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Les chalets à louer restent chers, mais une éclaircie se dessine à l’horizon

Après avoir connu un boom spectaculaire pendant la pandémie, la demande est en baisse et les propriétaires doivent jouer des coudes pour attirer des clients, parfois refroidis par les prix élevés.

Un chalet sur le bord d'un lac.

Le marché est encore favorable pour les propriétaires de chalets locatifs, selon certains.

Photo : getty images/istockphoto / jimfeng

Depuis le mois de janvier, Isabelle Ménard cherche un havre de paix. Elle veut louer un chalet l'été prochain, pendant une semaine, dans le sud du Québec. Mais ses recherches ne se passent pas comme prévu.

Cette éducatrice en garderie s’irrite de voir une multitude d'offres pour de gros chalets, très luxueux, à des prix exorbitants.

Un chalet modeste, pour deux personnes, ferait son bonheur. Sa seule exigence est d’être au bord d’un lac où il est possible de pêcher.

« Cette année, ça a explosé. Je n'ai rien trouvé en bas de 3000 $ à 3500 $ pour la semaine. »

— Une citation de  Isabelle Ménard

Habituée à scruter le marché, elle consulte régulièrement différents sites de locations et les réseaux sociaux, mais rien ne lui donne satisfaction. C’est exagérément cher, lâche-t-elle, frustrée.

En 2019, elle avait loué un chalet pour une semaine à moins de 1200 $, avec de nombreuses inclusions, dont kayak et chaloupe. L'an passé, elle avait trouvé une location un peu plus chère, mais avait dû apporter sa chaloupe.

Isabelle Ménard est éducatrice en milieu familial à Granby.

Isabelle Ménard hésite à louer un chalet l'été prochain à cause des prix élevés.

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

Le chalet ou les tropiques?

Elle se laisse encore quelques semaines de réflexion avant de changer ses plans. Et pourquoi pas retourner dans le Sud?

Elle a fait ses calculs. Une semaine au chalet s’élèverait à plus de 4000 $. Avec son mari, ils reviennent d’un voyage au Mexique, tout inclus, qui leur a coûté moins de 3000 $ pour deux.

Ce n’est pas une question de capacité de payer, dit-elle, mais de principe.

Selon un bilan du site RSVPchalets, entre 2016 et 2021, le prix de location des chalets a augmenté en moyenne de 25 % en basse saison et de 30 % en haute saison.

Le site n'a pas publié de données pour 2022, mais il est fort possible que les prix de location aient suivi le cours de la vente de chalets.

Selon la franchise immobilière Royal LePage, le montant des transactions concernant les propriétés récréatives a augmenté de 24,5 % en 2021 et de 16,1 % en 2022. Selon ses projections, le prix moyen des chalets pourrait baisser de 8 % d'ici la fin de l'année.

Marie-Hélène Triquet, propriétaire de quatre chalets locatifs.

Marie-Hélène Triquet consacre plus de temps à faire la promotion de ses chalets sur les réseaux sociaux.

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

Taux d’occupation en baisse de 15 %

Avec le retour des voyages à l'étranger, la baisse de popularité du télétravail et l'inflation galopante, les propriétaires de chalets sentent maintenant le vent tourner.

C'est le cas de Marie-Hélène Triquet qui est dans le domaine depuis 10 ans. Elle possède quatre chalets, dont trois en location à court terme, dans Lanaudière et dans les Laurentides.

Elle a connu deux années très lucratives, où ses chalets affichaient complet la plupart du temps. Il y a avait même parfois de la surenchère.

Depuis quelques mois, elle observe un retour à la normale. Ses locations sont occupées les fins de semaine, pendant les périodes de vacances et les jours fériés, mais de façon beaucoup plus sporadique en semaine.

Les clients ont changé leurs habitudes et la concurrence est aussi beaucoup plus forte.

C'est que l'offre a augmenté de plus de 40 % depuis cinq ans, souligne Anthony Dionne, président de Maisons et Chalets à louer, une agence qui gère près de 200 propriétés.

Ces nouvelles offres concernent en majorité des logements de taille moyenne (4 à 8 personnes) et très bien équipés. Or, sans surprise, dit-il, l'offre a tellement augmenté que la demande a de la misère à suivre à certains endroits.

Selon son estimation, le taux d'occupation a baissé de 15 % dans les derniers mois, surtout pour les locations en semaine. Dans tous les cas, les clients réservent davantage à la dernière minute et pour des séjours plus courts.

Des propriétaires se plaignent de la baisse d'achalandage dans leurs logements locatifs (mars 2023).

Discussions sur les réseaux sociaux entre propriétaires qui peinent à trouver des clients pour leurs logements locatifs.

Photo : Source: Facebook

Forte concurrence entre les propriétaires

Pour se démarquer face à une concurrence en croissance, Marie-Hélène Triquet a investi ces dernières années dans des petits plus, comme des saunas, un spa, des activités pour enfants ou des tables de billard.

Depuis peu, elle est obligée d'avoir une stratégie de promotion plus agressive sur les réseaux sociaux et n'hésite pas à offrir des rabais, par exemple des arrivées hâtives, des départs tardifs ou une troisième nuit gratuite.

« Il faut jouer du coude, il faut se démarquer. »

— Une citation de  Marie-Hélène Triquet, propriétaire de quatre chalets locatifs

Malgré ses efforts, elle dit ne pas avoir augmenté ses prix depuis 2019, son objectif étant plutôt de conserver un fort taux d'occupation.

Pas de panique en la demeure donc, mais elle observe que ce n'est pas le cas pour tout le monde dans le milieu. Cette professionnelle de la santé se trouve chanceuse, parce qu’elle a investi avant le boom immobilier.

Pour ceux qui ont acheté à prix fort durant la COVID, je vois déjà des mises en vente, beaucoup de rabais et, sur les groupes sociaux, beaucoup de gens découragés, raconte-t-elle.

Des propriétaires avouent en coulisses être sous pression. Il faut dire que les charges ont beaucoup augmenté : l'électricité, les taxes, les frais de ménage, les travaux d'entretien et, bien sûr, les taux d'intérêt.

Si on a acheté durant la pandémie à taux variable, les marges sont beaucoup plus minces qu'il y a deux ans, reconnaît Anthony Dionne, mais je crois encore que c'est toujours un investissement super lucratif.

Anthony Dionne, président de l'agence Maison et chalets à louer

Anthony Dionne estime que le marché est encore favorable pour les propriétaires de chalets locatifs

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

Dans ce contexte, selon lui, les investisseurs n’ont pas le choix d’être un peu plus agressifs à certains moments sur les prix.

Isabelle Ménard ne désespère pas de trouver la perle rare, mais a l’impression que certains propriétaires profitent d’un marché qui leur est favorable.

Peut-être que les gens vont se tanner de payer 3000 $ ou 4000 $ pour un chalet, puis plus personne ne voudra les louer. C’est dommage, je pense qu'il y a un juste milieu, conclut-elle.

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