sont d'avis que le budget provincial, présenté mercredi, ne contient pas les changements nécessaires pour les encourager à continuer de pratiquer dans la province.
Le président de l'Association médicale de la Saskatchewan, John Gjevre, explique que le gouvernement n'en fait pas assez pour réformer le système de santé et permettre ainsi à plus de résidents de la province d'avoir accès à un médecin de famille.
Des médecins de la Saskatchewan militent notamment pour une méthode de rémunération différente et pour un système de soin organisé autour d'équipes dirigées par des médecins, entre autres pour alléger le fardeau administratif sur ces derniers.
Il salue le financement additionnel en santé, mais explique qu'il est frustrant de voir les autres provinces faire des changements qu'il espérait voir en Saskatchewan. Plusieurs médecins changent de province à cause des coûts élevés pour pratiquer ici.
« Notre inquiétude, c'est que nous prenons du retard sur les autres provinces. »
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Par exemple, la Nouvelle-Écosse envisage d'offrir une prime aux médecins, s’ils voient à ce que leurs patients reçoivent leurs soins en temps opportun.
De son côté, la Colombie-Britannique offre désormais un modèle de rémunération plus flexible à ses médecins, puisqu'elle leur permet notamment d'être payés en fonction de la gravité des problèmes médicaux de leurs patients.
Le Collège des médecins et des chirurgiens de la Saskatchewan a d'ailleurs appelé le gouvernement de la Saskatchewan à modifier le mode de rémunération des médecins de la province, notant que la Colombie-Britannique est particulièrement attirante pour les jeunes diplômés.
Le médecin de famille Adam Ogieglo, de Saskatoon, souligne que certains de ses collègues envisagent de quitter la province. Changer de province n'est pas facile, mais [les initiatives des autres provinces] ont remis l'option de déménager sur la table
, explique-t-il.
Il note que plusieurs médecins se demandent comment interpréter les actions du gouvernement de la Saskatchewan et s'ils sont entendus
par la province.
Des changements réclamés
En réponse aux questions de l'opposition néo-démocrate, jeudi, le ministre de la Santé de la Saskatchewan, Paul Merriman, a répondu que le gouvernement est en discussion avec l'Association médicale de la Saskatchewan à propos de potentiels changements.
La province envisage de dépenser 431 millions $ de plus lors de la prochaine année d'imposition, en se concentrant notamment sur le recrutement de personnel. Le budget 2023-2034 réserve 500 000 $ pour une stratégie de soins primaires et 1,3 million $ pour un programme de soutien aux médecins.
John Gjevre souligne pour sa part qu'environ 200 000 personnes n'ont pas accès à un médecin de famille en Saskatchewan et que plusieurs médecins voudraient être payés à l'heure au lieu d'être payés à l'acte.
Selon eux, le système actuel les amène à voir de nombreux patients chaque jour, mais à passer peu de temps avec chacun d'entre eux.
Nous ne sommes pas rémunérés pour le temps que nous passons avec chaque patient, alors que c'est ce que nous devrions faire. Nous voulons pouvoir gérer les cas complexes de façon appropriée
, lance quant à lui Adam Ogieglo.
John Gjevre qualifie le système de rémunération à l'acte de désuet et d'inadéquat pour combler les besoins des patients, notant que la médecine de famille est la base d'un système de santé solide
.
C'est vrai que [les changements] demandent du temps, mais en attendant, nous devons stabiliser la situation pour nos médecins de famille qui sont en Saskatchewan en ce moment.