•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La visite en France du roi Charles III reportée en raison des manifestations

Des gendarmes français au milieu des gaz lacrymogènes.

Des gendarmes français au milieu des gaz lacrymogènes lors d'affrontements avec des manifestants, jeudi, à Nantes.

Photo : Reuters / STEPHANE MAHE

Agence France-Presse

La visite en grande pompe du couple royal britannique en France a été reportée in extremis, victime collatérale des manifestations et violences qui secouent le pays après l'adoption d'une réforme controversée sur le recul de l'âge de la retraite.

Le roi Charles III aurait dû se rendre en France de dimanche à mercredi.

Nous ne serions pas sérieux [...] à proposer à Sa Majesté le roi et à la reine consort de venir faire une visite d'État au milieu des manifestations , a expliqué vendredi le président français Emmanuel Macron depuis Bruxelles.

Nous avons proposé qu'au début de l'été, en fonction de nos agendas respectifs, nous puissions ensemble caler une nouvelle visite d'État du monarque britannique, a-t-il expliqué.

La décision a été prise après un échange téléphonique entre le président de la République et le roi ce matin, afin de pouvoir accueillir Sa Majesté le roi Charles III dans des conditions qui correspondent à notre relation d'amitié, a écrit la présidence française.

Portrait du roi Charles III.

Le roi Charles III

Photo : Getty Images

Leurs Majestés se réjouissent de l'opportunité de se rendre en France dès que des dates pourront être trouvées , a précisé Buckingham Palace. Alors que la journée de mobilisation de jeudi contre la réforme, qui prévoit notamment le recul de l'âge de la retraite de 62 à 64 ans, a été émaillée de nombreux heurts, M. Macron a affirmé, toujours à Bruxelles, que l'exécutif ne cèderait rien à la violence . Face aux violences, que je distingue des manifestations, nous continuerons à avoir la plus grande fermeté , a-t-il souligné. Pour le reste, nous continuons d'avancer, le pays le mérite , a-t-il dit. La France ne peut pas être à l'arrêt. Nous avons des tas de défis . La Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, s'est alarmée vendredi d'un usage excessif de la force envers les manifestants, appelant la France à respecter le droit de manifester. Les actes de violence sporadiques de certains manifestants ou d'autres actes répréhensibles commis par d'autres personnes au cours d'une manifestation ne sauraient justifier l'usage excessif de la force par les agents de l'État. Ces actes ne suffisent pas non plus à priver les manifestants pacifiques de la jouissance du droit à la liberté de réunion , a-t-elle estimé. Face à la répression du mouvement social , le groupe de la gauche radicale LFI à l'Assemblée nationale a invité de son côté un représentant des Nations Unies à se rendre en France, et a promis de rendre un rapport au comité des droits de l'Homme.

La violence, qui n'avait jusqu'ici été que sporadique, a également fait une entrée en scène spectaculaire dans le jeu entre le gouvernement et les syndicats.

Porte de la mairie de Bordeaux (sud-ouest) incendiée, scènes de chaos dénoncées par la maire de Rennes (ouest), canons à eau à Lille (nord) et Toulouse (sud-ouest), manifestante avec un pouce arraché à Rouen (nord-ouest), commissariat pris pour cible à Lorient (ouest): les violences sont montées d'un cran presque partout jeudi, lors de la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux.

Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, devant la porte brûlée de l'hôtel de ville de Bordeaux, le 24 mars 2023, au lendemain de son incendie par des manifestants lors d'un rassemblement contre la réforme des retraites.

Photo : Getty Images / ROMAIN PERROCHEAU

À Paris, des heurts ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges sauvages. À rebours d'un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.

Feux de poubelle, sirènes et gyrophares ont strié une nuit où des grappes de manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre.

Le recours au 49.3, article de la Constitution française dégainé par le gouvernement pour faire passer en force à l'Assemblée sa réforme des retraites, et l'intervention mercredi du président Emmanuel Macron ont attisé les ardeurs des opposants, selon les détracteurs de la réforme. Le gouvernement reste inflexible concernant sa réforme. Emmanuel Macron, qui était jeudi à Bruxelles pour un sommet européen, avait la veille défendu bec et ongles une réforme nécessaire pour les finances publiques, assumant son impopularité.

Il s'est dit en revanche à disposition de l'intersyndicale pour avancer sur les conditions de travail ou de rémunération des salariés. Le secrétaire général du syndicat modéré CFDT, Laurent Berger, avait proposé plus tôt que le gouvernement mette sur pause la réforme et ouvre une négociation plus globale avec les syndicats. Tout le monde est inquiet ce matin parce qu'il y a eu des violences qui sont inacceptables (...), il faut calmer le jeu maintenant, avant qu'il y ait un drame , avait plaidé le dirigeant syndical. Jeudi, plus de 450 personnes ont été interpellées et 441 policiers et gendarmes blessés, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en dénonçant la violence de casseurs souvent venus de l'extrême gauche .

Manifestation à Dijon, dans l'est de la France, le 23 mars 2023.

Une manifestation, une semaine après que le gouvernement a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote.

Photo : Getty Images / ARNAUD FINISTRE

Forte de la mobilisation, l'intersyndicale a annoncé une nouvelle journée de mobilisation mardi, soulignant la détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme . La direction générale de l'Aviation civile a d'ores et déjà demandé aux compagnies aériennes d'annuler 20 % de leurs vols à Paris-Orly, Marseille, Toulouse et Bordeaux mardi et mercredi. Pour les syndicats, les manifestations, grèves et débrayages sont une réponse à l'entêtement incompréhensible du président et la responsabilité de la situation explosive incombe au gouvernement. Il faut que tout le monde appelle au calme , a commenté la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui appartient à la majorité présidentielle.

On sent qu'il y a un élan extrêmement fort de la population, une opinion publique qui est largement convaincue et donc voilà, tant qu'il y a un calendrier qui nous permet d'agir, on est mobilisés, a commenté Marylise Léon, numéro deux du syndicat CFDT.

Les syndicats ont donné à nouveau rendez-vous mardi aux manifestants et grévistes, et des rassemblements de proximité sont prévus ce week-end.

Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, a appelé à mettre le pays à l'arrêt, et le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, à jeter toutes les forces dans la bataille.

Pour la cheffe de l'extrême droite, Marine Le Pen, finaliste malheureuse de la dernière présidentielle, Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple.

Dans le monde, la situation en France suscitait de nombreux commentaires.

Retraites: la France brûle , s'alarmait vendredi le quotidien italien Il Messaggero, tandis que le journal espagnol El Pais titrait: « La rage prend le dessus dans la rue en France ».

Ironie de la situation : l'Iran, dont le gouvernement use d'une répression terrible, a appelé vendredi la France à éviter la violence et à écouter les manifestants.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...