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Couverture cellulaire en régions : « C’est comme si on n’existait pas! »

Une affiche sur une route marquée Saint-Hilaire-de-Dorset à l'entrée du village.

La municipalité de Saint-Hilaire-de-Dorset dans Beauce-Sud compte une centaine de résidents.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Des résidents de Saint-Hilaire-de-Dorset en Beauce en ont assez de leur couverture cellulaire qu’ils jugent défaillante, voire quasi inexistante. Ils réclament des changements. Et ils ne sont pas les seuls.

On est oublié, perdu, c’est comme si on n’existait pas. Pour eux, nous, on n’est pas là, lance la mairesse de Saint-Hilaire-de-Dorset, assise dans son fauteuil de la salle du conseil.

Réunie avec des citoyens de la municipalité, Francine Fournier réclame de l’aide des gouvernements depuis bon nombre d’années pour améliorer la couverture cellulaire, notre sécurité est en jeu.

Une femme avec son manteau d'hiver noir à l'extérieur.

La mairesse de Saint-Hilaire-de-Dorset Francine Fournier est saisonnière au Camping des Îles, l'un des endroits de la municipalité où la couverture cellulaire est quasi inexistante.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

« Présentement, on n’a pas assez d’ondes pour avoir des premiers répondants actifs. »

— Une citation de  Francine Fournier, mairesse de Saint-Hilaire-de-Dorset

Sans réponse cellulaire pour une urgence, c’est les municipalités voisines qui seraient obligées de nous desservir, ça n’a pu de sens, lance la mairesse élue en 2021. Inquiétude supplémentaire : aucun ambulancier n’est en poste la nuit dans la municipalité voisine de La Guadeloupe qui dessert le territoire.

Des citoyens inquiets

Michel Lindsay reste en face de l’hôtel de ville. Cellulaire à la main, il montre la force de son réseau en s’éloignant de sa maison. Ce n’est pas fort, quelques pas à gauche, à droite, et sa danse l’amène à ce constat : Il n’y a plus rien. Il est pourtant toujours dans son stationnement. Une situation qui persiste même s’il s’est installé une antenne sur son toit.

Un homme habillé en camouflage avec une femme qui tient un enfant dans ses bras.

Corrine Paré a donné naissance au petit Liam à l'automne. «Tout s'est bien passé, mais j'avais un stress», se rappelle-t-elle en référence aux ondes cellulaires déficientes autour de sa maison. Sur la photo, elle est accompagnée de son conjoint Samuel Bellavance.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

De l’autre côté de la rue, même constat. On essaie de faire des appels wi-fi et encore là, on a des problèmes aussitôt qu’on débarque de nos balcons. Un accident à l’extérieur, on fait pitié, note Corinne Paré, son petit Liam, 5 mois, dans les bras. Son conjoint Samuel Bellavance renchérit : En tant que chasseur dans le bois, pas de réseau, tu as un malaise, comment veux-tu appeler les urgences?

« En 2023, le cellulaire, c’est comme l’électricité qu’on voulait en 1940. »

— Une citation de  Céline Bilodeau, résidente de Saint-Hilaire-de-Dorset depuis 55 ans

Céline Bilodeau pense aussi aux travailleurs acéricoles et aux forestiers qui se trouvent au milieu de la forêt. Mon mari, quand il travaille dans le bois, sur notre terrain , s’il lui arrive un accident, il n’est pas capable de me rejoindre à la maison et on est seulement à un mille.

Un homme devant la ville de Saint-Georges.

La couverture cellulaire déficiente dans le secteur entre Saint-Victor et Saint-Georges aurait pu coûter la vie à Serge Plante. Les ambulanciers qui étaient venus à son secours avaient besoin d'un «avis médical, mais il n'y avait pas de réseau», explique-t-il.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Frôler la mort

Le 21 septembre 2021, Serge Plante et des amis sortent des quais du Lac Fortin à Saint-Victor. On s’est fait piquer par des guêpes, 10 minutes après, j’ai perdu mes fonctions vitales, explique-t-il.

Ses amis appellent le 911, mais c’est par la suite que ça se gâte. Les ambulanciers doivent partager des données médicales et faire un appel pour obtenir du soutien, mais il n’y a pas de réseau. J’ai été chanceux [avoir eu les informations plus tôt], j’aurais eu l’EpiPen tout de suite. Depuis ce jour, le natif de Saint-Victor se bat pour une meilleure connectivité cellulaire dans la région.

Une antenne de téléphonie cellulaire

Serge Plante souhaite voir plus de tours de cellulaire dans la région. En entrevue, il mentionne avoir contacté deux entreprises de télécommunications présentes dans la région. Ces derniers lui ont mentionné «qu’il y avait assez de couverture cellulaire», se rappelle-t-il.

Photo : Radio-Canada / Philippe Moulier

Cartographier le Québec

Dans le budget de la semaine dernière, Québec alloue 75 millions de dollars dans les deux prochaines années pour déployer des initiatives dans la couverture cellulaire.

Un appel d'offres avait été lancé en octobre dernier pour cartographier l’ensemble du territoire québécois. C’est la firme KPMG qui a remporté le mandat, et le travail est commencé afin d’identifier les trous de couverture. Le ministère du Conseil exécutif ajoute que les premiers projets cellulaires devraient débuter au cours de l’automne.

De son côté, la Fédération québécoise des municipalités mentionne avoir obtenu un engagement de Québec pour régler le problème de couverture cellulaire d’ici 2026, en plus d’installer la 5G pour tout le territoire québécois d’ici 2030.

« C’est un enjeu important de sécurité, les gens ont leur cellulaire maintenant, ils ont lâché les lignes à la maison. »

— Une citation de  Jonathan Bolduc, maire de Saint-Victor et préfet de la MRC Beauce-Centre

Les trois MRC de la Beauce ont déjà fait du travail en amont. On a proactivement noté les zones de notre territoire où la couverture est plus défaillante et on les a fait parvenir au bureau du député , affirme Jonathan Bolduc au sujet de la MRC Beauce-Centre, dont il est préfet. Pour lui, la sécurité ce n’est pas une option.

Le député Lehoux, debout avec un document à la main, s'adresse à la Chambre.

Richard Lehoux, député conservateur de Beauce, durant la période de questions à la Chambre des communes le 26 avril 2021.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Une priorité pour le député fédéral

Le député conservateur de la Beauce Richard Lehoux fait de la couverture cellulaire déficiente dans sa région sa priorité pour les prochains mois. Les gens de la Beauce ne sont pas des citoyens de seconde classe, mentionne-t-il assis dans son bureau de Sainte-Marie.

« Sur les 40 municipalités de mon territoire, il y a des ruptures de services dans presque la totalité. »

— Une citation de  Richard Lehoux, député conservateur de la Beauce

Pour lui, c'est une question de sécurité publique et il compte talonner le gouvernement Trudeau sur ce point. Le CRTC a un rôle majeur à jouer dans tout ça [...] pour forcer les grandes compagnies à injecter plus d’argent dans le développement cellulaire dans les régions partout, en Beauce, au Québec, au Canada. Il a une enveloppe [budgétaire] qui lui est dédiée, lance le député

Une route pavé qui se termine au loin dans une forêt dense.

La rue principale de Saint-Hilaire-de-Dorset avec une vue sur l'Estrie au loin.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

L’ancien agriculteur pense aussi à la robotisation des fermes et aux données sensibles transférées dans les cellulaires. Tu as beau avoir des robots sur l’entreprise, mais s’ils ne sont pas capables de te communiquer quand ils sont en défectuosité, il y a un problème majeur.

Une tour cellulaire à Saint-Hilaire-de-Dorset? Un mirage pour le moment. La technologie n'est pas à point pour nous, il faut que ça arrive, on n'en a besoin, lance la mairesse. Réalistes, des résidents se demandent combien de temps ils devront encore attendre. Pour le moment, la réponse ne se trouve pas à l’horizon.

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